Dans une tribune récemment publiée sur un site numérique francophone de propagande et souvent de désinformation touchant à l’économie, Riad Obégi, PDG d’une banque, pose un problème qui, à mon avis, n’existe pas. Ce site est la propriété de l’un de ses collègues banquiers au Liban, mais ne crions pas au loup trop tôt. Au bénéfice du doute, on pourrait croire qu’il communique en son nom propre et non comme représentant les intérêts de sa banque et du reste de l’ABL, l’Association des Banques du Liban. En outre, c’est son droit comme celui de quiconque de s’exprimer, serait-ce de la manière la plus abjecte ; telle est en effet la liberté d’expression, que garantie la démocratie que nous défendons et respectons. Mais de quoi s’agit-il ? Il propose non sans vigueur et en toute simplicité l’idée de la vente d’une grande partie de l’or détenu par l’État Libanais !

Vendre l’or, rien d’autre que cela !

Face au déplorable silence des journalistes et des économistes courtisans, je me trouve dans l’obligation de formuler dans cet article une réponse brève mais adéquate aux allégations nauséabondes et surtout dangereuses proférées par Riad Obégi. Il est utile de retenir, que si la tribune n’était pas signée par un banquier de surplus diplômé en économie, on aurait pu facilement croire qu’il a été écrit par Madame Michu, à voir au long des paragraphes les nombreuses incohérences et inexactitudes. Me voilà donc en train d’écrire par devoir national, par patriotisme et pour la défense des intérêts stratégiques et pour la souveraineté du Liban, comme je l’ai fait maintes fois auparavant, quand il s’est agi de défendre les frontières maritimes et les propriétés et actifs de l’État libanais. Je le fais maintenant pour défendre avec les mêmes force et vigueur la réserve stratégique de l’or.

Ma réponse se fera en trois parties : sur les plans théorique, pratique et moral.

Obégi commence sa tribune en citant Keynes, sans doute voulant donner un aspect scientifique à une proposition empoisonnée. Il le fait d’une manière anachronique et hors contexte, car si John Maynard Keynes a utilisé une formule relative à l’or, il l’a fait en se référant au Gold standard, c’est-à-dire à l’étalon-or. Nous ne sommes toutefois plus du tout dans ce schéma depuis le 15 août 1971. En conséquence l’utilisation d’une citation certes, d’un grand économiste du 20esiècle mais hors contexte, ne fait que desservir le projet mercantile de Riad Obégi 

Faut-il rappeler, qu’avant de présenter une quelconque solution, il eût fallu commencer par poser le problème et bien le définir. Non seulement la prétendue solution est avancée trop tôt, mais encore elle l’est de mauvaise manière. Au lieu de proposer la vente de l’or, pourquoi donc, Riad Obégi, ne partez-vous pas à la recherche des milliards de dollars volés – légalement ou non ! – depuis plus de 40 ans par les politiciens et les banques ? L’impunité a détruit le pays, ainsi que tant d’actes qui ont porté atteinte à sa souveraineté.

Tout le monde, et même déjà un enfant en bas âge au Liban, sait que la priorité est de lancer la restructuration de l’État, impliquant l’avènement des réformes et la fin du déficit budgétaire. Rien n’est plus urgent et certainement pas de se demander que faire de l’or ! Les citoyens libanais attendent depuis des années l’audit général de l’État, en commençant par le forensic audit de la Banque du Liban, des banques privées, des ministères, des différents conseils et caisses, et en terminant par l’ensemble des responsables dits PEP, Politically Exposed Persons, depuis 40 ans. Ne voulez-vous pas apprendre où se situent les pertes de la Banque du Liban ainsi que des banques privées et de l’État ? Ne voulez-vous pas connaître qui sont les corrompus et les pourris qui ont volé l’argent public ? Ne voulez-vous pas comprendre par quel processus l’État libanais s’est autant endetté ? Ne voulez-vous pas que soit révélée toute la vérité ou au moins une partie de celle-ci ? Ne craignez-vous pas que les liquidités résultant de toute vente ou transaction soient dilapidées comme les 100 milliards de dollars qui se sont évaporés ? Je vous l’accorde, il est plus simple de proposer de fausses solutions comme vous le faites si brillamment, plutôt que de se casser la tête à connaître le pourquoi des choses, les raisons de notre désordre, voire de nommément désigner les responsables qui nous ont conduits à la situation économique actuelle !

Sans faire les réformes nécessaires à la restructuration et la transparence financière, toute utilisation de n’importe quelles sortes d’actifs et biens de l’État libanais est abusive et ne sert strictement à rien, tant que les trous financiers ne sont pas bouchés. Je vous suggère de combattre la corruption, plutôt que vous border à poser un faux problème, qui plus est dans un timing inadéquat. Dans un contexte économique global, dans lequel des banques internationales ayant des dépôts en milliers de milliards sont au bord du gouffre et ont été obligées de déposer le bilan à moins d’être achetées par d’autres banques, comme le Crédit Suisse ou à moindre échelle le Silicon Valley Bank, ne vous-êtes pas posé la question de savoir comment il se fait, que les dizaines de banques libanaises soit disant sans liquidités n’ont pas déposé le bilan ? Il serait plus judicieux de vous occuper de vos affaires, c’est-à-dire de la santé financière de votre banque voire de tout le secteur bancaire, qui est devenu une honte aux Libanais et la risée du monde entier, avant de vous préoccuper de la réserve stratégique de l’or, pierre angulaire de notre souveraineté économique !

Vous prétendez d’une manière sournoise et fourbe, que l’or n’a pas accompli son devoir de stabiliser la monnaie nationale, sans vous rendre compte que si l’or n’existait pas, le dollar aurait valu 100 millions de livres libanaises et non 100 milles. L’or, en effet, a bel et bien accompli sa fonction de freinage de l’hyper dévaluation de la livre libanaise. En revanche, la dévaluation de la livre à affaire avec la mauvaise gestion de l’État, avec la mauvaise gestion budgétaire des ministres des finances qui se sont succédé depuis 40 ans, avec la perpétuation d’un déficit budgétaire au lieu d’un retour à l’équilibre par une restructuration administrative, fiscale de l’État. À vous lire, vous semblez reprocher au Liban sa position dominante dans la détention d’or par rapport au PIB en comparaison avec différents pays. Faut-il nécessairement que le Liban soit le dernier de la classe ? Faut-il, pour vous, le dépouiller, afin qu’il soit le dernier jusque dans sa réserve stratégique de l’or ? Vous évoquez que le Liban détient 287 tonnes alors que le tiers se trouve aux États-Unis d’Amérique. Vous auriez dû le savoir, la vente de l’or n’est pas une simple question financière ni de rendement. C’est une question de confiance. Sans cette confiance, indispensable à tout bon rapport en économie, la crise sera durable. Est-ce vraiment cela, que vous souhaitez !

Sur le plan pratique maintenant, pourquoi vouloir vendre de l’or, si les plus-values potentielles de l’or sont annuellement très importantes et dépassent le taux d’intérêt américain ? En 1971, l’once d’or valait 33 dollars ; en 2023 elle vaut quelque 2000 dollars. Je vous laisse calculer le rendement moyen annuel depuis 1971 jusqu’à 2023 avec la formule du coupon zéro (intérêt composé). Ce rendement[1] annuel moyen se révèle être supérieur à 8%, alors que le taux de rendement annuel de la plus grande puissance au monde avec le meilleur rating AAA, ne dépasse pas 5%. 

Pourquoi plaider en faveur d’un prêt à l’Égypte ? Vous êtes censé savoir, que les agences de notation  internationale, telles Fitch ou Moody’s, ont noté la dette égyptienne dans les niveaux de risque élevé, par exemple pour Fitch en Negative Outlook, avec une dégradation en février 2023 passant de B2 à B3. Inutile d’en dire davantage sur la solvabilité de l’Égypte ni sur sa situation économique actuelle, ainsi que sur la dévaluation rapide de la monnaie locale. Prêter de l’argent à un État presque insolvable, auquel plus personne ne veut prêter, semble vous plaire et vous complaire. Telles sont vos précieux conseils en vue d’une sortie de crise !!!

Savez-vous qu’en prêtant à la première puissance économique au monde, à savoir les États-Unis d’Amérique, qui a une prime notation dont la plus récente par Fitch est le triple AAA avec une perspective stable, vous avez un rendement de 4,86 % sur les T-bills, et si tel est le cas, pourquoi voulez-vous prêter à un pays qui se trouve sur la voie de default of payment ?

Si votre tribune a pour but de saisir l’occasion de vous enrichir davantage et d’appauvrir en conséquence le pays, je peux essayer de comprendre la convoitise. Il m’est en revanche difficile de comprendre la médiocrité de votre raisonnement. La proposition de vente est un abus dans toute sa splendeur ! En l’absence d’État et de loi, chacun fait ce qu’il veut et propose ce qui arrange ses intérêts autant que son clan.

Les banques libanaises ont conduit le pays tout entier à sa chute, en prêtant à la Banque du Liban sans aucune étude de risques de liquidité en dollars et de solvabilité en dollars. Elles n’ont pas regardé la solvabilité de l’État libanais et n’ont pas évalué le cash-flow de l’État. Personne d’entre vous n’a vu le déficit budgétaire se creuser, comme personne n’a su correctement évaluer le risque et ses conséquences sur l’endettement en l’absence de réformes proposées, ce qui a d’ailleurs conduit à l’hyperinflation actuelle. Faut-il admettre aujourd’hui, que vous avez en vue la vente de la réserve stratégique de l’or depuis des décennies ? N’avez-vous pas obtenu suffisamment en profitant des 42% donnés en échange des bons du trésor libanais, d’une manière excessive et immorale à l’époque de Rafic Hariri ? Cette affaire, a fait l’effet d’une bombe atomique financière, car l’État libanais a été obligé de payer 42% par an à tous les détendeurs de bons du trésor, ce qui a entraîné un déficit budgétaire auparavant inconnu dans l’histoire du Liban ! Cette manœuvre et ses conséquences ont cumulée 20 milliards de dollars de dette en quelques années, due à cette opération. Une telle arnaque sans équivalent peut occuper la plus haute marche sur le podium des plus grands délits d’initiés au monde ! Le vol de l’État a été commis durant des années à travers le rendement excessif de ce produit financier qui assure le blanchiment de l’argent[2]. Vous avez tout fait à l’envers et non seulement cela, mais aussi ce qui ne doit pas se faire vous l’avez fait en accord avec les politiciens et la Banque du Liban, sans dire un seul mot face à ce crime. On comprend très bien, que l’intérêt des banques est de remplacer les pertes sèches subies par la détention de la dette libanaise par la réduction de la valeur des dépôts des clients remboursée en monnaie dévaluée donc de singe.

N’avez-vous pas profité des largesses de la Banque du Liban, en ayant recours à des ingénieries financières, qui n’ont d’ingénieux que la paupérisation du peuple libanais ! Vous avez prêté, poussé par l’appât d’un gain rapide et des intérêts élevés des swaps, appelées ingénieries financières, gagnant ainsi du 5% au détriment de tout le monde. Quel argent avez-vous utilisé dans ces swaps et dans l’achat des bons du trésor de l’État libanais ? Avez-vous étudié les risques ? N’était-ce pas de l’argent confié par les déposants ? Peut-on faire confiance à des banques, qui au printemps 2021 ont vendu et/ou échangé une grande partie des bons du trésors à des fonds d’investissements britanniques et américains, pour affaiblir davantage la position du Liban dans toute négociation à venir ?

La réserve stratégique de l’or n’est pas la réponse à un problème créé par la mauvaise gestion des politiciens et des banquiers. L’or est et restera une des contreparties de la masse monétaire, comme les crédits à l’économie et les réserves de change. Nous ne pouvons en aucun cas dilapider cette réserve comme vous le proposez. Contrairement à ce que vous insinuez l’or n’est pas une épargne déposée à la Banque du Liban et ne sera jamais une épargne. Faut-il qu’un docteur en histoire comme moi, explique à un banquier, docteur en économie, le b. a.-ba de l’économie et de la finance ! Faut-il croire que vous détestez le Liban, au point de vouloir le détruire et l’anéantir par la vente de son or, participant encore plus au mécanisme de dévalution de la monnaie libanaise ?

Enfin, sur le point de vue de l’éthique, il est évident de tout ce qui vient d’être exposé et élaboré que votre proposition est inqualifiable dans les circonstances actuelles que le Liban traverse, c’est-à-dire déficit budgétaire, non restructuration de l’État, non restructuration des banques, non restructuration de la Banque du Liban. Cela provient de l’éviction de toute réforme par les politiciens libanais et les banquiers d’un commun accord. Toutes choses qui participent à orienter le pays vers une chute inexorable.

L’éthique implique nécessairement l’existence de la transparence financière et l’acceptation d’un audit, c’est un triple devoir envers vos clients, envers votre patrie et envers la loi. Accepteriez-vous donc d’être transparent, en permettant la réalisation d’un audit externe et indépendant qui se fera sur la totalité consolidée de votre banque au Liban ainsi que vos comptes personnels et professionnels à l’étranger ? Car qui nous dit, que vous n’avez pas vendu les bons du trésor et les eurobonds détenus par votre banque avant la crise, en virant l’argent à l’étranger ? Vous avez constitué une trésorerie, qui échappe à tout contrôle tout en prétendant que vous n’avez pas la liquidité suffisante pour rembourser les clients. Un audit externe et indépendant ne permettrait-il pas de voir la réalité exacte et effective de vos pertes ? Vous ne voulez pas assumez vos fautes graves et répétées résultant d’une absence d’analyse du risque de solvabilité de l’État libanais ? Si tel est le cas, vous en êtes directement responsable devant vos clients et vos déposants, qui vous ont fait confiance pour la gestion de leur argent sans vous en donner mandat. 

Votre timing d’autre part est mauvais, car tant que les réformes ne sont pas effectuées avec le contrôle financier, aucune proposition n’a lieu d’être. Votre évaluation du risque est inconsidérée, personne ne voulant prêter à des États en quasi-faillite. Enfin, votre rendement est nul par rapport au risque encouru ou pris. Vous êtes inefficient dans votre proposition en termes de risque et de rendement. Tout ce qu’on demande aux banquiers en ce moment grave de l’histoire du Liban, est de respecter la douleur et les souffrances du peuple libanais, qu’en connivence avec la Banque du Liban et les politiciens vous avez méprisé et dépouillé de ses avoirs. Eu égard aux temps difficiles, que les libanais traversent comme un chemin de croix, et face aux manques de priorités de votre solution, on ne vous demande qu’un seul acte éthique et civique à faire : VOUS TAIRE !

On n’a jamais vu un pays en faillite prêter à un autre pays en faillite, alors que lui-même est en besoin de financement. Votre proposition ne saurait que perturber nos relations avec le Fonds Monétaire International, lequel ne s’attend certes pas à nous voir liquider des actifs pour les prêter à d’autres pays. De cette manière vous coupez la route à tout accord avec le FMI. À moins que vous ne vouliez utiliser l’or pour financer les dépôts en dollars existants théoriquement dans vos cahiers. Dans le but de renflouer vos caisses et rembourser vos clients. Nous savons bien que près de 1% des comptes contrôlent 90% des dépôts existants, et donc si je comprends bien, la vente de l’or irait à cette poignée d’individus PEP, de sociétés et de multinationales. Alors, une vente de l’or qui appartient au peuple libanais dilapidé pour le seul intérêt de ces quelques happy few ?…

À vous lire évoquant vieillards, retraités ou incapables dans la misère, j’ai cru un instant tenir entre les mains une lettre de Mère Teresa, qui a consacré sa vie aux plus démunis. Erreur ! Puisque j’ai là Riad Obégi et ses collègues banquiers, qui en accord avec la Banque du Liban et les politiciens, n’acceptent de payer que 10% de la valeur des dépôts à leurs clients, les rendant effectivement misérables ! Vous êtes à l’origine du problème et de la misère ainsi créée. Voilà ce qui est criminel, voilà le crime organisé, voilà la quintessence de la mafia politique et économique.

Finalement, si votre timing est mauvais, votre risque est inconsidéré et votre rendement est nul par rapport aux risques. Quel genre de finance pratiquez-vous donc ? Celle qui détruit les peuples et anéantit la Nation libanaise à laquelle nous sommes attachés, tout cela dans quel but s’enrichir davantage ? La question adéquate n’est pas que faire de l’or du Liban, mais plutôt que faire des gens comme vous qui n’ont ni scrupule ni éthique !

J’aurai pu, à la limite, comprendre de votre part une suggestion de prêter à intérêt l’or à des institutions solvables via des mécanismes de compensation, qui garantissent le remboursement du prêt et permettent à l’État de générer des intérêts supplémentaires en plus de la plus-value moyenne dépassant 8 % par an. Par exemple vous auriez pu proposer ce type de prêt pour la quantité d’or appartenant au Liban, qui se trouve aux États-Unis d’Amérique depuis des décennies, mais ne nous rapportent rien du tout ! À comprendre que le tiers de l’or,  c’est-à-dire 96 tonnes évaluées de nos jours à plus de 6.2 milliards de dollars, peut générer un minimum annuel de 3% d’intérêt. Si contrat de prêt était fait, cela équivaudrait à obtenir 182 millions de dollars d’intérêts annuels. Pourquoi vous n’avez pas pensé à cela ? Ce qui aurait fait en 35 ans une somme de 6.4 milliards de dollars, somme que nous n’avons pas encaissée à cause de la passivité de nos dirigeants et leur incompétence.

J’aurais pu aussi comprendre un souhait de gérer, par trading dynamique de couverture, les cycles des prix sur l’or par des traders professionnels spécialisés en matières premières, dans la gestion du cycle des prix de l’or court, moyen ou long terme, afin de générer des plus-values via le mouvement du marché. Ces plus-values peuvent produire un rendement supérieur et en outre couvrir les pertes éventuelles, dans les périodes creuses de baisse de prix, et venir compenser la perte de la valeur du stock d’or existant à la Banque du Liban. Mais non, vous n’avez fait aucune de ces suggestions judicieuses et vous avez préféré vendre l’or, et ensuite prêter l’argent de la vente à des organisations risquées, qui ne garantissent en rien son remboursement. N’est-ce pas là une stupidité ?

Je suis extrêmement étonné et même sidéré, qu’un PDG de banque aussi instruit que vous l’êtes, n’arrive pas à se rendre compte combien sont pernicieuses les priorités exposées dans ses suggestions de solutions. Qu’il ne s’engage pas non plus à évaluer ses propres erreurs, afin de les corriger, démarche nécessaire avant de déterminer une quelconque solution.   L’hypocrisie que vous incarnez si bien, consiste à faire croire qu’un intérêt privé est un intérêt général. L’or, de cette manière, et avec lui tous les actifs de l’État, pétrole et gaz inclus, deviennent des bénéfices privés au détriment de l’intérêt général, dus aux trafics cauteleux de banquiers et de politiciens libanais. En fin de compte, votre proposition est à intérêt personnel qui ne reflète pas l’intérêt national et surtout qui manque de maturité financière et stratégique.

L’Empire Ottoman a, durant la période des réformes, embrassé la modernité et montré son pouvoir économique avec la création de la Banque impériale ottomane à Constantinople en 1856. C’est précisément Beyrouth, devenue par la suite place financière, qui fut choisie parmi les autres villes de l’Empire pour être l’une des premières à accueillir une succursale de cette banque dans les provinces, quelle grande fierté pour les Libanais ! Désormais, il faudra attendre des dizaines d’années, peut être deux générations, pour qu’un quelconque investisseur international puisse prêter de l’argent à l’État libanais et à une banque libanaise. Nous voilà passés de la fierté au 19e siècle à la honte au 21e, à cause de vos pratiques irresponsables !

Nous en sommes arrivés là où on nous voit aujourd’hui, après 40 années de gestion catastrophique menée par l’équipe politico-financière de l’État et de la Banque du Liban, les unissant en un mélange de genres. Que reste-t-il à constater, sinon que vous avez, en raison de vos mauvais choix et de votre gestion calamiteuse, tué dans l’œuf toute confiance à venir. À moins que se lèvent sans tarder contre vous des citoyens probes et généreux, prêts à reconstruire le bel édifice dont vous n’avez fait qu’un tas de ruines. J’en appelle à leur bonne volonté !

Oui Riad Obégi, il faut du courage, le courage qui vous fait défaut, le courage de dire et de nommer les hommes et les choses sans détour ni faux-fuyant, le courage d’assumer ses responsabilités, et ce n’est qu’ainsi qu’on peut espérer être un citoyen franc et loyal. Il faut une claire vision de ce qu’est aujourd’hui le Liban et ce qu’il devrait être demain, le pays auquel nous sommes attachés, beaucoup de femmes et d’hommes honnêtes et moi avec eux, notre Liban ! Le Liban n’est pas pour nous une option, il est une obligation, une exigence, un devoir envers les Pères fondateurs et envers les générations à venir devant lequel nous ne saurions nous dérober. Tel en tout cas est mon oxygène, telle est ma raison de vivre et telles sont mes valeurs.

Dr Saïd Chaaya

Historien


[1] Le calcul se fait : (1971 : Present Value 33 USD l’once, 2023 : Future Value 2000 USD l’once). Formule coupon zéro FV=PV (1+i)  puissance nombre d’années. Donc, 2000=33 x (1+i)52.  I=8.21%. Soit 3.21% plus que le taux d’intérêt le plus élevé des US T Bills AAA !

[2] Cf. Saïd Chaaya, Liban : la révolte sans révolution, Philadelphie, Massadir, 2021, page 160.

Un commentaire?

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.