Algérie – Après la revendication première « non au 5ème mandat » obtenue ; il y a eu « le changement du système/régime » gagné également, mais en promesse – suivi de quelques appels à la grève des commerçants qui a échoué, ainsi que d’une rumeur de « désobéissance civile » sans lendemain – voilà aujourd’hui introduit le « non à l’article 102 » de la Constitution après l’avoir exigé durant des mois par plusieurs partis et personnalités !

Puis un revirement surprenant qui vient juste après que chef d’État-major a eu l’idée d’annoncer qu’il est nécessaire de l’appliquer dans son alinéa relatif à l’incapacité pour cause « de maladie grave » ! Des opposants surgissent en y voyant un artifice « pour faire durer le système ». Pourtant, si le Président décide de démissionner, c’est aussi l’article 102 qui donne la solution. Que susurreront-ils alors ? Refuser sa démission sous le prétexte « qu’il ne sait pas ce qu’il fait » ? Un peu de logique et de réalisme ! 

En fait, il est clair qu’ils veulent pousser jusqu’à l’échéance du 28 avril (date de fin de mandat) afin de justifier la mise en branle d’un mécanisme de gouvernance hors-Constitution, par un vide constitutionnel, dans lequel ils veulent être les principaux acteurs avec en plus la garantie de l’Armée !

Avec le rejet de l’article 102, ils veulent la caution de l’Armée pour distordre la Constitution afin de rendre cet article « caduc », tout en faisant valoir l’article 7, mais en taisant le « 8 » plus explicite ! Rien que ça ! Plus clairement, appliquer la Constitution, selon les articles qui les arrange et écarter ceux qui ne convient pas pour leurs objectifs ! C’est la piétiner quoi ! L’article 8, en effet, parle d’un exercice de souveraineté par le peuple « par l’intermédiaire des Institutions qu’il se donne ». Cette référence aux institutions gêne, car il renvoie au respect de la Constitution dont le non-respect peut aussi faire tomber dans le nihilisme qui étouffe toute discussion…Un casse-tête ! 

On s’appuierait sur quoi de légal quand la base constitutionnelle est écartée, même partiellement ? 

Mais qui a le pouvoir de « raser » et proposer à nouveau ? Le Peuple, les manifestants ? Comment ? Ils sont combien ? 4..6..8..10 millions ? Qui les représentent ? Il y a 46 millions de citoyens dont 25 millions d’électeurs !

Les lois existent ; le problème est dans l’application ! La Constitution existe le problème est dans son tripatouillage !

Les « propositions » de certaines parties nous semblent plus des ‘réactions’ sous l’exaspération que sous le discernement. Elles font fi des Institutions actuelles et négligent la Constitution en vigueur pour proposer des solutions anticonstitutionnelles. Sortir de ce cadre sera un précédent grave qui nous collera aux chevilles, sinon aucun pays ne nous fera confiance ! On fait avec ce que l’on a comme loi fondamentale (même avec ses insuffisances), de la manière la plus légale. On corrigera ensuite ! Celui qui sort de ce cadre sera hors-la-loi et rendra des comptes !

L’article 102 ne conduira pas à l’impasse. C’est sa non-application qui conduira à une impasse constitutionnelle et aux difficultés ! On comprend alors le gros risque prévisible quand M. Gaid Salah insiste sur le respect de la Loi Fondamentale.

Ce qui est triste c’est d’avoir fait perdre au Peuple l’occasion historique inespérée d’un changement profond du système promis devant le monde entier, sans qu’il se porte candidat. C’est remis sine die à cause de l’empressement, la méfiance, voire l’égoïsme et l’incompétence de certaines parties actrices du jeu politique, de l’opportunisme de quelques personnalités et de groupes de pression ! La sagesse est qu’il aurait fallu patienter et supporter encore 5/6 mois tout en restant vigilants. Maintenant il est trop tard !

Les changements de gouvernement, d’APN ou de Constitution sont du ressort du Président de la République élu ! Toutes autres propositions en dehors de ce que prévoit la Loi Fondamentale sont anticonstitutionnelles ! Le nouveau Président élu par le peuple de façon honnête et transparente se chargera de la suite des changements. On ne doit pas reproduire par la colère ce qu’ils ont déjà fait !

Respectons la Loi Fondamentale en vigueur ! Elle est suffisante. L’article 102 et suite existent dans tous les pays du monde. Les cas de maladie, de décès et de démission ont leurs solutions chez ces pays et chez nous. Pourquoi chercher de façon inconsidérée des solutions dans l’hypothétique quand elles sont à portée de mains de façon rassurante et légale.

Nous pensons que l’Armée, garante de la stabilité par la Constitution, doit rassurer le peuple quant à l’irréversibilité des changements profonds du « système » de gouvernance réclamée.

L’urgent est de changer au plus vite la loi électorale dans sa globalité – en y introduisant des mécanismes rigoureux de contrôle – avec le concours de juristes connues pour leur probité en consultation avec les partis, les associations et des personnalités indépendantes !

Par Amar Djerrad

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