Dans la démocratie représentative, les élus sont théoriquement choisis sur la base d’un programme global.

Des élections pour un personnage, un contenant…

Ce programme est résumé en dix à vingt phrases simples, agréables à lire, percutantes.

Le candidat, en fonction de ses moyens financiers, embauche des spécialistes de la communication pour le mettre en valeur sous son meilleur jour, exprimer des phrases chocs qui attirent l’attention et préjugent de son efficacité.

Les électeurs, en règle générale, votent pour cette présentation, cette enveloppe, ce personnage. Ils votent pour un contenant.

Quand au contenu, une fois élu, les électeurs n’ont plus aucune prise ni même une connaissance minimale, de ce que l’élu va mettre en œuvre, lorsqu’ils veulent bien s’y intéresser. C’est compliqué, ça se discute entre “experts” ou soit disant experts, bref entre gens adultes, responsables et sérieux.

Pas une affaire de gamins, ni même d’adultes ignorants, voire des demeurés et dont l’élu, flanqué de ses conseillers et des lobbies, devient le tuteur.

Toute société a besoin de représentants pour fonctionner. C’est une nécessité. Mais si cette société veut un fonctionnement équilibré et des représentants qui ne dérivent pas, bon gré mal gré, loin des intérêts de ceux qui les ont élus ou nommés, elle nomme aussi d’autres représentants et/ou crée d’autres instances pour en assurer le contrôle et servir aussi de contre-pouvoirs. Ainsi en est-il de l’exécutif, du législatif, du judiciaire. Progressivement, un quatrième pouvoir a fini par se faire sa place et s’y imposer.

… Des contre-pouvoirs qui ne jouent plus leur rôle…

On a assisté dans le même temps à un processus de soumission du législatif à l’exécutif, sous prétexte d’efficacité. Première entorse majeure à la démocratie représentative.

Le pouvoir exécutif n’a eu de cesse d’exercer une influence sur le judiciaire, voire de le contrôler, par le charme, la promotion, la contrainte et, enfin et non le moindre, par le législatif devenu soumis. Deuxième entorse majeure à cette démocratie représentative.

Le quatrième pouvoir, à savoir les médias, a été pris, ces dernières décennies, en tenaille entre les assauts de l’exécutif et son appropriation par de très grandes fortunes qui en attendent, à juste titre, un retour sur investissement. Ce quatrième pouvoir est devenu, à peu de choses près, la voix de son maître. Troisième entorse majeure à la démocratie représentative.

Il n’y a donc quasiment plus aucune tête qui dépasse. Et le seul élément perturbateur à ce bel édifice est l’entrée en scène d’une mobilisation qui, lorsque qu’elle est assez puissante, voit réémerger des velléités d’indépendance au sein de ces pouvoirs sinon soumis, du moins très fortement lissés. Ces mobilisations doivent être toujours plus puissantes pour ébranler un édifice de plus en plus lissé et soumis.

Vers le cinquième pouvoir

Il a fallu que le fin fond de la France profonde, qui symbolise et concentre toutes les colères et frustrations accumulées ces dernières décennies par la très grande majorité de la population qui avait fini par baisser les bras à force de défaites et de déceptions, pour que l’édifice, devenu triomphant et surpuissant, soit de nouveau ébranlé.

Cette France profonde, ce sont les Gilets jaunes.

Cette France profonde s’est appropriée une idée propre à créer un cinquième pouvoir, le RIC, expression même de la démocratie directe et propre à rebattre les cartes au sein de l’édifice des pouvoirs, à leur permettre de réacquérir leur indépendance et donc leur rôle de contre-pouvoir. Pour cela, le RIC doit toucher tous les domaines, sans, exclusive. Pour cette raison essentielle,

l’Exécutif, qui concentre et gouverne aujourd’hui tout les autres pouvoirs, ou tout au moins règne sur eux, fera des mains et des pieds pour rejeter le RIC ou pour le rendre inopérant. Il en va de la conservation de ses privilèges, par delà les intérêts mêmes des ultra riches au service desquels il exerce le pouvoir.

La différence essentielle et fondamentale entre le RIC et l’élection représentative décrite plus haut, est qu’il concerne un contenu précis et non un contenant élu pour un ensemble de belles phrases, de beaux sourires,…

Le RIC est centré sur un seul objet, qui peut être étudié et débattu pendant plusieurs semaines ou mois, à tous les niveaux de la société, avant d’être soumis au vote. L’individu est rendu d’abord à son statut de citoyen, ce qui est sa condition profonde et intrinsèque, avant d’endosser un rôle d’électeur pour choisir un contenu précis, et dont il a pu acquérir une connaissance réelle et dont il a pu débattre à différents niveaux.

Scandre Hachem

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