De source médiatique, on indique que le premier ministre désigné a accordé le ministère des finances au mouvement Amal et le ministère de la santé au Hezbollah qui devraient ainsi en nommer les titulaires, ce qui pourrait amener à des différends avec ses autres alliés comme ceux du bloc Parlementaire du Rassemblement Démocratique qui avaient exigé hier la mise en place d’une rotation des différents portefeuilles entre partis politiques.

La rotation des portefeuilles ministériels entre les différentes communautés n’est également plus évoquée.

Le Premier ministre devrait ainsi rencontrer le Président de la République, le Général Michel Aoun, cet après-midi à partir de 16 heures, afin de discuter de la distribution des portefeuilles attribués à la communauté chrétienne.

L’attribution du ministère des finances était déjà à l’origine de l’échec de Mustapha Adib à former son gouvernement, le mouvement Amal exigeant de se voir attribuer le ministère clé des finances dans le cadre des réformes à venir. Pour rappel, l’ancien ministre des finances et bras-droit du Président de la Chambre, Nabih Berri, a fait l’objet de sanctions américaines. Les Etats-Unis l’avaient ainsi accusé de corruption et d’avoir détourné d’importantes sommes lors de son mandat. Le Président de la République Libanaise, le Général Michel Aoun, l’avait également indirectement accusé lors de son discours à la Nation, le 31 août 2020, répondant aux questions de journalistes et faisant part de plaintes reçues de la part d’entrepreneurs qui avaient indiqué avoir subi un chantage en vue d’obtenir les fonds qui leurs étaient pourtant dûs.

Le Ministère des Finances, un portefeuille clé

La principale mission sera en effet de débloquer les négociations avec le fonds monétaire international, des négociations jugées nécessaires à l’obtention de l’aide financière visant à relancer l’économie locale. Cependant, le déblocage de ces négociations est jugé difficile en raison du refus de certains intérêts, notamment à reconnaitre l’ampleur des pertes du secteur financier.

Son action sera aussi contradictoire avec la nécessaire restructuration du secteur bancaire qui doit être menée au détriment de ses intérêts même avec 10% des actions appartenant à sa famille. Il déclarait, il y a quelques mois à peine, que la mise en état de défaut de paiement n’était pas nécessaire, ce que réfutent de nombreux spécialistes financiers et même la communauté internationale, soulignant l’épuisement prochain des réserves monétaires disponibles servant à financer l’achat à l’étranger des produits de première nécessité.

L’association des banques du Liban ou encore le gouverneur de la Banque du Liban lui-même Riad Salamé, qui bénéficiait de la protection de Saad Hariri soulignant “son immunité” sortent ainsi définitivement renforcés par cette nomination alors même que la communauté internationale s’interroge sur la capacité de réformer un système financier par les personnes qui l’ont construit jusqu’à le mener à sa perte.

La situation économique toujours plus chancelante

Même en cas de formation rapide du gouvernement, Saad Hariri fera face à une situation économique désastreuse dont il est en partie responsable au final par l’incapacité de ses précédents gouvernements à avoir mis en oeuvre les réformes nécessaires.

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