La Constitution autorise un gouvernement démissionnaire à se réunir dans les cas d’urgence.

Ne sommes-nous pas dans une situation d’extrême urgence ? D’autant plus que le nouveau gouvernement risque de se faire attendre, alors qu’il est indispensable pour mettre en place la vraie solution à nos problèmes à travers un plan de sauvetage avec le FMI et les réformes nécessaires pour obtenir l’aide de la communauté internationale !

Nous n’avons plus d’essence, plus de mazout, plus de transports, plus d’importations, plus de médicaments, plus d’électricité, plus de pain. Nous n’aurons bientôt plus d’eau, plus de nourriture, plus d’internet…

N’est-ce pas une situation d’extrême urgence ?

Une à une, les boulangeries et les pharmacies s’arrêtent de travailler, les hôpitaux et les usines fermeront leurs portes.

N’est-ce pas une situation d’extrême urgence ?

Les employés ne pourront plus se rendre au travail. Dans quelques jours tout au plus les supermarchés, les restaurants et les commerces fermeront aussi.

Le contenu des congélateurs industriels, y compris ceux où sont stockés les poulets, le poisson et la viande, sera avarié en l’espace de quelques jours. Les réfrigérateurs des domiciles et des commerces ne fonctionneront plus.

N’est-ce pas une situation d’extrême urgence ?

Les animaux et les plantes ne seront bientôt plus là pour endiguer la famine. Car la pénurie de mazout empêchera les agriculteurs d’arroser leurs terrains, et faute de recevoir de la nourriture, les fermiers ne pourront plus nourrir leurs animaux, qui mourront peu à peu.

N’est-ce pas une situation d’extrême urgence ?

Voilà vers quoi nous nous dirigeons à la vitesse de la lumière.

Devons-nous rester à attendre et à voir le Liban détruit et les Libanais tomber dans la famine ? Ou bien déciderons-nous de réunir le Conseil des Ministres en urgence ?

On pourrait nous rétorquer : oui mais quel serait l’agenda ?

Eh bien, au lieu de nous contenter de nous renvoyer les responsabilités, nous prendrions les décisions urgentes et nécessaires soit à l’encontre de la Banque Centrale, soit face aux conséquences désastreuses de sa décision – qu’elle affirme être irrévocable – de ne plus subventionner les produits pétroliers, de réduire les subventions aux médicaments et de continuer à subventionner le blé.

Nous pourrions aussi décider s’il faut accepter les prix réels du marché des produits pétroliers et donc des services et produits qui y sont liés, comme le pain et les transports publics — ou, au contraire, demander au Parlement d’autoriser la Banque Centrale à utiliser les réserves obligatoires dans des conditions bien définies et limitées (comme la Banque Centrale elle-même l’exige, à tort ou à raison) ou encore décider d’un plan spécial de subvention pour certains secteurs comme les hôpitaux, les transports publics, les boulangeries et les moulins, etc.

Ici, il est nécessaire de rappeler que le Ministère de l’Économie et du Commerce avait préparé, avec le support de la Banque Mondiale dès août 2020, un plan visant à subventionner les familles au lieu de subventionner les produits. Si le gouvernement avait accepté de préparer et d’appliquer ce plan à temps, nous n’en serions pas arrivés à une situation aussi désastreuse et il n’y aurait pas eu pendant tout ce temps autant d’abus, de vols, de monopoles et de contrebande, et nous aurions environ 3,5 milliards de dollars de plus dans les réserves de la Banque Centrale.

Il n’est pas trop tard !

Il faut à tout prix agir. Immédiatement.

Une session ouverte et ininterrompue du Conseil des Ministres, 24 heures sur 24 heures et 7 jours sur 7, s’impose. Elle prendra le temps qu’il faudra, mais il faut à tout prix empêcher la famine de frapper le pays.

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