Située dans une zone carrefour entre la Méditerranée orientale, l’Asie Mineure, la mer Noire et le golfe persique, la Syrie a été l’objet, pendant plusieurs millénaires, des ambitions d’Empires plus ou moins éphémères.

L’histoire riche et tumultueuse de cet Etat singulier est suffisamment documentée (1), son histoire contemporaine ne rompt pas non plus avec cette convoitise venue de l’extérieur. Mais faisons le point sur le conflit actuel en attendant d’autres développements. 

Quand éclate le printemps arabe, en 2011, des Syriens descendent dans la rue. “Les manifestants n’appellent pas à renverser le gouvernement, mais exigent plus de démocratie, souligne Stefan Winter”, universitaire émérite ayant vécu en Syrie (2).  C’était l’occasion idéale pour certains Etats, en accord avec leurs ambitions géopolitiques, de jeter l’huile sur le feu en agitant le spectre d’une guerre civile.  
Depuis 2011, c’est chose faite et la situation s’est traduite par un conflit sanglant internationalisé et dévastateur tous azimuts duquel le pouvoir légal et ses alliés sont sortis militairement vainqueurs. 
Il est utile pour rappel de lister les belligérants de poids, lesquels par ailleurs se sont presque tous appropriés les aspirations du peuple syrien à plus de justice sociale. 
Officiellement, on trouve deux camps étrangers impliqués dans le conflit syrien : 

Le camp illégal luttant contre le pouvoir. 

A) Des groupes terroristes souvent en mutation et en ramification, clairement désignés par le président Bachar Al Assad : “Qu’ils s’appellent État islamique, Nosra, qu’ils se disent modérés ou bien Casques blancs. Au point de vue national, nous n’avons pas de priorité” (il faut les neutraliser) (3). 

B) Une coalition internationale incluant la Turquie dirigée par les USA qui s’est invitée en Syrie dans le but de lutter contre les groupes terroristes mais dont les vrais objectifs sont sujets à de nombreuses interrogations pertinentes tant ses agissements et ses déclarations sont antinomiques.

C) Les Forces démocratiques syriennes ou FDS. C’est une coalition militaire formée le 10 octobre 2015 pendant la guerre civile syrienne. Active dans le nord de la Syrie, les FDS visent surtout à chasser l’État islamique de la zone. Largement dominées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont des revendications d’autonomie, les FDS regroupent également des rebelles arabes de l’Armée syrienne libre. Pour mémoire les kurdes représentent 10% de la populations. 
Les FDS sont activement soutenues par la coalition internationale menée par les États-Unis qui leur fournit des formateurs, des armes et un appui aérien. 

Le camp du pouvoir. 

A) Des conseillers militaires et troupes russes, 

B) Des conseillers militaires et des volontaires iraniens,   

C) Des  conseillers militaires et combattants du Hezbollah. 

Quels enseignements tirer du conflit ? 

– La tournure des évènements, traduite par une quasi défaite militaire du camp des anti pouvoir, diverses révélations et déclarations d’intention pour le départ du président Assad, prouve que le “conflit” fut fomenté par les USA et leurs alliés, voir sur ce point les e-mails de H. Clinton révélés par Wikileaks (4).    

– L’image politique des pétromonarchies qui ont soutenu les “rebelles” s’est dégradée du fait de la défaite de ces derniers et de leur autre engagement dans la guerre contre le Yémen. 

– Le peuple syrien s’est resserré autour de son chef. 

– L’Iran a consolidé sa stratégie asymétrique dans la région. 

– On découvre que la Russie qui plaide pour un monde multipolaire est revenue au premier plan de par le succès de son engagement auprès de la Syrie. 

– Par une série de blocus économique, la coalition tente d’obtenir ce qu’elle n’a pu obtenir sur le plan militaire. 

– Le pays voisin israélien s’est invité dans le conflit en exigeant le départ de ses ennemis iraniens et du Hezbollah, ce qui est tout à fait compréhensible. 

– Enfin l’Iran et la Russie, pour avoir accompli leurs objectifs, sont les seuls gagnants de cette guerre tant souhaitée par l’administration Obama et pour laquelle le déroulement constitue rétroactivement un cuisant revers.  

Compte tenu de tout ce qui précède, comment revenir à une situation apaisée ? 

Il faut le rappeler, maintenant que les groupes armés et les organisations terroristes ont été vaincus ou considérablement affaiblis, il appartient à la coalition occidentale et à ses alliés régionaux de partir tout en mettant fin à leur assistance à une opposition qui n’existe plus que dans leurs esprits et aux bombardements des infrastructures et des civils syriens. Cette coalition et ses alliés régionaux se servent de l’ONU et n’ont plus aucune espèce de légitimité, aujourd’hui encore plus qu’au début du conflit. Il est vraisemblable qu’en tel cas, la Russie, qui est à la fois partenaire des deux acteurs importants que sont la Syrie et Israël, serait en meilleure position pour négocier le retour du Hezbollah et de l’Iran au bercail dont par ailleurs la présence n’aurait plus lieu d’être. 
A défaut, il faudra s’attendre à une situation qui demeurera longtemps explosive. 


Références

 (1) https://www.lesclesdumoyenorient.com/Syrie.html

(2) https://www.actualites.uqam.ca/2017/guerre-civile-syrie-sources-historiques-conflit-stefan-winter

(3) https://www.google.com/amp/s/www.rtl.fr/actu/international/syrie-qui-sont-les-differents-terroristes-vises-par-bachar-al-assad-7786652570/amp

(4) https://www.voltairenet.org/article193382.html

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