Alors que Simone Veil entre en ce 1er juillet 2018 au Panthéon, il convient également de souligner une chose. Simone Veil était une militante infatigable de la Paix et des valeurs auxquelles elle croyait, au point d’avoir déclaré être troublée par la situation lors de l’invasion israélienne du Liban en 1982 et cela en dépit d’un soutien qui était auparavant indefectible pour l’état hébreu.

Dans une lettre publiée dans la revue Politis de 1988, Simone Veil jugeait ainsi l’invasion israélienne de 1982 comme étant risquée tant estimant devoir garder un devoir de réserve qui lui interdisait de s’exprimer publiquement à ce sujet:
 
Victime elle aussi des horreurs nazi, il est légitime qu’elle se devait d’être en faveur d’un état où la communauté juive serait protégée et maitre de son destin. Mais est-ce l’état hébreu qui existe aujourd’hui dans un état de guerre permanent ou une Nation qui doit exister en Paix notamment avec ses voisins.
Ce dilemme, elle l’avait elle même décrit en 1988 pour une revue de Sciences Politiques
 
“Au lendemain de la guerre des Six Jours, en 1967, après une victoire brillante, rapide et qui survenait après une très grande peur, je me posais de nouvelles questions : Israël était victorieux mais comment allait-il aménager sa victoire ? Saurait-il concilier les exigences de sa sécurité avec le principe du respect du droit des peuples ? C’est en termes personnels et émotifs, encore une fois, que j’ai vécu ce dilemme. Je ne saurai mettre en cause la sécurité d’Israël mais en même temps la reconnaissance de certaines valeurs s’impose. Je vis dans une perpétuelle tension, prise entre le désir de l’objectivité – si nécessaire à Israël – et en même temps la difficulté, n’étant pas israélienne, n’assumant pas les risques des Israéliens d’adopter une approche objective et en quelque sorte désincarnée.
(…)
Pourtant je ne puis cacher qu’en 1982, au lendemain de l’invasion israélienne du Liban, je me suis sentie particulièrement troublée. D’instinct, je jugeais cette aventure risquée – comme beaucoup d’Israéliens – mais il m’était désagréable de m’exprimer ouvertement et en public. Lorsqu’on exerce des responsabilités publiques dans son pays, l’influence que peut exercer ce que l’on dit, ce que l’on exprime, peut aller bien au-delà de ce que l’on a voulu dire, bien au-delà de votre pensée. Aussi me suis-je imposée une grande prudence d’expression. La tentation permanente de la diaspora est de juger Israël. Mais ce que nous disons est perçu différemment par les Israéliens et par le monde extérieur.” 
 
Il est aussi évident aujourd’hui qu’Israël n’offre pas ce choix dans un environnement moyen-oriental instable. Certes, les victoires militaires se succèdent peut-être mais une guerre se gagne avant tout par la Paix et depuis 1948, cela n’a jamais été le cas. Maintenir un état de guerre permanent n’est une victoire mais une défaite.
 
Simone Veil s’interrogeait ainsi également sur la notion de sécurité que doit obtenir l’état hébreu et le libre devenir des peuples de la région. Une question qui demeure jusqu’à présent sur la table et que jusqu’à présent, nul n’a réussi à concilier puisque le processus de Paix s’intitulait “la terre contre la Paix” pour permettre au retour des réfugiés et ainsi le respect du droit des peuples et alors qu’aujourd’hui ce processus est bloqué avec la colonisation ou la question du statut de Jérusalem du fait justement des autorités israéliennes. 
 
Alors Ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville du gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur, en visite au Liban en 1995, Simone Veil a rencontré divers personnalités dont des ministres chiites qui étaient présents au sein de ce gouvernement avec peut-être cette volonté de faire la Paix et de concilier l’inconciliable pour trouver une solution. On ne le saura jamais en fin de compte.

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