Riad Salamé sur Al Hadath, 24 mai 2021

Le juge Jean Tannous se serait vu être demandé de cesser son enquête concernant les suspicions d’enrichissement illicite du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et de son frère Raja Salamé. Cette enquête avait été ouverte suite à l’ouverture d’un dossier similaire en Suisse. Les autorités helvétiques avaient alors demandé à la justice libanaise des informations complémentaires au sujet du transfert d’importantes sommes dont aurait bénéficié Raja Salamé.

Le juge aurait demandé aux banques locales de transmettre les dossiers relatifs à ces transferts, ce qu’auraient refusé ces dernières, se retranchant sous le secret bancaire. L’ancien ministre Rachid Derbas, qui est l’avocat de la Banque Med s’en serait ainsi pris au juge l’accusant de violer la législation locale. Il pourrait même présenter un recours en vue d’obtenir sa récusation cdes prochaines semaines. Seule une demande formulée à la commission d’enquête de la BdL pourrait, le cas échéant, lever le secret bancaire sur ces comptes, une commission qui est elle-même présidée par des proches de Riad Salamé.

Cependant, les experts juridiques estiment que la législation concernant le secret bancaire ne peut s’exercer dans ce cas, puisqu’en est exclu les dossiers relatifs à l’enrichissement personnel.

Depuis, le gouverneur de la Banque du Liban aurait vu ses biens gelés en Suisse suite à la découverte de documents détaillant des mouvements de fonds entre le Liban et la Suisse qui auraient été opérés par Riad Salamé et son frère. Les hommes sont ainsi accusés de blanchiment d’argent depuis 2002.

Les autorités suisses avaient ainsi accusé le gouverneur d’avoir fait transférer 300 millions de dollars sur base un contrat daté du 6 avril 2002 entre la Banque du Liban (BDL) et la société Forry Associates Ltd, enregistrée à Tortola aux îles Vierges et disposant d’un bureau à Beyrouth, dont le bénéficiaire économique serait Raja Salamé, mettant ainsi en évidence un détournement de fonds de la Banque du Liban au bénéfice de ce dernier. 

Des commissions à hauteur de 247 millions de dollars auraient été ainsi versées le 6 avril 2002 en retour sur le compte personnel de Raja Salamé. 207 millions auraient été ensuite versés aux bénéficiaires de comptes dans les banques Bankmed, la Banque Misr Liban, le Crédit Libanais, la Banque Audi et la Banque Saradar au titre de “dépenses personnelles”. Le gouverneur de la BdL lui-même aurait reçu plus de 7 millions de dollars en provenance du compte HSBC de Forry Associates. Le 5 avril 2012, Riad Salamé aurait demandé à la banque zurichoise de transférer des obligations du trésor libanais à hauteur de 153 millions de dollars à la Banque Audi Suisse à Beyrouth “avec une signature personnelle”, entrainant les autorités suisses à surveiller les mouvements de ces comptes, confirmant selon les enquêteurs leurs soupçons concernant des détournements de fonds. 

10 millions de dollars auraient même été versés sur des comptes personnes appartenant à Riad Salamé au titre d’une société fictive, “Westlake Commercial Inc”, dont les comptes seraient hébergés également par la banque suisse Julius Baer.

Le gouverneur de la Banque du Liban disposerait de 50 millions de dollars en Suisse ainsi que de nombreux bien immobiliers.

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