Le ministre de la justice Henry Khoury a proposé la constitution d’un comité conjoint composé de juges et de banquiers pour trouver une issue aux procédures juridiques lancées contre les banques et leurs dirigeants, a annoncé hier le conseil des ministres Mikati III.

Le retrait des 4 principaux dirigeants du pouvoir judiciaire dont celui du président de la haute cour de justice, le juge Souhail Abboud, du procureur général de la république, le juge Ghassan Oweidat, du procureur financier, Ali Ibrahim et du président de l’inspection judiciaire, Berkan Saad aurait été évoqué par le ministre du tourisme en dépit du déni du gouvernement qui tente de mettre fin à la fronde de l’appareil judiciaire qui était auparavant au service du pouvoir politique. Ces ingérences judiciaires ont été notamment dénoncées par les familles des victimes de l’explosion du port de Beyrouth, les déposants mais également par la communauté internationale et pourrait amener à compliquer les négociations à venir avec le FMI concernant les réformes à mener pour l’obtention de l’aide économique internationale face à la crise que traverse le pays des cèdres.

Le gouvernement tente ainsi d’immuniser les banques par rapport aussi aux conséquences juridiques locales des procédures lancées à l’étranger par les déposants dans le cadre d’un contrôle informel des capitaux – plusieurs banques ayant été condamnées en France ou en Grande Bretagne à libérer les sommes – ou encore dans le cadre de l’affaire Riad Salamé.

En effet, cette information intervient alors que les banques libanaises menacent de prendre des mesures de représailles à l’encontre des déposants, après que 14 banques et leurs dirigeants de celles-ci sont également nommés dans la procédure dite Forry Associates. Un certains d’entre eux ont déjà fait l’objet d’une demande du gel de leurs actifs et biens avec interdiction à se rendre à l’étranger. Il s’agit notamment du cas du président de l’ABL lui-même et Pdg de la Bank of Beirut, Salim Sfeir et de ceux de la Banque Audi Samir Hanna, de la SGBL Antoun Sehnaoui propriétaire aussi d’un nouveau site d’information francophone entre autre, de Saad Azhari pour la Blom Bank et de l’ancienne ministre de l’intérieur Raya Hassan, dirigeante de la Bank Med dont la famille de l’ancien premier ministre Rafic Hariri est le principal actionnaire.  

Si pour l’heure, les établissements bancaires ont ainsi rouvert leurs portes, le premier ministre Najib Mikati, par ailleurs lui-même actionnaire d’une des principales banques du pays, aurait promis à l’ABL de tenter à remédier aux plaintes dont ils font l’objet. Les banques libanaises estiment que l’interdiction et les affaires qui les visent pourraient amener à la clôture des comptes de leurs banques auprès de leurs correspondants à l’étranger et induire un effondrement du secteur dans sa totalité. Cependant, les observateurs notent que les banques correspondantes aux banques libanaises ont déjà réduit les lignes de crédit qui leur était auparavant attribuées considérant celles-ci déjà en état de défaut de paiement sélectif depuis la mise en place d’un contrôle informel des capitaux en novembre 2019, comme le soulignent les rapports des agences de notation à l’époque. 

Un commentaire?