« Regardons la vérité en face : l’Irak n’existe plus, la Syrie non plus. Le Liban est presque défait, la Libye probablement aussi. (…) La région va rester en état d’instabilité pour les vingt, trente prochaines années. Je ne sais pas où nous allons. Mais je pense qu’une politique visant à ressusciter ces pays ne marchera pas. »

Interview de Michael Hayden (Général de l’armée de l’air, ancien patron de la CIA et de la NSA) pour Le Figaro

Des propos qui ont l’effet d’une sacrée claque. Qu’ils soient insignifiants pour certains ou alarmants pour d’autres, ils n’ont pas été proférés par n’importe qui, mais par un acteur considérable des SR et de la sécurité américaine. Ils font curieusement écho à l’annonce de 2006 du nouveau Moyen Orient, qui n’a pas été suffisamment prise au sérieux alors, mais que le temps est en train de confirmer progressivement.

Cet ex patron de la CIA avait martelé un peu plus tôt, en 2013, que l’effondrement de la Syrie va changer la géographie du Moyen-Orient, et que les états voisins, à savoir le Liban, la Jordanie et l’Irak en seraient ainsi affectés et leur existence serait très fortement menacée. Ce qui vient corroborer son récent discours. Bref, le Liban serait presque défait, ce qui n’est pas sans rappeler une bien singulière situation ayant profondément marqué les derniers mois au Liban. Le pays des cèdres au cours de l’année 2015, a été témoin d’une campagne menée par le ministre de la Santé Wael Abou  Faour pour une meilleure sécurité alimentaire. Durant cette prospection unique en son genre jusque-là au Liban, des tonnes et des tonnes de produits alimentaires périmés en tous genres ont été découverts et détruits, et les responsables (en principe) sanctionnés.

Après l’extinction de cette campagne médiatique houleuse, et à la lumière des déclarations du militaire américain, il est temps de faire une campagne pour une meilleure sécurité existentielle.  Pourquoi ne pas revoir, en chiffres, certaines dates d’expirations fondamentales dans ce pays, que l’on a oublié depuis belle lurette, à un tel point que l’odeur de pourriture est devenu le parfum national, voire même plutôt aussi imperceptible que l’air local :

Dates d’expirations libanaises ©Libnanews.com

En somme, aucune sonnette d’alarme provenant d’une figure politique, d’une faction, d’une coalition, d’une communauté, d’une association ou même d’individu, n’a été prise en considération, malgré la masse substantielle de mouton de Panurge qui suivent l’un ou l’autre. Le pays continue son avancée vers sa ruine, au sein d’une léthargie collective ponctuée d’une hémorragie migratoire amplifiée.

Un seul cas de figure pourrait être salutaire, pour empêcher que le pays ne soit anéanti et contredire les prédications du général Hayden : une épuration spécifique d’une classe politique pourrie ayant toujours fonctionné selon des agendas étrangers, faisant fi des intérêts nationaux et privilégiant en premier lieu ses intérêts économiques ensuite communautaires.
Cette épuration se ferait par une descente à la rue de la majorité silencieuse, épaulée par les Libanais de la diaspora – ceux qui ne sont pas les cobayes de la désinformation. La majorité silencieuse qui en a marre des 14 de la planète mars, du parti orange mécanique, des fous de dieu de Tripoli et de Dahié en passant par Akkar et Nabatié, de tous les partis à la sauce chrétienne, druze, sunnite, chiite et pseudo-gauchistes dont les chefs de files sont ceux qui ont fait la sanglante guerre civile et qui continuent à prospérer durant la guerre froide qui perdure.
Une manifestation soutenue et protégée par les militaires libanais, ceux qui enfreignent les commandements politiques pourris pour préserver le pays, les mêmes qui ont fait fi des lignes rouges de Nahr el Bared, les mêmes qui ont permis à la foule de 2005 de briser leur cordon de sécurité pour marquer une journée nationale faussement prometteuse et orpheline.
Réveillez-vous avant qu’une nouvelle « prophétie» d’un pays six fois centenaire n’ait le dessus sur un pays six fois millénaire…
Même si cette épuration suivie d’un sursaut national relèveraient de l’impossible, mais quand on aime sa patrie, on continue à croire aux miracles, malgré tout…

Par Marie-Josée Rizkallah

Marie Josée Rizkallah
Marie-Josée Rizkallah est une artiste libanaise originaire de Deir-el-Qamar. Versée dans le domaine de l’écriture depuis l’enfance, elle est l’auteur de trois recueils de poèmes et possède des écrits dans plusieurs ouvrages collectifs ainsi que dans la presse nationale et internationale. Écrivain bénévole sur le média citoyen Libnanews depuis 2006, dont elle est également cofondatrice, profondément engagée dans la sauvegarde du patrimoine libanais et dans la promotion de l'identité et de l’héritage culturel du Liban, elle a fondé l'association I.C.H.T.A.R. (Identité.Culture.Histoire.Traditions.Arts.Racines) pour le Patrimoine Libanais dont elle est actuellement présidente. Elle défend également des causes nationales qui lui touchent au cœur, loin des équations politiques étriquées. Marie-Josée est également artiste peintre et iconographe de profession, et donne des cours et des conférences sur l'Histoire et la Théologie de l'Icône ainsi que l'Expression artistique. Pour plus de détails, visitez son site: mariejoseerizkallah.com son blog: mjliban.wordpress.com et la page FB d'ICHTAR : https://www.facebook.com/I.C.H.T.A.R.lb/

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