L’arrestation de Riad Salamé, ancien gouverneur de la Banque du Liban (BDL), continue de provoquer de nombreuses réactions et met en lumière des enjeux politiques majeurs. Après avoir été interrogé pendant plus de deux heures par le juge d’instruction Bilal Halawi, un mandat d’arrêt formel a été émis contre lui. Cette décision, qui intervient après une période de détention provisoire, place désormais Salamé sous arrestation formelle pour des accusations de détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment d’argent. L’enquête se poursuit, avec une nouvelle audience prévue pour jeudi prochain, où le juge Halawi prévoit de continuer à interroger Salamé.
Enjeux judiciaires et réaction de la défense
Salamé, qui a dirigé la Banque centrale libanaise pendant trois décennies, fait face à de multiples enquêtes, tant au Liban qu’à l’étranger, notamment en France et en Allemagne. Il est accusé d’avoir détourné plus de 40 millions de dollars dans une affaire distincte de celle en cours. Cependant, il a toujours nié toute implication dans ces scandales, affirmant que sa fortune personnelle provient d’investissements privés antérieurs à ses fonctions à la BDL.
Son avocat, Mark Habka, a annoncé son intention de contester ce mandat d’arrêt, insistant sur le fait que Salamé a toujours coopéré avec la justice. Habka a également dénoncé les critiques médiatiques et politiques, notamment les célébrations publiques de la juge Ghada Aoun, qu’il a qualifiées de non-professionnelles. De plus, Ghada Aoun a suggéré d’interroger Salamé sur d’autres dossiers en cours, élargissant ainsi le champ des enquêtes.
Menaces de révélations et implication potentielle de hauts responsables
Au-delà de sa défense juridique, Salamé a fait savoir qu’il pourrait dévoiler des noms de personnalités impliquées dans ces affaires financières, augmentant la pression sur le milieu politique libanais. Son avocat a déclaré que Salamé se base sur des documents précis et a déjà mentionné des noms lors des sessions d’interrogatoire. Des sources laissent entendre qu’il pourrait évoquer l’implication d’un ancien Premier ministre, bien que son nom n’ait pas encore été révélé.
Réactions politiques : Le Courant Patriotique Libre s’exprime
Le Courant Patriotique Libre (CPL) a rapidement réagi sur les réseaux sociaux, qualifiant l’émission du mandat d’arrêt comme une décision “logique”, étant donné les “violations évidentes” reprochées à Salamé. Le parti s’est engagé à suivre de près le déroulement de l’enquête et à exiger que la lumière soit faite sur le détournement des fonds publics libanais.
Prochaines étapes
Une nouvelle audience est prévue pour jeudi, où Salamé sera de nouveau interrogé par le juge Halawi. L’issue de cette audience déterminera si Salamé pourra être libéré sous caution ou si l’enquête aboutira à de nouvelles révélations impliquant d’autres figures politiques et économiques majeures du Liban. En attendant, Salamé reste détenu et la contestation de son mandat d’arrêt par son équipe juridique devrait être examinée prochainement.
L’affaire Salamé est devenue le symbole des dysfonctionnements systémiques du Liban et de sa crise économique. La possibilité que Salamé dévoile des informations sensibles sur d’autres acteurs politiques majeurs pourrait secouer la scène politique et accélérer les réformes judiciaires attendues depuis longtemps.