La facade du Parlement Libanais. Crédit Photo: François el Bacha pour Libnanews.com

Des députés libanais menacent de déposer des amendements au plan de sauvetage du gouvernement libanais pourtant soutenu par le Fonds Monétaire International en vue d’obtenir une diminution des estimations des pertes du secteur financier.

Pour rappel, une étude conduite en 2016 indique que 43% des actions appartiennent à des personnes exposées politiquement tout comme 69% des membres des conseils d’administration des banques locales.

Ces parlementaires souhaiteraient ainsi une diminution des estimations des pertes de 241 000 milliards de livres libanaises du secteur financier, des chiffres pourtant estimés comme étant proche de la réalité par le Fonds Monétaire International et l’inclusion de biens publics dans un fonds souverain à constituer, indiquent certaines sources au quotidien libanais anglophone The Daily Star.

Cette information intervient alors qu’une équipe de la Banque Lazard se trouve actuellement au Liban.

Les banques libanaises auraient également fait savoir qu’elles refusent tout état de défaut de paiement sur les obligations locales donc libellées en Livre Libanaise. Les établissements bancaires détiendraient ainsi pour près de 32 milliards de dollars de dette en obligation locale et 20 milliards de dollars de Eurobonds en état de défaut de paiement depuis mars.

Ils estiment qu’ils ne sont pas forcés d’accepter le plan du gouvernement. Par le passé déjà, l’Association des Banques du Liban avait menacé d’activer ses relais au sein du parlement et avait présenté un plan qui se voulait alternatif au plan du gouvernement Hassan Diab. Le plan de l’ABL comporte la vente de l’or de la Banque du Liban ainsi que la cession sur une certaine durée de certains actifs de l’état comme le littoral. Cependant, des sources proches du FMI critiquent le plan de l’ABL, estimant que les estimations des actifs de l’état sont exagérés – 40 milliards de dollars selon l’ABL et seulement 7 milliards de dollars pour le FMI – et qu’il n’existe qu’un seul plan valide, celui du gouvernement local. Cependant, le FMI note que l’accord du Parlement est nécessaire pour obtenir le déblocage de son aide. Il s’agit d’instaurer un contrôle formel des capitaux ou encore de procéder aux réformes nécessaires à la relance de l’activité économique et à la diminution des déficits comme par exemple concernant le secteur de production et de distribution de l’électricité.

Certains experts notent qu’avec l’aide du FMI, le Liban pourrait ainsi progressivement sortir de la crise au cours des 4 prochaines années alors que sans cette aide, il faudrait s’attendre à une dévaluation brutale de la Livre Libanaise d’une ampleur inconnue jusqu’à présent et à des faillites en séries du système bancaire et des pertes conséquentes au niveau des dépôts.

Pour l’heure, les négociations entre FMI et autorités libanaises sont suspendues en raison de différents entre gouvernement et Association des Banques du Liban.

Selon la Banque Lazard mandatée par le gouvernement, les pertes du secteur financier seraient estimées à 241 000 milliards de Livres Libanaises dont 73 000 milliards liées à la restructuration de la dette publique. 66 milliards de livres libanaises seraient induits par les pertes de la Banque du Liban elle-même alors qu’un rapport d’audit confidentiel a été rendu public ce vendredi. Selon ce dernier, les réserves monétaires nettes seraient négatives à hauteur de 30 milliards de dollars et non positives comme le prétend le gouvernement de la Banque du Liban Riad Salamé qui maintient ses propos estimant les réserves monétaires brutes positives à hauteur de 30 milliards de dollars.

Le rapport de la Banque Lazard critique également le coût de maintien de la parité entre livre libanaise et dollars, des critiques déjà formulées depuis longtemps par le FMI mais également les opérations d’ingénieries financières de la BDL qui ont débuté en 2016 et qui auraient coûté à la Banque Centrale près de 24 milliards de dollars.

177 000 milliards de livres libanaises de pertes seraient liées à des pertes cumulées de la BDL.

62 000 milliards de livres libanaises seraient également enregistrés pour la BDL et les banques commerciales au titre de pertes cumulées au cours des années précédentes au taux de 3 500 LL/USD.

Autres pertes, 40 000 milliards de livres libanaises seraient induits par les pertes des banques en raison de prêts défaillants suite à la récession économie, ainsi que 64 000 milliards de livres libanaises pour les pertes directs cumulées des banques commerciales.

À cela s’ajoutent les 20 milliards de dollars des Eurobonds actuellement détenus par les banques libanaises suite à l’état de défaut de paiement.

Pour l’heure, la BDL tout comme l’ABL refusent d’admettre ces pertes. Riad Salamé évoque ainsi sa liberté comme gouverneur de la Banque du Liban à utiliser les profits fiduciaires (profits créés par l’impression d’argent) pour équilibrer les comptes de la Banque Centrale, une décision très controversée selon les spécialistes qui estiment aujourd’hui qu’une restructuration du secteur financier s’impose via des fusions, des liquidations voire même des faillites de certains établissements avec ou sans aide du FMI, l’aide de l’institution international mitigeant quelque peu des années de mauvaise gérance des dépôts des banques locales.