Le député Chamel Roukoz a effectué une conférence de presse ce jeudi 14 mai, appelant à “une révolution contre l’ensemble du système basé sur les quotas, le clientélisme et le sectarisme, et fondé sur les droits des chrétiens et les droits des musulmans”.

Le député a rappelé sa carrière au sein de l’Armée Libanaise, indiquant ne pas faire de distinction entre une région ou une autre, ou encore entre une secte religieuse ou une autre, avant de dénoncer une classe politique accusée d’avoir nourri le désespoir, d’avoir abandonné la population et à les pousser à vivre dans l’exil.

“la lutte contre la corruption est devenue au fil des ans un slogan vide de sens, que nous entendons des dizaines de fois par jour comme une promesse sans en tenir un employé responsable, ni en arrêtant un auteur, ni en récupérant l’argent pillé malgré le grand nombre de pillages, vols et fraudes”.

Le parlementaire s’est ensuite interrogé sur l’ouverture des enquêtes contre la corruption sans que cela puisse être affecté par certaines protections politiques ou sectaires. Il a notamment cité le cas des enquêtes en cours dans le cadre de scandales liés à la compagnie Ogero, au port, à l’Electricité du Liban ou encore au sein du CDR et du conseil du Sud.

Rappelant les manifestations qui ont éclatées le 17 octobre, il accuse la classe politique d’avoir méprisé le peuple, jusqu’à l’effondrement de la livre libanaise, comme ce à quoi s’attendaient déjà les experts en la matière.

Votre argument tient par peur de la guerre civile, votre argument tient par l’appartenance sectaire. À ce jour, nous n’avons pas compris le lien entre l’effusion de sang et la lutte contre la corruption.
Vous en faites une bataille existentielle, comme si nous menions une guerre d’usure contre l’ennemi israélien. Cependant nous avons subi des pertes fatales en nous battant entre nous, nous sommes notre plus grand ennemi.

Abordant la question du secteur bancaire que Chamel Roukoz décrit “comme une arène pour humilier les libanais” qui font également face à un contrôle des capitaux, le député estime qu’il y a de nombreuses violations du code de la monnaie de la part de la Banque du Liban, dépeinte comme “une entreprise privée détenue par Riad Salamé”.

“Nous somme un peuple qui a payé 70 milliard de dollars en dette, et 40 milliards de dollars pour le secteur de l’électricité”, déplore le député, rappelant les subventions accordées des années en carburant, au secteur de production du ciment, la gabegie liée à la gestion des déchets.

La Révolution doit commencer avant tout contre nous même, estime Chamel Roukoz, qui appelle à ce que les services publics puissent fournir les services adéquats à la population, notamment les services judiciaires. Il se prononce contre la loi d’amnistie, en faveur des “criminels dont le procès a démontré qu’ils empiétaient sur l’institution de l’honneur, du sacrifice et de la loyauté.”

Il s’agit également d’une révolution contre le système basé sur les quotas, le clientélisme et le sectarisme, qui est basé sur les droits des chrétiens et les droits des musulmans”, appelant ainsi à une laïcisation de l’administration publique.

Le député s’interroge sur l’opportunité de présenter un plan de sauvetage avec les personnes responsables de l’effondrement économique.

Pourquoi ce gouvernement n’a-t-il pas utilisé le plan économique entrepris par les premiers gouvernements du Pacte en coopération avec la société mondiale McKinsey, qui a coûté à l’État plus d’un million de dollars? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas mis à profit l’étude sectorielle McKinsey et a invité des experts économiques et financiers en plus des chefs des blocs parlementaires à une table de dialogue nationale?

il a ensuite abordé les violations de la constitution libanaise et en particulier celle liée aux biens privés, faisant allusion à un possible Bail-In et l’approvisionnement à la totalité des capitaux des actionnaires actuels des banques.

Il s’agit cependant de restructurer aussi le secteur public, que “la logique du clientélisme l’a transformé en biens communs”. il s’agit également de protéger les personnes vulnérables en garantissant les droits les plus simples dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, ou encore de vivre en toute dignité. Il s’agit aussi de mettre en place un système judiciaire transparent et indépendant, estime le député.

Citant John Kennedy avec la phrase ” Quiconque rend la révolution pacifique impossible, rend la révolution violente inévitable”, le député met en garde contre la crise économique, estimant que “la révolution arrive inévitablement”, et estimant que tous les gouvernements qui se sont succédés portent tout autant la responsabilité de la crise actuelle.

Voir la conférence de presse

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