Jour pour jour, il y a 2 ans l’Association des Banques du Liban annonçait l’instauration d’un contrôle informel des capitaux au grand désespoir d’une grande partie de la population qui se voyait ainsi privée de la possibilité de se prémunir contre la crise financière qui est allée en s’aggravant depuis.

L’ABL avait profité d’un momentum particulier, celui des manifestations – induites par la dégradation des conditions sociales et économiques – qui avaient débuté un mois avant, pour mettre sur leur compte la situation qu’elles traversaient, oubliant déjà que dès le mois de mai 2019, des pénuries de liquidités étrangères, en d’autre terme de dollars avaient eu lieu et à la clé, des pénuries déjà d’essence.

Cette crise et ce contrôle des capitaux était pourtant prévisible depuis l’inversion des flux financiers dès janvier 2019, permettant l’effondrement du système Ponzi mis en place par la Banque du Liban et elles, mais la Banque du Liban et son gouverneur Riad Salamé ne voulait pas en prendre la responsabilité.

Les banques pensaient ainsi éviter un phénomène de panique bancaire et indiquaient à l’époque qu’il s’agissait d’une mesure provisoire… un provisoire qui dure jusqu’à aujourd’hui, comme le provisoire qui ne fait que durer dans ce Liban…

Deux ans après, le contrôle des capitaux reste informel, faute que l’état – même si des projets sont devant le parlement – légifère à ce sujet. Pire encore, la Banque du Liban s’est vu être incapable à instaurer sa capacité de tutelle face aux banques privées.

Depuis le 17 novembre 2019, les banques libanaises se sont transformées en banques zombies, refusant de se voir être liquidées ou d’être mises en faillite comme elles devraient pourtant l’être dans l’état dans lequel elles sont. Depuis 2 ans, aucune restructuration du secteur financier n’a encore eu lieu, alors que la parité de la livre libanaise face au dollar a dégringolé, creusant un peu plus les pertes de ce secteur, jusqu’à peut-être aujourd’hui atteindre même le montant des dépôts de la population.

Elles avaient pourtant tenté d’éviter à ce que cette réalité apparaisse au grand jour, jusqu’à activer “le parti des banques” au sein du parlement, constitué de députés, souvent actionnaires, parfois avocats liés au secteur, voire même en accordant à d’autres qui n’entraient pas dans les 2 cas de figure, certaines facilités pour transférer des fonds à l’étranger de manière bienveillante contrairement au quidam de la clientèle.

Depuis 2 ans, les actionnaires de ces banques et leurs dirigeants aussi souhaitaient justement les conséquences de leurs actes, à savoir la mauvaise gérance des fonds qui leur avait été confiés, multipliant les mesures, avec le soutien de la Banque du Liban, visant à limiter les possibilités accordées à leur clientèle, à moins que ces derniers soient des VIP.

Eux peuvent toujours envoyer du fric, de la thune, à l’étranger au mépris des règles pourtant établies par elles.

Depuis 2 ans, la réalité fini quelque peu par s’imposer d’elle-même, avec des banques incapables de financer la relance de l’économie faute de fonds disponibles et la triste réalité, comme finit par le reconnaitre le premier ministre Najib Mikati, également actionnaire de banques mais désormais coincé par l’absence d’aide internationale sans chiffrage des pertes du secteur bancaire et restructuration de ce secteur, chose qu’il souhaitait probablement éviter: seules 4 ou 5 banques finiront par survivre.

Depuis 2 ans aussi, les banques font assumer aux déposants les pertes dont elles sont coupables, par diverses artifices autres que le contrôle informel des capitaux. Désormais, on a des circulaires de la Banque du Liban, bien légalisées pour le faire, entre 151, 158, toutes visent à permettre le retrait de fonds des comptes libellés en devise étrangère, soit 83% des dépôts à des taux équivalent tantôt à la parité officielle soit 1507 LL/USD, puis 3900 LL/USD à condition de signer une décharge excluant les banques de leurs responsabilités. On est toujours loin du taux réel de la monnaie nationale face au dollar, celui du marché noir qui s’est imposé de facto.

Depuis 2 ans enfin, on entre dans un momentum électoral. Après avoir saboté le plan de sauvetage du gouvernement Diab l’année dernière ce qui aurait pu permettre une conclusion des négociations avec le FMI et un taux à hauteur de 3 600 LL/USD pour un haircut de seulement 12% sur les comptes de plus de 500 000 USD contre la reconnaissance simplement des pertes du secteur bancaire à 63 milliards de dollars à 3600 LL/USD contre 20 milliards de dollars à 1507 LL/USD, un taux qui n’était plus valide, la commission parlementaire du budget et des finances, par son président, le député Ibrahim Kanaan a hier reconnu que le taux de 3900 LL/USD n’était plus valide. Faut bien se faire réélire au final…

Joyeux Anniversaire au contrôle informel des capitaux, espérons que cela ne soit 3aabel Mit Sené.

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