C’était le 26 avril 2005 que les dernières troupes syriennes quittaient le Liban, mettant ainsi fin à une présence de presque trois décennies au Pays des Cèdres, à l’issue de fortes pressions internationales et de l’opposition libanaise à la suite de l’assassinat le 14 février 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
À cette occasion, était organisée à Rayak dans la Békaa, une cérémonie de départ, en présence du général Ali Habib, chef d’état-major syrien, du général syrien Rustom Ghazalé, qui avait commandé les puissants services de renseignement syriens au Liban, et du Commandant de l’Armée Libanaise d’alors, le Général Michel Sleiman.
Ce retrait intervenait dans le cadre de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU, adoptée en septembre 2004 à l’initiative de la France et des Etats-Unis alors que le mandat du Président Emile Lahoud allait être renouvelé pour 3 nouvelles années à l’initiative de Damas. Elle visait notamment mettre fin aux ingérences syriennes dans les affaires intérieures libanaises et au désarmement de toutes les milices encore présentes.
Une présence militaire dès 1976 à l’appel de la communauté chrétienne puis un changement d’alliance
La Syrie avait imposé son influence au Liban à la faveur de la guerre civile qui a débuté en 1975, alors que les relations entre les 2 pays ont toujours été quelque problématiques depuis leurs indépendances respectives.
Dès le 1er Juin 1976, le Président Syrien Hafez el Assad avait ainsi envoyé ses troupes au Liban, officiellement pour mettre fin aux ambitions de l’OLP et des Palestiniens de former un quasi-état, imposant un cessez le feu relatif et déjà proposant un rééquilibrage du partage du pouvoir entre communautés au détriment de la communauté chrétienne.
Dès 1976, se posera déjà la question de la présence de l’Armée Syrienne. Favori à l’accession à la Présidence de la République, Raymond Eddé sera finalement écarté en faveur d’Elias Sarkis, le premier point de son programme étant le départ de toutes les troupes étrangères dont celles de la Syrie.
Le sommet de Ryad, qui aurait lieu par la suite, légitima cette intervention, avec la création de la Force arabe de Dissuasion (FAD), avec l’accord de Sleiman Frangié, président de la République libanaise, et Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine. À l’origine, cette force comptera 30 000 hommes dont 25 000 soldats Syriens.
Puis, la Syrie s’impliquera en plus en changeant ses alliances locales et en bombardant les zones chrétiennes, soutenant ainsi l’OLP.
Ainsi, Damas sera accusé d’avoir assassiné le dirigeant du PSP, Kamal Joumblatt qui s’était opposé à l’entrée de ses troupes en 1976 ou encore de soutenir la Saïka, une milice palestinienne dépendant directement des ordres d’officiers syriens et qui combattra les milices de défense chrétiennes.
Face à cette implication syrienne, les Kataëb qui constituaient l’essentiel du Front Libanais entreront en contact avec Israël dont l’aile militaire était alors dirigée par Bachir Gemayel. L’état hébreu leur fournira équipements militaires et renseignements militaires.
Dès mars 1978, Israël envahira une partie du Sud Liban 3 jours après le massacre de 37 Israéliens dans un bus de Tel Aviv, par des membres de l’OLP infiltrés depuis le Sud Liban Liban.
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En 1978, des affrontements opposeront directement milices chrétiennes et syriennes. Durant 100 jours, la partie Est de Beyrouth chrétienne sera bombardée de juillet jusqu’en octobre, par l’Armée Syrienne et ses allié, faisant de nombreux morts et blessés et d’importants dégâts matériels.
En 1981, ce sera au tour de la ville de Zahlé de devenir le martyr d’une guerre avec des affrontements entre Forces Arabes de Dissuasion, désormais essentiellement syriennes depuis le retrait en 1979 des autres militaires des autres pays arabes, Kataëb et l’implication d’Israël qui fournira un appui aérien à ces derniers.
L’Armée Syrienne aligne désormais 40 000 soldats au Liban.
Dès 1982, Damas sera accusé d’avoir fait assassiner le président de la république Bachir Gemayel qui lui a tenu tête à Ashrafieh. L’assassinat, revendiqué par un membre du PSNS, Habib Chartouni, amènera, selon la version officielle, au massacre « punitif », de Sabra et Chatila dans la nuit du 17 au 18 septembre. Son frère Amine lui succède à la présidence, cela sous la couverture militaire de Tsahal. Celle-ci cependant se retirera progressivement permettant ainsi à Damas de reprendre pied au Liban.
L’armée syrienne interviendra notamment à Tripoli dans le Nord du Liban quand une milice islamiste tentera d’établir un émirat sur place. Elle soutiendra également les milices druzes et sunnites opposées aux phalangistes durant la guerre de la Montagne à partir de 1982 à 1984.
La présence de l’armée syrienne sera mise en cause à plusieurs reprises durant la guerre civile, notamment en juin 1983, avec la dissolution par le Président de la République d’alors Amine Gemayel de la Force Arabe de Dissuasion, un an et demi après l’invasion israélienne de 1982.
Damas mènera plusieurs médiations durant cette même période, jusqu’à devenir l’arbitre réel, notamment par l’intermédiaire de Ghazi Kanaan ou encore d’Abdel Halim Khaddam. La Syrie soutiendra également le mouvement Amal soutenue par des milices palestiniennes pro-syriennes face à l’OLP entre 1985 et 1987.
En 1985, l’accord Tripartite signé par le mouvement Amal, le PSP de Walid Joumblatt et par Elie Hobeika au nom des Forces Libanaises mais sans l’accord du comité de commandement du mouvement, préfigurera déjà les accords de Taëf, avec l’autorisation donnée à l’Armée Syrienne de rester au Liban “pour séparer les factions rivales”. Elie Hobeika perdra cependant face à Samir Geagea et se réfugia en zone occupée par Damas.