Située dans la localité et le caza homonymes au coeur de la vallée “Wadi Taym”  dans la partie méridionale de la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban, à environ 84 km au Sud Ouest de Beyrouth et tout juste à 10 km des frontières avec la Syrie, la citadelle de Rachaya dont les origines seraient plus anciennes – Cananéennes, Greco-Romaines, Arabes, mais également Croisées – était à l’origine, dans sa configuration actuelle, un Palais construit par les Emirs Chéhab au XVIIIème siècle.

La citadelle située à 1400 mètres d’altitude, s’étend sur une superficie de 8000 mètres carrés. Seules quelques pierres qu’on peut encore voir dans ses soubassements aujourd’hui remonteraient à la période croisée de la construction. Les croisés avaient en effet aménagé une tour reprenant les fondations de vestiges romaines dans le but de se défendre contre les armées arabes. Des sources locales prétendent qu’une galerie souterraine de 1500m de longueur, lierait la citadelle à la localité de Ain Mry près du triangle Aqba-Bkifa.

Petit à petit, transformée en place forte en raison de son emplacement stratégique au pied du Mont Hermon également appelé Jabal al Cheikh, et malgré son éloignement de la capitale libanaise, la citadelle sera appelée à jouer un grand rôle dans deux moments clés de l’Histoire Moderne de la Nation, à savoir la Grande Révolte Druze et l’Indépendance du Liban.

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La Grande Révolte Druze

Occupant les lieux à partir de 1920, les troupes françaises, présentes en conformité avec le Mandat établi par la Société des Nations, eurent affaire aux rebelles druzes dirigés par Zayd al-Atrash, durant 4 jours, du 20 au 24 novembre 1925, qui s’étaient repliés dans la région après la reprise de Damas. 3000 combattants druzes feront ainsi face au 4e escadron du 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) de la Légion étrangère, fort d’une centaine d’hommes et commandé par le capitaine Landriau.

L’objectif de l’opération rebelle était de constituer un pont entre les régions druzes libanaises et syriennes et couper ainsi les communications de l’Armée Françaises entre le littoral et l’arrière-pays. La Grande Révolte Druze risquait également de se transformer en conflit sectaire opposant ces derniers aux chrétiens suite à la prise de la localité de Marjayoun ou des massacres de maronites s’était produits. Pour y faire face, les troupes du Levant transformeront la citadelle de Rachaya en base d’opération.

Dès le 20 novembre, profitant de la tombée de la nuit, les rebelles s’infiltrèrent dans la défense mise en place par les troupes française et se saisirent d’une partie de la forteresse pour en être repoussés. De violents combats s’ensuivirent dans l’enceinte de la forteresse pendant les 3 jours suivant, jusqu’à ce qu’une charge à la baïonnette française oblige les rebelles à se replier à l’extérieur.

Au bout de ces 3 jours, à court de munitions, le capitane Landriau décida de “faire Camerone” en lançant un ultime assaut afin de tenter de briser l’encerclement. Avant que Landriau ne puisse lancer sa charge, l’aviation française arriva pour bombarder les rebelles rassemblés autour de la forteresse et l’unité fut renforcée par l’arrivée d’une première colonne de secours du 6e régiment de Spahis puis une seconde colonne du 21e régiment de tirailleurs algériens. On dénombra plus de 400 morts chez les rebelles (et au moins 34 blessés) pour 58 tués et blessés, coté troupes du Levant. Par la suite, les forces de Zayd al Atrash se replièrent dans les montagnes de l’Anti-Liban.

L’Indépendance du Liban

Episode plus connu dans l’Histoire moderne du Liban,sur décision du  Commissaire Jean Helleu, la citadelle de Rachaya servit aussi de prison  pour les dirigeants libanais qui avaient proclamé l’Indépendance du Liban le 11 novembre 1943.

Parmi les prisonniers internés, le député Béchara el Khoury qui deviendra le premier Président de la République Libanaise, le Président du Conseil, Riad el Solh et le Président de la Chambre, Adel Ousseyran, ainsi que d’autres personnalités de l’époque dont Camille Chamoun, Abdel Hamid Karamé et Salim Takla.

Ces arrestations provoqueront d’importantes manifestations dont l’objectif était d’obtenir leur libération. Ces manifestations aboutiront et la France acceptera d’accorder l’Indépendance au Liban le 22 novembre 1943.

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