” La famille libanaise est un acteur essentiel de la vie politique libanaise. Certes, au vu des études socio politiques qui ont été menées, la famille « s’est démocratisée » par le biais du dialogue parents-enfants,… Mais cette« démocratisation » a ses limites. La place du père n’a pas été touchée… Or la place de celui-ci dans la famille renvoie aux identifications politiques des individus.” 
Démocratie et culture politique libanaise, Mona El-Bacha dans Confluences Méditerranée 2009/3 (n 70).

Notre pays est en train de glisser vers de graves dissociations. Le citoyen souffre certes d’une immense crise de non recevoir malgré des mois de manifestations et de propositions ciblées afin de rétablir le sens de notre démocratie. Néanmoins, le libanais fait face aussi au culte de sa personnalité qu’il a longtemps cherché à satisfaire à travers des élus qui répondent à des objectifs matériels et à la préservation de précieux acquis.

Il va ainsi préférer des générations durant les élus qui servent des besoins ciblés selon des convenances propices. Ce n’est pourtant pas en transposant la place du devoir obligé à des concertations opportunes que l’on pourrait convaincre des centaines de milliers de personnes totalement anéanties par les coups de massue des crises accélérées que la solution est en cours..Quand la trajectoire “lumineuse” ne se compose que de règles énoncées, la mort lente des personnes démunies est reçue par des élucubrations ! 

Le parcours proactif peut à lui seul conduire les uns et les autres à dépasser les stades de l’auto-gratification et du confort tribal. Là où le demandeur et le pourvoyeur se félicitent à chaque service rendu. Cependant, l’indépendance d’une fonction est d’un tout autre ordre. C’est une satisfaction sans tutelle. Elle est issue d’une prise de conscience autonome et d’une responsabilité citoyenne conséquente.

Oui, vaut mieux déplaire à un membre d’une famille traditionnelle pour défendre un raisonnement cohérent que de se taire. La donne du respect inconditionnel peut nous conduire à chercher des tuteurs qui  prennent en charge nos devoirs et nos avoirs. Le protégé ferme alors les yeux d’abord jusqu’à découvrir trop tard les terribles erreurs du laisser faire et les comportements abusifs et ruineux de ses “protecteurs”. 

Le va de soi de se soumettre absolument aux décisions d’un père autoritaire nous ramène à une ancienne tradition libanaise. Celle qui se caractérise par la tolérance infinie à la volonté des aînés en évitant de discuter ou de remettre en question un quelconque avis. Tout au long de son évolution jusqu’à ce jour, l’Etat de mots représente chez nous cet immense espace de situations incomplètes où se transmettent des symptômes de frustrations cumulées, de distanciations cloîtrées, de peurs tassées, d’insoutenables froideurs verbales, de débordements violents, de regards dissociés et de déperditions ! 

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