La Banque du Liban n’accordera que 60% de l’aide sociale prévue par le gouvernement aux fonctionnaires. Par conséquent, 40% de cette aide devrait être couverte via d’autres moyens de paiement comme des cartes bancaires ou encore des chèques.

Parallèlement à cette décision, l’Association des Banques du Liban (ABL) a indiqué se conformer à cette décision de la banque centrale, induisant de facto que seuls 60% des salaires des fonctionnaires seront versés en cash.

Cette aide, décidée par le gouvernement, est équivalente à un demi-salaire supplémentaire par mois avec un minimum de 1,5 million de livres libanaises et un maximum de 3 millions de livres libanaises et intervient alors que plusieurs mouvements de retraités de la fonction publique manifestent contre les restrictions faites par les banques à leurs accorder la totalité de leurs pensions, alors qu’hier les supermarchés ont annoncé qu’ils exigeront désormais que 50% des factures soient réglées cash et 50% par carte en cas de règlement par carte. L’association des supermarchés indique devoir prendre cette mesure suite à ce que les banques libanaises ne leur accorde pas suffisamment de liquides pour pouvoir payer leurs employés ou encore pouvoir acheter les devises étrangères nécessaires au renouvellement des stocks via le marché noir, les devises étrangères étant généralement indisponibles auprès des banques.

Ces critiques avaient déjà été entendues de la part des hôpitaux privés en juin 2021, les banques refusant d’honorer les chèques qu’ils déposent.

Les retraités des Forces de Sécurité Intérieure notamment ont publié hier un communiqué menaçant les banques locales d’une escalade de leur mouvement. Ils estiment ainsi que le plafond imposé à leur pension sont insuffisantes pour les dépenses quotidiennes alors que la livre libanaise a perdu 92% de sa valeur par rapport au dollar et que 82% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 USD par jour, équivalent à 120 000 LL au taux de la plateforme électronique Sayrafa de la Banque du Liban et de 132 000 LL au marché noir. Pour rappel, le salaire minimum au Liban est de 600 000 LL par mois, équivalent avant la crise à 450 USD et aujourd’hui à 20 USD et le salaire médian était de 1 500 000 LL soit, 1 000 USD, il y a 3 ans et 75 USD aujourd’hui.

Les observateurs notent que cette information intervient alors que la Banque du Liban tente de limiter la masse monétaire existante sur le marché après l’avoir multipliée par 500% au cours des dernières années et que les banques locales voient leurs pertes – qu’ils refusent d’ailleurs de reconnaitre – se creuser en raison de leur refus à procéder à la restructuration du secteur bancaire.

Ainsi les estimations des pertes selon les autorités libanaises seraient passées de 63 milliards de dollars en novembre 2021 à 75 milliards de dollars aujourd’hui contre 83 milliards selon les estimations du gouvernement Diab en mars 2020, estimations considérées comme proches de celles du FMI à l’époque. Ce différentiel serait induit par une méthodologie de calcul différente et basée sur un taux de change différent.

Des sources proches du vice-premier ministre Saadé Chami notent par ailleurs que ce différentiel pourrait voir être subi par les déposants. Le haircut pourrait ainsi atteindre jusqu’à 75% alors que le plan initial du gouvernement Mikati III prévoyait un haircut de 55% au détriment des déposants et à la faveur des actionnaires des banques qui ne seraient touchés qu’à hauteur de 19%. Cette information a cependant été démentie par le premier ministre Najib Mikati lui-même alors que l’ampleur de la décote aurait également été refusée par le FMI.

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