La Banque chypriote AstroBank, détenue en majorité par des capitaux libanais dont l’ancien PDG de la BLC Bank, aurait acquis la filiale locale de la Banque Byblos, Byblos Cyprus, fondée en 1984 pour un montant non-divulgué. Cette transaction pourrait servir à gagner du temps pour la Banque Byblos, confrontée comme toutes les banques libanaises à d’importantes crises de liquidités suite à la crise économique, apparue au grand jour en novembre 2019 suite à l’instauration d’un contrôle informel des capitaux par l’Association des Banques du Liban.

Ces derniers notent cependant que la restructuration du secteur bancaire et la disparition de certains acteurs actuels par fusion, liquidation voire même par faillite est inéluctable en raison de l’ampleur des pertes du secteur bancaire, estimées par le gouvernement Mikati III à 69 milliards de dollars, à 83 milliards de dollars par son prédécesseur et à plus de 103 milliards de dollars par certaines agences de notation dont S&P.

Il s’agirait pour les banques libanaises comme la Byblos Bank ou la Banque Audi concernant sa filiale égyptienne ou la SGBL pour la Jordanie, de gagner ainsi du temps jusqu’à ce que soit officialisé le plan de sauvetage du secteur bancaire, un plan qui se fait attendre depuis plusieurs dizaines de mois.

Cette information intervient alors que la Banque centrale chypriote avait demandé en décembre 2020, le transfert de la totalité des dépôts détenus par les banques libanais sur ses comptes en vue de préempter toute fraude les concernant.

Focus

Le rapport publié en 2020 par la Foundation for Defense of Democracies et intitulé Crisis in Lebanon, Anatomy of a financial Collapse estime toutes les banques libanaises étudiées comme étant insolvables. Elles sont également menacées par des procédures judiciaires, accusées de blanchiment d’argent et en raison du lien de certains établissements avec le Hezbollah aux USA.

• Bank Audi S.A.L.
• Bank of Beirut S.A.L.
• Bank of Beirut and the Arab Countries S.A.L.
• Bankmed S.A.L.
• Banque Libano-Française S.A.L.
• BLOM Bank S.A.L.
• Byblos Bank S.A.L.
• Crédit Libanais S.A.L.
• Fenicia Bank S.A.L.
• Fransabank S.A.L.
• IBL Bank S.A.L.
• Lebanon and Gulf Bank S.A.L.
• MEAB Bank S.A.L.
• Société Générale de Banque au Liban S.A.L.

Parmi les banques citées:

Au total, les 14 banques prises en compte nécessiteraient un apport de 67 milliards de dollars, ce qui est bien éloigné des sommes maximales que le Liban pourrait obtenir dans le cadre d’une aide internationale, soit 26 milliards de dollars (15 milliards de dollars de prêts via le FMI et 11 milliards de dollars via CEDRE à condition de mettre en place les réformes économiques, monétaires et financières nécessaires pour les débloquer).

Selon les calculs effectués par un expert étranger, tous les établissements nécessiteraient des injections massives de fonds, allant jusqu’à 11.9 milliards de dollars pour la BLOM seulement, suivie de 11 milliards de dollars pour la Banque Audi, des sommes aujourd’hui impossibles à trouver au Liban même. Le risque de faillite ou encore de shutdown complet est donc présent pour ces établissements avec d’importantes pertes pour les actionnaires actuels.

Ils ne pourraient survivre qu’à condition de fusionner ou encore de procéder à des haircuts sur les dépôts.

Un commentaire?