Ça fait mal au cœur de voir dans notre pays des oliviers arrachés de leur terre et transformés en faux Bonzaïs sous commande de clients et paysagistes aspirant aux ambiances zen. Pour décorer les terrasses, les jardins et même les ronds-points, on impose à l’olivier une taille « nuage » ou « plateau ». C’était dans les années 1950 en Californie dit-on qu’on a commencé à en faire une création artistique. Ne devrons-nous pas avant tout aménagement respecter la nature de l’arbre, son histoire et son environnement ?
C’est en pays Méditerranéens du Proche-Orient que l’olivier est né il y a des milliers d’années. D’ailleurs, on extrayait déjà l’huile d’olive au Liban depuis le IV millénaire av. J.-C. L’olivier est un arbre « noble ». Son tronc tordu et noué s’élance vers le ciel et son feuillage vert scintille de mille reflets argentés sous un soleil éblouissant. Des beaux étendus du plateau de Koura au Nord où des oliviers frôlent presque la mer au Sud de Tripoli, aux montagnes terrassées du Chouf jusqu’à l’extrême sud à Deir Mimas, le paysage des oliveraies est captivant. C’est à Bechaalé dans la région de Batroun où un olivier vit depuis 6 mille ans dit-on. Les phéniciens en exportèrent son « huile d’or ». Des anciens pressoirs en pierres furent trouvés partout. Pour en admirer quelques-uns, il faut aller à Byblos ; ils se trouvent à l’entrée Est du site archéologique.
L’olivier aurait pu être l’emblème du pays. Son fruit est déjà « le roi de la table » selon un dicton libanais. Transformé en Bonzaï, l’olivier soufre. N’est-il pas ainsi privé de sa vocation naturelle celle de produire? Ses fleurs en grappes n’écloront pas au Printemps et on ne verra pas ses olives ni sa belle l’huile parfumée. Porter atteinte à un olivier signifie changer le paysage méditerranéen qui constitue une partie importante de notre patrimoine.
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