En Europe, on se souvient toujours du 11 novembre, jour d’armistice et de la fin de la 1ère Guerre Mondiale, 101 ans après. Ce jour est souvenir de tous les morts de ce conflit quelles que soient leurs nationalités, quelles que soient leurs origines.

Au Liban, après une première loi d’amnésie de 1990 signée à la fin de la guerre civile, loi qui a permis aux seigneurs de la guerre de poursuivre leur emprise sur le Pays des Cèdres jusqu’à le vider de son sang comme on peut le constater aujourd’hui, les voila qui se préparent demain à passer une nouvelle loi d’amnésie, 29 ans après cette fois-ci pour leurs crimes financiers.

Il n’avait jamais été question d’ailleurs, d’avouer leurs crimes passés, d’ailleurs tous aux oubliettes, afin de permettre aux familles des victimes de la guerre civile ou même des disparus, il y en a toujours 17 000, de pouvoir faire leur deuil, laissant une blessure ouverte dans beaucoup de coeurs.

La précédente loi leur avait également permis de se maintenir ou de revenir au pouvoir, à instaurer des mini-états jusqu’au coeur de la capitale elle-même, à détruire l’identité libanaise au profit d’une identité parcellaire où l’on se définissait par une religion ou une ethnie, via notamment les accords de Taëf, jusqu’à donner cette maladie très transmissible aux administrations publiques où il n’était plus question de compétences mais d’appartenances à telle ou telle communauté, à tel ou tel parti politique.

Cette loi d’amnésie avait également pérennisé les influences étrangères et le pillage de nos ressources. Si on en est déjà aujourd’hui dans une telle situation, c’est parce que nous avons échoué en 2005. Il n’y a pas eu de Révolution des Cèdres, il y a eu rébellion entre occupants syriens et leurs sbires libanais qui ont instrumentalisé la population pour la mettre à leur service et non à celui des occupants. C’est pour cela que certains d’entre eux nous appelaient à “rentrer chez nous”, parce qu’ils s’occupaient de tout – à leur profit.

Face à la situation quasi-insurrectionnelle qui pourrait déboucher sur une véritable révolution avec changement de staff politique débutée vers la moitié du mois d’octobre, les hommes politiques libanais semblent prendre désormais quelques précautions – peut-être ont-ils pris finalement conscience d’être allés tellement loin, un autre peuple aurait été dans la rue depuis des années – face à l’une des exigences des manifestants qui poursuivent leurs mouvements en ce 26ème jour, il est étrange de les voir bien pressés à adopter une nouvelle loi d’amnistie surtout dans les tiroirs en 1 an seulement, alors que de nombreuses lois contre la corruption continuent à dormir dans les tiroirs du Parlement, parfois depuis plus d’une décennie.

Il ne s’agit plus ici de s’auto-pardonner d’avoir tué des milliers de leurs compatriotes, d’être des tueurs en série, mais cette fois-ci d’avoir systématiquement pillé les richesses du Liban, d’avoir poussé, comme par le passé déjà durant le conflit fratricide, des centaines de milliers d’entre nous, qui ont baissé les bras et qui sont finalement partis, mais de s’auto-pardonner le pillage d’un pays tout entier qu’ils se sont partagés comme un gâteau, un peu trop gourmand cela-dit, en ne laissant aux autres que des miettes, jusqu’à se chamailler sur la répartition des commissions, jusqu’à celles liées au dossier des ordures, jusqu’à même le conduire à la faillite financière, quitte à tuer leur poule aux oeufs d’or.

Cette loi scélérate ne doit pas passer. Tout comme les européens, 101 ans après la fin de la Première Guerre Mondiale, les Libanais doivent se souvenir de ceux qui les ont tués, affamés, volés, violés, soumis pour ne plus ne plus faire les mêmes erreurs, pour ne plus recommencer.

Nous devons nous souvenir de toutes les fautes passés de nos hommes politiques, loi d’amnistie et loi d’amnésie ou pas. Le temps de Kiloun 3ané Kiloun est aussi de la véritable Hakika, Hourié et Istiklal de ces hommes.

1 COMMENTAIRE

  1. Pour que la loi d’amnistie ne soit pas votée , il faudrait que tous les jeunes, qui veillent pour prolonger la révolte, puissent aller au parlement pour empêcher les parlementaires d’y accéder tout en évitant de faire descendre dans la rue les FSI et l’armée qui doivent rester à l’écart .
    Faut-il finir par briser le miroir de la peur pour montrer aux responsables que le peuple , tout le peuple est là pour les empêcher de voter cette loi qui va faire pardonner toutes les horreurs commises par cette bande de pourris .
    Courage et persévérance jusqu’au bout du chemin . Le peuple vaincra .

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