Le gouvernement sortant devrait prochainement présenter au parlement un nouveau projet de loi instaurant la création de cartes de rationnement en faveur de 750 000 familles vulnérables en remplacement du programme de subvention à l’achat des produits de première nécessité de la Banque du Liban.

Plus de 65 % de la population se trouverait aujourd’hui vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. Le taux d’inflation aurait même atteint 155 % au cours de l’année 2020, les prix de certains produits essentiels mais non subventionnés ayant même atteint une hausse de 400%, alors que la livre libanaise aurait perdu plus de 90% de sa valeur depuis octobre 2019. 

Ce nouveau programme vise à mettre en place une carte de paiement prépayée qui serait ainsi remise aux foyers vulnérables à la crise économique. Elles recevraient ainsi 100 000 Livres par mois par personne environ durant un an, souhaitait la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale avait indiqué exiger que ces sommes soient rendues disponibles au taux réel de la monnaie locale.

Cette procédure devrait permettre la levée du programme de subvention de la Banque du Liban dont le financement allait de toute manière s’interrompre en raison de l’épuisement des réserves monétaires disponibles de la banque centrale d’ici mai pour les carburants et juin pour les autres produits de première nécessité.

Pour rappel, le coût du programme était de 700 millions de dollars durant la période précédente à la crise actuelle. Il est tombé à 500 millions de dollars actuellement, soit 6 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars pour les carburants seulement. Des interrogations portent également sur la réalité des 16 milliards de dollars de réserves brutes de la Banque du Liban principalement constituées par les sommes disponibles par les 15% de réserves obligatoires sur les dépôts bancaires. 

Ce nouveau programme pourrait ainsi réduire les dépenses de 40% à 60% en réduisant le nombre de bénéficiaires aux personnes vulnérables seulement. Cependant, jusqu’à présent des interrogations concernant ce programme se sont fait entendre concernant la liste des personnes bénéficiaires, certaines municipalités ou partis politiques ayant inclus des nom d’individus ne remplissant par les critères d’attribution.

D’autres interrogations portent sur l’origine des fonds qui en assureront le financement. Jusqu’à présent, celui-ci devait se faire via la Banque Mondiale. Cependant, en raison d’un désaccord entre la Banque du Liban et l’institution internationale concernant le taux de parité utilisé, la BM souhaitant utiliser un taux proche des taux réels et la BdL un taux à 6 240 LL/USD et des retards pris par les autorités libanaises à présenter le dossier, celui-ci ne semble plus être à l’ordre du jour.

Pour l’heure, le financement serait ainsi assuré par la Banque du Liban seule qui pourrait recourir à une injection de livres libanaises sur le marché au détriment de la valeurs de la monnaie locale, aggravant ainsi le taux d’inflation.

Le premier ministre Hassan Diab tenterait d’éviter cet écueil via un financement étranger. Il s’était rendu avec cet objectif au Qatar, il y a 2 semaines pour évoquer cela.

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