L’Etat Islamique, un état en devenir quand le Liban coule

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L’Horloge de la Place de l’Etoile et le Parlement Libanais. Crédit Photo: François el Bacha, tous droits réservés.

Alors que l’Etat Islamique, ou Daech, annonce la constitution d’un budget de 2 milliards de Dollars avec, excusez du peu, 250 millions de dollars de surplus budgétaire, somme qui pourrait faire rêver quand on sait que le déficit budgétaire du Pays des Cèdres 319 millions de dollars jusqu’en aout 2014 – c’est donc sans compter les mois restants de l’année – , le Liban n’a pas de budget depuis 2005, en raison des tensions politiques et sécuritaires empêchant entravant l’approbation de ce dernier par le Parlement de la Place de l’Etoile comme prévu par les mécanismes institutionnels, chaque ministère n’ayant plus de budget propre et devant soumettre chacune de ses dépenses de fonctionnement directement au Ministère des Finances. L’état continue cependant à fonctionner comme si de rien n’était en inventant des solutions et des procédures bricolées à la va-vite, grace aux avances du Trésors Public mais sans accord parlementaire, ce qui est normalement illégal mais personne n’ose en réalité défier cet état de fait, les conséquences pourraient être en effet plus graves que de rester dans cette inégalité.

Ainsi l’Etat Islamique, toujours selon l’article du Figaro, compte parmi ses sources de revenus estimé à 6 millions de dollars journaliers, la contrebande du pétrole exploité tant aussi bien dans le Nord Est de la Syrie ou du coté de Mossoul en Irak, qu’il contrôle, chose que les frappes américaines et internationales ne semblent pas avoir perturbées, mais également très officiellement de l’extorsion, des rançons des différents kidnappings, des razzias et du pillages des zones de conflit et des dons des ressortissants de certains pays du Golfe. Avec ses revenus quotidiens, cette organisation terroriste compte financer ses opérations militaires, l’indemnisation des veuves et des enfants de ses combattants tués lors de ces mêmes opérations mais également la mise en place d’une véritable administration, puisqu’on a pu entendre dire qu’ils souhaitent mettre en place par exemple, une école de Médecine à Mossoul.

L’Etat Islamique se dote donc de toutes les apparences d’un état alors que le Liban lui, se désagrège avec ses institutions démocratiques. Absences d’élections tant présidentielles depuis la vacance de la Présidence de la République que législatives, le Parlement Libanais ayant choisi d’auto-prolonger son mandat l’année dernière, généralisation, non pas des pillages pour servir le peuple mais de la corruption dont le peuple est la première victime, comme le démontre l’indice de la perception de la corruption publié Transparency International, mettant le Pays des Cèdres au 128ème rang mondial des pays les plus corrompus. Incapacité également des forces de sécurité à maintenir un semblant d’ordre, première raison d’un état en fin de compte, c’est à dire la garantie de la sécurité quotidienne de la population libanais que cela soit lors des attentats, certes, ils peuvent même se produire dans des pays stables comme dernièrement en France mais également dans la rue, comme en boite pour les 2 derniers incidents ayant abouti à la mort cette semaine d’un jeune homme à Kfardebian et d’une jeune fille à Kaslik.

Doit-on commencer par croire que l’Etat Islamique et tout ce qu’il semble figurer, intolérance, inexistance du droit d’être différent, d’avoir une opinion différente et même d’avoir une religion différente, est un état en devenir, alors que le Liban lui, reste ce qu’on appelle vulgairement un Failed State, si on continue effectivement sur cette voie précise, il semble malheureusement que oui.

François el Bacha

François El Bacha
Expert économique, François el Bacha est l'un des membres fondateurs de Libnanews.com. Il a notamment travaillé pour des projets multiples, allant du secteur bancaire aux problèmes socio-économiques et plus spécifiquement en terme de diversité au sein des entreprises.

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