La «charia» est une création des « foukaha », donc une législation faite par des hommes selon leurs propres interprétations du Coran à un moment donné ! Par conséquent, il est un avis religieux sujet à critique, à une autre interprétation, à un autre avis ! Le Prophète, en son temps, expliquait et interprétait les versets au fur et à mesure de leurs révélations, aux croyants – dont les proches « sahabis » – qui étaient majoritairement analphabètes.

Durant la vie du prophète, il s’agissait de «religion», mais après sa mort, il est question d’avis religieux sujet à la critique au fil des siècles !   

La catastrophe des musulmans, surtout chez les sunnites, est d’avoir installé des «hommes religieux» qui se sont imposés, à force d’influence, comme détenant l’interprétation incontestable ou sujette à critique, au point de la sacraliser «religion» en lieu et place du Coran. Pourtant le Prophète lui-même ne se considérait pas comme un personnage sacré suivant le Coran qui précise : «Dis : Je ne suis qu’un mortel semblable à vous.»

En fait, tout s’est joué durant les trois premiers siècles (H) (dits el qouroun el moufadhala) avec ses ’’chouyoukh’’ novateurs pour leur époque ; après, ils ne sont plus que des «traditionalistes» (el mouqalidine) qui ne font que rabâcher et suivre les anciens sans aucune innovation même onze siècles après. 

Toutes les tentatives d’interprétation novatrice depuis environ 150 ans – avec surtout Mohamed Abdou qui y affirme «le rôle de la raison comme guide de la vraie foi » et son contemporain Jamal Al-Dîn Al-Afghani en passant par Mohammed Rachid Rida et Ali Abderraziq etc – sont restés dérisoires, du fait d’une forte opposition des «gardiens du Temple», au point où il disait que «… Si quelqu’un essayait d’éduquer la nation égyptienne sans la religion, c’est comme si un fermier essayait de planter une graine dans un sol non fertile … ses efforts seraient vains».

Nous sommes au 21ème siècle, soit 14 siècles plus tard, et c’est les mêmes interprétations et avis !
Les trois premiers siècles ont vu différentes interprétations et avis devenus «écoles» (madhahib) souvent complémentaires et antagonistes. 

Jusqu’à nos jours, on accepte et adopte ces antagonismes (voire contradiction avec le Coran) comme une richesse ! Même notre langage est altéré ! On anobli de «radhia allaou ânhou» aussi bien le «sahabi» tueur de «sahabi» que sa victime «sahabi»….par exemple !

Nous sommes, aujourd’hui, devant deux «islam» celui du Coran assez négligé et celui des hadiths (majoritairement «faibles» voire faux), que l’on a fait confondre avec la sunna, qui est imposé à force de propagande et de falsification allant jusqu’à sacraliser la violence ; comme ce concept de Califat inventé (après la mort du Prophète) que nos islamo-salafo-wahabites s’échinent à réinstaurer comme mode de gouvernance essentiel pour les musulmans !

Le Prophète prophétisait l’Islam du Coran dans ses principes, ses objectifs présents et futurs pour les êtres humains ; après sa mort (en incluant les 4 premiers califes), c’est l’Islam des «hadiths» qui s’oblige avec toutes ses contradictions et conflits.

Pourtant, le Prophète avait interdit de transcrire ses paroles….prédisant, certainement, la «confusion» générale dans laquelle nous sommes aujourd’hui face à l’évolution de l’être sur le plan moral,  libertés, scientifiques et techniques! Est-il pensable ou raisonnable que l’on puisse calquer les faits, gestes et pensées des sociétés bédouines (de la péninsule arabique) du 6ème siècle sur celles du monde du 21ème siècle ? Ce serait nier, alors, l’universalité du Coran précisé par ce verset : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertisseur pour toute l’humanité » ! (Coran)

De nouveaux courants commencent à émerger, se réclamant du «tanwir», avec des moyens bien plus puissants (intellectuellement et médiatiquement) que leurs prédécesseurs. Leurs interprétations des versets doit s’appuyer sur 4 piliers : leurs contextes « intérieur et extérieur », leurs destinations, la langue et les conditions sociales. 

Réussiront- ils dans cette tâche pédagogique colossale pleine d’embûches ?

Amar DJERRAD 

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