L’État se développe et se ramifie à travers les strates de la société en prenant en charge les délégations de pouvoir qu’il s’attribue ou  que le peuple ou des groupes sociaux ou économiques lui confient.

Ainsi en est-il de l’exercice de la violence légitime.

Ces délégations répondent à des exigences légitimes ou nécessaires et sont corrélatives à des évolutions économiques, sociales, transformations des mentalités. C’est ce qui leur permet de s’inscrire dans la durée et d’être reconnues et intériorisées, même par ceux qui y étaient hostiles au moment de leur adoption.

Il arrive régulièrement que les mentalités changent et entrent progressivement en contradiction avec l’exercice de la délégation de l’État sur une pratique ou un sujet particuliers. Se crée alors une contradiction entre la société et l’État, qui finit par s’exprimer dans des mouvements sociaux et par aboutir à la nécessité de changer la délégation de pouvoir, de façon pacifique ou heurtée, avec des gradations diverses et variées.

La violence parentale a longtemps été légitime et considérée comme partie intégrante de l’éducation des enfants. Cette violence s’est atténuée au fil des dernières décennies pour faire place à une autorité légitime et librement consentie, parce que justement reconnue et méritée. Le parent aujourd’hui doit gagner la confiance de ses enfants et les reconnaître dans leur sensibilité, leur opinion et leur capacité à réfléchir et participer à l’équilibre familial.

Aux quelques récalcitrants qui voudraient encore user du bâton ou de la fessée, l’État se donne les moyens pour éduquer, à travers ses institutions et les services et associations, parents comme enfants de respecter et faire respecter ces règles du mieux vivre ensemble au sein de la structure familiale. Ou de rappel à l’ordre.

Mais une telle pratique, une fois ancrée au sein de la société, appelle aussi une évolution de la pratique de l’État dans cet exercice de la violence. Celui-ci doit alors nécessairement adapter sa pratique à celle de la société et, en particulier, de la cellule familiale et réussir à créer une véritable osmose entre les deux, au risque d’aller vers un rejet total de l’un par l’autre.

C’est exactement ce qu’a dit le boxeur au père Fouettard.

Nous ne reconnaissons plus cette violence parce que vous ne l’utilisez pas de façon légitime ; elle ne s’est pas atténuée à notre égard ; pire, elle n’a pas laissé place à l’autorité légitime, reconnue. La force publique est là pour nous protéger, nous accompagner pour éviter de dériver vers des violences ou débordements non souhaités. Vous nous traitez comme des ennemis, vous cherchez à nous piéger pour mieux nous réprimer et nous briser. Nous sommes donc en droit de nous soulever et nous défendre de la même manière qu’un enfant battu, harcelé, piégé par un parent pour mieux l’opprimer. C’est, en l’occurrence, le message subliminal ou symbolique du Boxeur.

Même lorsque l’on n’a pas le droit de se faire justice soit même, la justice, lors d’un procès, acquitte aujourd’hui l’enfant qui finit par user de la violence contre ce parent.

Il appartient à l’État de faire correspondre cet exercice de la violence à la réalité des mentalités d’aujourd’hui. Pour cela, il lui appartient, pour commencer, de libérer Christophe Taittinger en attendant son procès, de faire preuve d’indulgence extrême lors de celui-ci et d’annuler toutes les procédures judiciaires en cours contre les gilets jaunes.

Il lui appartient à l’avenir d’encadrer les manifestations et rassemblements pour éviter, sinon contenir les violences, et protéger les manifestants. C’est ce que le peuple français attend de son État.

Scandre Hachem

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