Venus Real Estate: La découverte n’est pas un port phénicien

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Chère Madame, Cher Monsieur,

Suite à notre communication par courrier électronique concernant l’article de Mme Marie-Josée Rizkallah,  publié sur votre site électronique, veuillez trouver ci-dessous les remarques de Venus Real Estate Development en réponse aux propos de quelques archéologues décriant la découverte comme étant un « Port Phénicien ».

1)      Le nom de la Région : Les archéologues ont conclu que les trouvailles représentent un port phénicien, argumentant que la région où se trouve notre bien-fonds était nommée « Minet El Hossn » (Port de la Forteresse, en français), c’est dire que la région a acquis son nom à cause de la présence d’un éventuel port. Ceci représente une erreur historique. Les différentes cartes de l’ancienne ville de Beyrouth à avoir : une carte datant de l’année 1876 (préparée par le vice-consul de Danemark pour le Sultan Abdel Hamid II),  une autre Carte de Beyrouth datant de 1923 et se trouvant actuellement au« The Hebrew University of Jerusalem & The Jewish National & University «  et une carte datant de 1912 intitulée « Beyroût, Vieille Ville et Bazar », (voir documents 1, 2 et 3 ci-joint), montrent la présence d’un baie maritime avec le nom « Minet El Hussein » (Port de Hussein, en français).

Selon l’historien contemporain libanais Dr. Hassan Hallak, le nom Minet El Hossn proviendrait de Minet El Hussein, les  anciens beyrouthins, utilisant les langues arabes, turcs et françaises en même temps, changeaient alors la prononciation des noms (exemple : Pharmacie est devenue « pharmachieh » en argot beyrouthin).

Une raison supplémentaire contredisant l’hypothèse de ces archéologues est que le nom « Minet El Hossn » est formée par des mots arabes, comme tout le monde le sait. La langue arabe est apparue bien après nos ancêtres phéniciens même si ces derniers étaient les pionniers de la diffusion de l’alphabet au monde. Aujourd’hui cette baie est plutôt connue sous le nom de « la Baie de St Georges ».

2)      Les tranchées: Les archéologues ont classé les deux tranchées rocheuses trouvées  dans notre bien-fonds comme « cales de radoub » ou « cales sèches » en vue de leurs ressemblance avec des découvertes similaires retrouvées dans les ports historiques de Carthage et de Kition (Larnaka, Chypre). Une simple comparaison entre ces tranchées et les plans schématiques de ces dits ports, montre une  grande différence entre les deux. La différence majeur est que ces cales sèches se trouvent directement reliés à  la mer, ce qui n’est pas le cas des tranchées rocheuses de notre bien-fonds qui se situent à plus de 225 et 189 mètres de la côte  et à une hauteur de plus de six mètres du niveau de l’eau (Voire documents 4, 5, 6, 7 et 8)

3)      Un autre indice crucial dans les anciens ports maritimes est la présence de « cavité pour poteaux » sur les parois des tranchées découvertes dans les ports phéniciens typiques. Ces cavités sont utilisées pour caler les vaisseaux marins par des poteaux en bois pendant leur construction ou réparation (Voir document No.9). Ceci n’est pas présent sur les parois des tranchées trouvées sur notre bien-fonds. (Voir document No.10)

4)      Les références internationales : Une étude intitulée «Liban Les Grands Port Phéniciens » préparée par Messieurs Nicolas Carayon, Nick Marriner et Christophe Morhange, et financée par la Commission du Patrimoine mondial de l’UNESCO ont indiqué, dans leur exposé sous le titre : « L’immense rade de Beyrouth » ce qui suit (quelques extraits importants) :

« Vingt carottages ont été réalisés à Beyrouth autour du port antique en collaboration avec les fouilles du Beyrouth Central District (BCD). Les résultats obtenus ont permis de définir la localisation, la nature et la configuration des ports antiques et de préciser l’origine et l’ampleur de la propagation du trait de côte. Les fouilles d’infrastructures portuaires de différentes époques (perse, hellénistique, romaine, byzantine et ottomane) complètent l’image d’un port pérenne depuis la plus haute époque et soumis à d’importantes modifications du tracé littoral, modifications naturelles ou artificielles. Le port cananéen et phénicien de Beyrouth était composé de deux bassins séparés par un léger promontoire sur lequel s’était installée l’agglomération antique(…). La configuration géomorphologique du littoral de Beyrouth antique est typique des autres ports d’origine cananéens : un promontoire sur lequel s’installe la ville dominant deux port naturels. C’est ce que l’on a déjà vu à Byblos ou à Sidon, et ce que les Phéniciens et les Puniques reproduiront en Méditerranée… Une caractéristique particulièrement importante du port de Beyrouth est la présence d’une rade immense partiellement abritée par le lieu dit Ras Beyrouth. Les navires en attente d’accéder aux débarcadères à proximité de la ville peuvent mouiller, ce qui constitue aujourd’hui encore un avantage indiscutable de la capitale libanaise. La présence de cette rade semble indispensable au développement importants des ports phéniciens et puniques»

Les auteurs de cette étude ont accompagné leur rapport par une carte du littoral de Beyrouth en marquant l’emplacement du port commercial actuel de la capitale. On peut déduire donc que le présent port de Beyrouth existait depuis la période historique de nos ancêtres phéniciens. Ceci conteste  la nécessité d’aménager un autre port dans notre bien-fonds qui ne faisait pas partie de l’agglomération phénicienne (Voir Document No.11)

5)      Différentes études préparées par des archéologues et chercheurs, comme Mrs Honor Frost, ont mentionné que la présence d’un récif près des agglomérations était une caractéristique essentielle et importante pour le développement et la construction de ports phéniciens. Comme déjà mentionné, les relevés topographiques ont confirmé que notre bien-fonds est à une distance de plus de 225 mètres de l’eau et que le niveau du sol est à plus de huit mètres au-dessus du niveau de l’eau dans sa région la moins élevée. Ceci représente un autre indice important mettant en question le raisonnement des archéologues qui ont conclu que les tranchées découvertes font partie d’un établissement portuaire phénicien.

6)      Certains archéologues locaux ont même mentionné que le niveau de l’eau de mer dans l’antiquité était plus haut que son niveau actuel. Cette hypothèse est démentie par toutes les études scientifiques internationales et par les faits actuels, par exemple, la ville de Venise, qui s’immerge actuellement en partie à cause de la hausse du niveau de la mer. De plus, le journal Libanais El Nahar, dans son numéro 24354 apparu le 6 Avril 2011, annonce qu’une délégation libano-française s’apprête à entreprendre une expédition sous-marine à la recherche d’un port phénicien englouti par la mer sur les côtes des villes de Jbeil et Blat situées sur le littoral libanais au nord de la capitale. L’hypothèse selon laquelle la mer était à un niveau égale à notre bien-fonds, ne peut être convaincante car il n’est pas probable qu’une partie du littoral libanais soit engloutie par la mer et une autre partie ait émergé durant la même période, toutes les deux étant soumis aux mêmes changements temporels et climatiques.

Enfin, j’espère que l’énumération ci-dessus des principaux points précités dans les rapports de certains archéologues démontrent la faiblesse de leurs raisonnements et des preuves avancées concluant sur le fait que les tranchées trouvées font partie d’une activité maritime phénicienne et plus spécifiquement les restes d’un port phénicien. J’espère que les contre-arguments avancés valident la conclusion d’autres archéologues, de renommée internationale, selon laquelle les tranchées retrouvées seraient les vestiges de l’ancienne carrière dont les rochers ont été utilisés pour la construction de l’ancien mur de la ville de Beyrouth.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, à l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Venus Real Estate Development

Hassan Jaafar

Directeur Exécutif

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