Libnanews port de Beyrouth explosion 13 aout (9 sur 95)

Les autorités libanaises ont chargé une entreprise allemande pour pour éliminer 49 conteneurs de produits chimiques inflammables du port de Beyrouth dévasté le 4 août dernier par une importante explosion, équivalente à plus de 600 tonnes de TNT.

Suite aux travaux de déblaiement de nombreux containers contenant des substances dangereuses ont été trouvées, certains étant sur place depuis plusieurs années sans que les mesures nécessaires soient prises. Il s’agit notamment d’acides stockés en plein air alors que certains responsables par intérim du port de Beyrouth ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet.

Combi Lift, qui est déjà présente sur place depuis le 11 novembre, devrait ainsi transférer les produits incriminés dans des conteneurs spéciaux pour la somme de 3.6 millions de dollars. 2 millions de dollars devraient être assurés par le port lui-même.

Selon le dernier bilan actuel, plus de 200 personnes seraient décédées et plus de 6 500 personnes ont été blessées dans l’explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une grande partie de la capitale libanaise. 300 000 personnes seraient également sans logement des suites de cette explosion.

La piste d’une explosion accidentelle, le 4 août 2020, de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium à l’intérieur d’un entrepôt du port de Beyrouth, saisies en 2014 à bord d’un navire poubelle, le Rhosus battant pavillon moldave, est pour le moment privilégiée par les autorités libanaises. Cette explosion équivaudrait à celle de 600 tonnes de TNT ou encore à un tremblement de terre de 3.3 sur l’échelle de Richter.
Elle aurait ainsi causé un cratère de 110 mètres de long sur 43 mètres de profondeur, indique, le dimanche 9 août, une source sécuritaire citant les propos d’experts français présents sur place.

S’exprimant dans les colonnes du Washington Post dans son édition du 7 septembre, le Procureur de la République, le juge Ghassan Oweidat, a révélé qu’outre les 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, du kérosène, du gazoil, 25 tonnes de feux d’artifices et détonateurs à usage pour les mines se trouvaient également présents dans ce même entrepôt.

La présence de ces produits aurait ainsi pu entretenir le feu et lui permettre d’atteindre les températures permettant l’explosion du nitrate d’ammonium, soulignent certains experts.

Les dégâts seraient estimés entre 10 milliards à 15 milliards de dollars.

Le port de Beyrouth, un espace où la corruption était généralisée

Le refus des les autorités libanaises à la mise en place d’une enquête internationale serait lié à la crainte de voir l’ampleur de la corruption touchant la principale porte du Liban et où seraient impliqués la quasi-totalité des partis politiques libanais, y compris certains qui réclament aujourd’hui cette enquête, notent certaines sources médiatiques, sous le couvert d’une autorité temporaire de gestion du port de Beyrouth dont les nominations se faisaient selon des lignes sectaires officiellement.

Mis quasiment en cause en raison de sa proximité par rapport à l’ancien directeur du port de Beyrouth Hassan Koraytem en place depuis plus de 20 ans, Saad Hariri dément aujourd’hui tout lien direct avec ce dernier.

Une culture généralisée de la corruption

Sur place, les opérateurs notent que le transit des marchandises donne souvent lieu à un racket. Ainsi, pour pouvoir sortir des marchandises du port de Beyrouth, d’importants dessous de table doivent être fréquemment payés.

D’autres notent que certaines cargaisons ne sont pas vérifiées. Des marchandises sont également sous-facturées afin de ne pas payer les taxes pourtant dûs à un état en crise financière.

L’enquête sur les responsables impliqués dans l’explosion

Pour l’heure, 25 personnes seraient actuellement détenues dans le cadre de l’enquête concernant cette explosion. Parmi eux, le directeur du port de Beyrouth, Hassan Koraytem, ainsi que le directeur des services de la douane libanaise Badri Daher, tous 2 mis en examen par le juge d’instruction Fadi Sawwan, en charge de l’enquête.

Au total, plusieurs responsables sécuritaires et du port de Beyrouth ont ainsi été arrêtés.

Certaines sources soulignent que les différents partis politiques libanais s’étaient partagés les revenus du port de Beyrouth , rendant difficile actuellement de connaitre les responsabilités de chacun dans cette explosion.

Plusieurs partis politiques, de la majorité comme de l’opposition, souhaiteraient également conclure de manière rapide l’enquête étant impliqués dans différents trafics qui ont lieu depuis ou vers le port de Beyrouth. Ils souhaiteraient ainsi éviter à ce qu’on puisse découvrir le degré d’implication de chacun et des violations sécuritaires nécessaires à la poursuite de ses trafics. 

Aussi, des responsables sécuritaires avaient prévenu les autorités politiques à plusieurs reprises au cours des dernières années, les autorités judiciaires n’ont pas décidé de la mise en oeuvre des mesures de transfert nécessaires de la cargaison.

Certaines sources proches du dossier soulignent également la responsabilité de plusieurs administrations dans le port de Beyrouth, d’autant que de hauts responsables étaient informés du danger posé par le stockage de manière inadéquate de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis 2014.

Si le rapport du FBI n’a pas pu conclure sur l’origine de l’explosion et évoque une piste à priori accidentelle sur base des informations fournies par les autorités libanaises, le Liban reste dans l’attente des résultats des enquêtes parallèles menées par la France et la Grande Bretagne.

Des quantités indéterminées retirées avant l’explosion, indique Badri Daher

Selon le directeur de la douane Badri Daher, cité par des sources proches de l’enquête, une quantité indéterminée de nitrate d’ammonium aurait été retirée avant l’explosion. Aucune information n’est pour l’heure cependant disponible concernant l’identité ou les partis responsables de ces prélèvements.

Un responsable sécuritaire qui avait mis en garde contre la dangerosité de la cargaison à priori assassiné

Par ailleurs, la famille d’un responsable de la douane libanaise accusent certaines parties prenantes d’être impliqué dans son assassinat. Le colonel Joseph Skaff, en charge de la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment d’argent, avait informé dès 2014 les autorités libanaises de la dangerosité de la cargaison de nitrate d’ammonium et en refusait le déchargement dans une lettre transmise à plusieurs responsables locaux le 21 février 2014

Transféré de son poste quelques mois plus tard, 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium seront ainsi déchargés du Rhosus et stockés jusqu’à ce que l’explosion se produise.

Candidat aux élections législatives, le corps de Joseph Skaff sera retrouvé le crâne fracassé à proximité de son domicile. Le rapport légiste officiel qui conclu à une mort accidentelle est remis en cause par une contre-expertise évoquant un acte d’agressif soudain qui a amené à sa chute et donc évoque la piste d’un assassinat.

Newsdesk Libnanews
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