Alors que le Liban entre dans son 42ème jour de manifestation, un appel à une manifestation de masse se fait entendre à Tripoli où des incidents graves ont eu lieu hier soir. Pour rappel, de graves incidents ont eu lieu à Bikfaya dans le Metn et à Tripoli au Nord du Liban durant la nuit.

À Bikfaya, au moins une personne aurait été blessée dans un clash entre partisans du CPL scandant le mot “Puma”, allusion à une affaire de vente – durant la guerre civile libanaise – d’hélicoptères à l’Armée Libanaise qui devaient être de fabrication françaises et qui étaient originaires en réalité de Roumanie dans laquelle l’ancien Président de la République, Amine Gemayel, originaire de cette localité, avait été accusé durant les années 1980 et 1990 avant d’être jugé non coupable dans les années 2000 et partisans du Parti Kataëb de l’ancien chef d’état.

À Tripoli, une succursale de la Banque Med, considérée comme proche du Premier Ministre sortant Saad Hariri, a été incendiée et des incidents ont eu lieu entre Armée Libanaise et Manifestants quand ces derniers souhaitaient s’en prendre à une permanence du Courant Patriotique Libre (CPL). Les Forces de Sécurité ont dû faire usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule.

La désignation du Premier Ministre pourrait encore se faire attendre

Alors que des consultations parlementaire obligatoires devaient initialement débuter ce jeudi, elles pourraient être retardées par la présence de parlementaires du Bloc présidentiel Liban Fort en déplacement à l’étranger, indique le quotidien saoudien Asharq al-Awsat.

Le même quotidien indique que le prochain gouvernement pourrait être constitué de 20 membres dont seulement 4 hommes politiques.

Pour l’heure, Samir Khatib semble être le favori pour succéder à Saad Hariri qui, hier, avait annoncé le retrait de sa candidature.

Nabih Berri: non à un gouvernement exclusivement technocrate

Le Président de la Chambre, Nabih Berri a, une nouvelle fois, réitéré son refus de voir se constituer un gouvernement composé uniquement de personnalités technocratiques, note le quotidien arabophone libanais al-Joumhouria.

Nous devons former un gouvernement polito-technocratique. Un cabinet purement technocrate est hors de question.
(…)
En général, nous soutenons un gouvernement composé de technocrates et de politiciens. Peu importe si le nombre de politiciens est supérieur ou inférieur au nombre de technocrates, il est essentiel que le gouvernement soit formé pour procéder au sauvetage du pays

Cette demande a ce que soit constituée un gouvernement exclusivement technocratique est une exigence des manifestants qui dénoncent depuis la nuit du 17 au 18 octobre, la classe politique dans son ensemble, accusée d’être corrompue et d’avoir mené le Liban à la quasi-faillite, avec un taux d’endettement public à hauteur de 150% du PIB.

Pour de nombreux manifestants, le Président de la Chambre est un des symboles de cette classe politique issue de la guerre civile de 1975 à 1990 durant laquelle il dirigeait – jusqu’à aujourd’hui – le mouvement Amal. Ils l’accusent également d’avoir détourné une partie des fonds destinés au Conseil du Sud.

Les Forces de Sécurité accusées d’un usage excessif de la force par des experts de l’ONU

Les forces de sécurité libanaises auraient eu recours à «une force excessive et ne seraient pas parvenues à protéger de manière adéquate les manifestants contre les attaques violentes de tiers», en dépit du caractère extrêmement pacifique des manifestations du mois dernier à travers le pays, ont déclaré des experts des droits de l’homme de l’ONU, qui rappellent qu’en vertu du droit international, l’État est responsable de la protection des manifestants pacifiques et de la mise en place d’un environnement sûr et favorable permettant aux personnes d’exercer leur liberté d’expression et de réunion pacifique.

Ces experts notent toujours que “bien que la réaction globale des forces de sécurité semble avoir été largement proportionnée et responsable, les mesures prises par les autorités soulèvent plusieurs sujets de préoccupation”.

Ces derniers dénoncent donc l’usage des balles réelles, des balles en caoutchouc et de grandes quantités de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Ils rappellent également que les Forces de Sécurité ont fait usage de matraques lors des arrestations et que des cas de maltraitance auraient été constaté dans les postes de police.

Les forces de sécurité ne seraient pas intervenues pour protéger les manifestants pacifiques ou arrêter les responsables à au moins six reprises à Beyrouth, Bint Jbeil, Nabatieh et Tyr alors en prise avec des sympathisants du mouvement Amal et Hezbollah.

Aussi, la presse aurait été également victimes d’abus. Les journalistes ont été empêchées par de filmer les actions des forces de sécurité, arrêtés ou ont vu leur matériel être confisqués.

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