Le Patriarche Maronite Béchara Boutros Raï depuis le perron du Palais Présidentiel de Baabda. Crédit Photo: Dalati & Nohra
Le Patriarche Maronite Béchara Boutros Raï depuis le perron du Palais Présidentiel de Baabda. Crédit Photo: Dalati & Nohra

Au cours de son sermon dominical, le patriarche maronite a réitéré son appel à ce que toutes les armes soient placées sous le contrôle de l’armée libanaise et de l’état.

“La déclaration de guerre et de paix est due à la décision du Conseil des ministres avec les deux tiers des voix, conformément à l’article 65 de la Constitution, et personne d’autre n’a le droit de le faire, afin de préserver la vie des citoyens, la paix civile et la sécurité intérieure”.

Il faisait ainsi allusion aux incidents qui ont eu lieu cette semaine à Khaldeh suite à l’accrochage de bannières célébrant la fête chiite d’Ashoura par des membres du Hezbollah et qui ont été pris à partie par des membres sunnites de tribus arabes.

Selon le dirigeant religieux, les armes sous le seul contrôle de l’état s’intègrent au système de neutralité active. Celle-ci passe également par l’engagement du Liban dans sa mission de défense des droits de l’homme et de la liberté des peuples.

Abordant la situation actuelle du Pays des Cèdres, il a aussi estimé que “les bâtisseurs du Liban n’imaginaient pas l’état dans lequel l’État était parvenu avec sa désintégration, sa corruption et son écart par rapport à son essence et à sa philosophie d’existence”.

L’honorable patriarche Elias Howayek, qui a mené la lutte de la cause libanaise, voulait que le Liban soit un État dans lequel les chrétiens d’Orient puissent vivre sur un pied d’égalité avec les musulmans.
Un État, le premier en Orient, où le patriotisme politique remplace le patriotisme religieux, ce qui signifie un État civil séparant la religion et l’État.
Il voulait que ce soit un territoire viable afin de garantir sa sécurité alimentaire et sa prospérité commerciale.

À cette fin, il restaure au Liban ses frontières historiques et naturelles que le sultanat ottoman avait enlevées.

Il y installa un siège là où, aux mains de Jamal Pacha, surnommé le boucher, responsable de la famine de 1914, fit mourir de faim deux cent mille Libanais.

Mais de la mort de ces innocents, l’état du Grand Liban est né

(…)

Nous pensons que de la douleur des personnes affamées, des victimes de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août, et de la mort, des disparus, des blessés et des sans-abri qui en ont résulté, un nouvel État pourrait naitre avec son système neutre et actif.

(…)

Un nouvel État aux visages de nouveaux fonctionnaires indépendants, honnêtes et politiquement expérimentés, et dont les mains ne sont pas tachées par la corruption.
Un État cherchant à être construit par les jeunes hommes et femmes qui se sont engagés à rester sur la patrie pour construire un État moderne conforme à la constitution, à la charte nationale et au rôle constructif dans la région, et avec son capital civilisationnel, culturel, scientifique et créatif.

Nous espérons que ce pays naîtra avec un gouvernement d’urgence restreint doté de tous les pouvoirs dont il a besoin pour sortir de la crise, de sa misère économique, financière et sociale et réaliser les réformes nécessaires.

Le patriarcat maronite a lutté et a atteint la naissance de l’État du Grand Liban le premier septembre 1920, et s’est battu jusqu’à l’obtention de sa pleine indépendance en 1943, avec sa charte nationale renouvelée dans les Accords de Taif.

Il s’efforce aujourd’hui à assurer sa stabilité en adoptant un système de neutralité active. Il n’acceptera plus les règlements et les négociations aux dépens de l’essence de l’entité libanaise. 

Le peuple et lui sont unis pour rejeter tout ce qui est suspect et tout ce qui ne préserve pas la mission, le rôle et l’identité du Liban dans cette région du monde.