Alors qu’hier le Premier Ministre Hassan Diab avait indiqué qu’il comptait présenter un projet de loi concernant la dissolution du Parlement, le Président de la Chambre aurait réagi en appelant à une réunion de l’assemblée libanaise, ce lundi au Palais de l’UNESCO pour demander la démission du cabinet Diab.

Ainsi, si le parlement décide de faire démissionner le gouvernement, il se pourrait que le projet d’organiser des élections législatives anticipés d’ici 2 mois ne puisse pas se faire.

Pour rappel également, plusieurs ministres et ainsi que plusieurs députés ont demandé d’une part, à démissionner depuis l’explosion, le 4 août dernier aux environs de 18h06, heure locale, respectivement du gouvernement et du parlement.

La démission d’abord du ministre de l’environnement Demianos Kattar puis de la ministre de l’information Manal Abdel Samad et du Ministre de l’économie Raoul Nehmé fragilisent l’équipe Diab. Des efforts seraient en cours pour dissuader Demianos Kattar et Raoul Nehmé de quitter le gouvernement jusqu’à que soit prise la décision de dissoudre le parlement.

Les démissions du bloc parlementaire Kataëb, de la député Paula Yacoubian, de l’ancien ministre Marwan Hamadé ont été confirmées, alors que le député Neemat Frem qui avait précédemment annoncé sa démission depuis le perron du siège patriarcal de Baabda a indiqué plutôt suspendre sa présence du parlement jusqu’à ce qu’il puisse être dissolu.

Aussi, le dirigeant des Forces Libanaises Samir Geagea a indiqué souhaiter rassemblé suffisamment de signatures pour obtenir la démission du parlement.

Ainsi, le président de la chambre des députés Nabih Berri qui reste pour l’heure silencieux sur ces manoeuvres visant à dissoudre la chambre a ordonné une session ouverte du parlement “pour griller le gouvernement sur “le grand crime qui a affecté la capitale et le peuple”, pour reprendre ses termes et ainsi lui faire endosser la responsabilité des évènements.

Des sources proches du gouvernement répliquent et désignent le dirigeant de la chambre à l’origines des différents obstacles posés à l’action gouvernementale ces derniers, rappelant l’épisode d’abord de son refus à faire appel au FMI, puis à son refus de voir les comptes de la Banque du Liban être audités – une demande soutenue par la communauté internationale et qui pourrait amener à découvrir de nombreuses anomalies et l’implication d’hommes politiques libanais dans de nombreuses malversations comme le soulignait implicitement Emmanuel Macron lors de sa visite au Liban au lendemain du drame du port de Beyrouth – enfin à son refus d’accepter un audit juricomptable mené par un cabinet spécialisé, Kroll, pour faire appel à un cabinet dont la réputation n’est pas convaincante.

Pour l’heure, le ministère de la santé indique que 158 personnes sont décédées, plus de 60 personnes toujours portées disparues et plus de 6 000 personnes ont été blessées selon un bilan toujours provisoire dans l’explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une grande partie de la capitale libanaise.

La piste d’une explosion accidentelle de 2750 tonnes de nitrates d’ammonium saisis en 2014 à bord d’un navire poubelle, le Rhosus battant pavillon moldave, est pour le moment privilégiée par les autorités libanaises. Cette explosion équivaudrait à celle de 600 tonnes de TNT ou encore à un tremblement de terre de 3.3 sur l’échelle de Richter.
Elle aurait ainsi causé un cratère de 210 mètres de long sur 43 mètres de profondeur, indique le dimanche 9 août une source sécuritaire citant les propos d’experts français présents sur place.