Nous publions le message mis en ligne sur son compte Facebook par le député français Gwendal Rouillard qui a accompagné au Liban le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian lors de sa visite il y a quelques jours.

Proche de Le Drian depuis ses débuts en politique, Gwendal Rouillard est aujourd’hui député La République En Marche (LREM, fondé par le président français Emmanuel Macron) du Morbihan. Il est aussi co-président du groupe d’études sur les chrétiens d’Orient et les minorités à l’Assemblée nationale française.

Voici son message :

“J’ai accompagné une nouvelle fois Jean-Yves Le Drian lors de sa visite officielle au Liban. Le pays est en “danger de mort” l’année de son Centenaire (le Grand Liban de Clemenceau et du Patriarche Hoyek).

Le contexte : 400000 licenciements en un an, 50% de chômage, une dévaluation de la livre de 100%, une inflation de 50%, une corruption endémique, un État failli, des pollutions de l’air, de l’eau, du littoral…

Face à la gravité de la situation, notre ministre a rappelé avec fermeté à Michel Aoun, Hassan Diab et à Nabih Berri que le futur Plan FMI et CEDRE (prêts de 11 milliards $) sont conditionnés par des réformes vitales : bâtir une économie productive et développer des entreprises locales, restructurer la Banque du Liban (audit indépendant…) et le secteur bancaire (63 banques pour un pays de 4,5 millions d’habitants !?), réformer le secteur de l’électricité (l’EDL produit moins de 2 heures par jour…), lutter véritablement contre la corruption et pour l’indépendance de la justice, construire une protection sociale…

Le “Plan B” n’existe pas et n’existera pas contrairement aux propos de la BDL et de l’association des banques (ABL). Pour des raisons simples : le pays est en défaut de paiement, les banques sont en faillite et les créanciers attendent des réponses. La vente envisagée des biens de l’Etat ne réglera en rien les problèmes dans la durée. Sans réformes, nous n’accorderons aucune aide à un système fait d’incompétences, de corruption et de manipulations. Fin de partie. Comme au Monopoly.

Face à cette incurie, nous comptons sur le peuple libanais pour mettre une pression maximale sur l’ensemble des dirigeants du pays et sur la “majorité” parlementaire CPL, Hezbollah, Amal, PSNS…

Dans le même temps, la France est fidèle au peuple libanais. En ce sens, notre ministre a annoncé le déblocage de 15 millions € dès la rentée pour les 52 établissements conventionnés et le lancement du “Fonds Personnaz” doté de 2 millions € (dont 1 M€ de l’Oeuvre d’Orient) pour les écoles chrétiennes francophones (elles accueillent des enfants de toutes les confessions). Nous soutiendrons autant que possible les jeunes générations afin de cultiver un espoir et un avenir. Nous réfléchissons aussi sur les modalités de soutien aux principales universités (on ne peut pas continuer avec 45 établissements…).

Dans un autre domaine, nous continuerons à soutenir l’armée (FAL) et les forces de sécurité (FSI), tout en maintenant notre contingent de 700 militaires au Sud au sein de la FINUL (la force des Nations Unies).

Enfin, j’ai retrouvé un pays aux femmes et aux hommes angoissés et tristes, aux restaurants fermés (le Gathering et d’autres tables me manqueront), aux routes presque fantômes et aux lumières disparues… La situation est criminelle à l’égard des citoyennes et des citoyens libanais. L’heure est grave. Il est temps de sortir du déni profond et du “Ya Ka Fo Kon” pour bâtir un État moderne, protecteur et investisseur. À chacun-e d’apporter sa pierre à l’édifice. Yallah !!!”