Combien de femmes chaussent leurs escarpins à talons hauts pour jouer le jeu de la féminité quitte à y sacrifier leur confort ? 

C’est l’été et la saison des mariages est bel et bien lancée.Pour les dames, ça veut dire :  tenue, bijoux, coiffure, maquillage … et CHAUSSURES.

Un incontournable de la garde-robe : les escarpins à talons aiguilles intemporels, la paire parfaite pour ajouter des centimètres à notre cadre, allonger nos jambes et montrer notre élégance.

Pourtant, depuis un certain temps, nous remarquons un mouvement croissant dans la mode féminine vers l’échange de talons hauts pour des chaussures plus confortables.

Etre jolie, oui mais avoir les pieds meurtris : Non !

Or qui d’entre nous n’a jamais retiré ses chaussures à la fin d’une fête, ou d’une journée?

Et même la célèbre tenniswoman Serena Williams s’est rendue en sneakers au mariage du Prince Harry et de Meghan Markle. Si lors de la cérémonie elle a suivi le protocole à la lettre, en se parant d’une robe spectaculaire accompagnée de talons assortis, le soir venu, la championne s’est empressée de troquer ses 15 centimètres pour des chaussures originales et à son image ! Elle fait un pied de nez aux contraintes afin d’assurer une soirée jusqu’au bout de la nuit bien… dans ses baskets.

Oui, les baskets défient les lois du temps mieux que personne.

Le choix de chaussures de Williams est symbolique d’une impulsion grandissante : Opter pour le confort avant toute autre chose.

Mais aussi, pour plusieurs militantes féministes, porter des talons hauts équivaut à accepter des standards oppressifs.Mais pourquoi ? Parce qu’on estime que cette exclusivité féminine a été inventée par et pour les hommes, pour leur plaire et pour nous écraser.

Les femmes abandonnent les talons comme une forme de protestation.

Est-ce vrai ?  Pourtant, Beyoncé organise sa révolution féministe en stilettos dans Run the World (Girls).

Le marketing a aussi sa part de tort : il transforme talons hauts en objet de désir masculin.

Quant à Kristen Stewart, elle se déchaîne sur le tapis rouge du Festival de Cannes en révolte contre une règle cannoise qui oblige les femmes à les porter sur place.

Aux États-Unis, selon le service de suivi des ventes du Groupe National Purchase Diary, les ventes de chaussures à talons hauts ont baissé de 11% aux en 2017, tandis que les ventes de chaussures de sport pour femmes ont augmenté de 37% au cours de la même période.

Certains spéculent que la baisse des ventes de talons hauts pourrait aussi être liée à l’ère #MeToo et aux rapports de harcèlement sexuel, car les femmes choisissent de s’habiller pour elles-mêmes plutôt que de faire appel sexuellement aux hommes.

Pourtant, une de mes collègues de bureau m’a confié que sa vie avait changé depuis qu’elle portait des talons. « Me grandir me met à un niveau d’égalité avec mon patron ».

Elle adorait être à la hauteur de son regard et trouve que c’était très différent de regarder en face et non regarder vers le haut. Pour elle, les talons hauts sont un moyen d’avoir de l’assurance, particulièrement dans le monde du travail.

Dans son interview dans le magazine Elle, Christian Louboutin, le célèbre chausseur parisien de désir, admet s’être inspiré depuis toujours par les danseuses de music-hall en général et celles du Crazy horse pour créer ses escarpins à semelles rouges et ses talons vertigineux. « J’ai été éduqué visuellement par les danseuses », confie-t-il. Pour lui, le soulier est un très bon indicateur de la personnalité, mais il ne forge pas le caractère. « La femme impose son message en choisissant sa forme de souliers » il explique. « C’est très important en politique”. Ioulia Timochenko, personne ne pourrait l’imaginer avec des chaussures plates ou avec des souliers à bout rond ! Rachida Dati a choqué parce qu’elle revenait travailler cinq jours après son accouchement… en talons pointus ! Si elle l’avait fait en sandales plates, elle n’aurait pas autant créé de scandale : on l’aurait considérée comme une femme se pliant à son devoir ministériel mais n’ayant pas encore quitté la maternité. En escarpins pointus à talon, c’est une guerrière, déjà plus une mère ! » Il ajoute.

Être une femme est (ou devrait être) une force. Mais pour revendiquer les mêmes droits que les hommes, est- ce qu’il faut être comme eux ? Ne pourra-t-on tout simplement réclamer l’égalité en affirmant note différence ?

Même si la féminité est une construction sociale. Les souliers à talons font maintenant partie de mon identité et même s’ils ont été créés pour que je plaise aux hommes, je peux très bien choisir de me battre avec eux plutôt que contre eux.

Qu’à chacune le choix dans ses batailles, vive la liberté !

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