Le Liban a fait un pas supplémentaire en faveur de la dépénalisation de la culture du Cannabis, avec la soumission d’un projet de loi devant une commission parlementaire.

Après examen par cette commission et possibles amendements, il reviendra cependant au Parlement d’adopter ou non ces mesures visant à légaliser la culture du cannabis et la vente de cette drogue à usage thérapeutique.

En 2018, le Président de la Chambre, Nabih Berri avait déjà évoqué une possible dépénalisation de la culture du cannabis. Il avait alors formé une commission d’experts locaux et internationaux en charge de l’étude. Il s’agira notamment d’étudier les conséquences et l’impact de cette dépénalisation dans les pays ayant déjà adopté des mesures identiques.

Cette dépénalisation avait été également l’un des sujets les plus polémiques de la fameuse étude McKinsey visant à relancer l’économie libanaise qui reste très mal-en-point jusqu’à présent.

Deux projets de lois concurrents ont ainsi été présentés ce lundi devant la commission en charge de la question et présidée par le député Yassine Jaber, l’un étant soutenu par le député Forces Libanaises de la circonscription de Baalbek Hermel Antoine Habchi et l’autre, proposé par le Président de la Chambre lui-même.

La culture légale du Cannabis, entre 1 à 4 milliards de revenus supplémentaires pour le PIB

Ainsi, selon le rapport du cabinet McKinsey à l’époque, la légalisation du cannabis pourrait engendrer la création d’un secteur économique dont le chiffre d’affaire est estimé à 1 milliard de dollars.
Le Ministre de l’économie de l’époque, Raëd Khoury, de son côté, estimait que ce dernier pourrait atteindre 4 milliards de dollars.
Il s’agira notamment d’inclure dans le PIB ce secteur qui reste pour l’heure illégal.

Depuis la fin des années de guerre civile, les autorités libanaises combattaient la culture du hachisch, qui servaient précédemment notamment au financement de milices et cela, conformément à des engagements internationaux.

En contrepartie de l’abandon de cette culture, les autorités libanaises s’étaient engagées à verser des indemnités aux agriculteurs.

Face à l’absence de ces compensations et à la destruction de leurs cultures, les fermiers se sont engagées dans un bras de fer avec l’état, notamment dans la Békaa, jusqu’à des affrontements en 2012 avec l’Armée Libanaise et les Forces de Sécurité Intérieure, provoquant la suspension du programme d’éradication et l’explosion de la production locale.

Lors des dernières élections législatives de mai 2018, des producteurs locaux, faisant l’objet de plus de 40 000 mandats d’arrestations ont manifesté appelant à obtenir une amnistie.

La culture du cannabis, une histoire déjà ancienne au Liban

La culture du Cannabis au Liban reste ancienne, remontant à plusieurs siècles. Elle a été proscrite lors de l’avènement des dispositifs législatifs en 1926.

Il demeure cependant que les autorités aient toujours eu du mal à éradiquer cette culture, amenant même l’Armée Libanaise à mener des opérations aériennes contre les contrebandiers de la Békaa, notamment en 1948.

C’est ainsi que sont nées les forces aériennes libanaises.

Aujourd’hui, le Liban reste l’un des cinq premiers producteurs mondiaux de haschich, représentant environ 5 à 6 % de la production mondiale depuis 2002.

On estime à l’heure actuelle à 5 000 hectares les plantations de Cannabis dans la Békaa dont beaucoup de champs sont situés à la lisière même des routes publiques. Un hectare de cannabis peut produire entre 40 et 100 kg de haschich, soit une valeur comprise entre 16 000 et 40 000 €.

Il est également estimé que 50% de la production locale soit exportée via des filières illégales finançant différentes organisations mafieuses.

Au total, ce secteur illégal représenterait aujourd’hui un chiffre d’affaire de 4 milliards de dollars non inclus dans le calcul du PIB, bien loin des estimations de la culture du cannabis à usage médical qui pourrait générer qu’un milliard de chiffre d’affaire à l’économie libanaise.

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