S’exprimant à l’occasion du jour de la libération, le président de la chambre Nabih Berri a appelé tous les partis politique à lever les obstacles posés devant la formation d’un nouveau cabinet. Il a ainsi estimé que certains auraient délibérément “créé des crises” intentionnellement ou involontairement qui pourraient amener au renversement des partis politiques traditionnels.

Il faisait ainsi allusion à la crise actuelle entre présidence de la République et premier ministre désigné Saad Hariri, et du retard pris dans la formation d’un nouveau gouvernement alors que le Liban traverse une crise économique d’une ampleur inconnue dans son histoire contemporaine.

Nabih Berri a ainsi rappelé les priorités actuelles, appelant à la constitution d’un état laïc en raison des problèmes posés par le confessionalisme politique, l’abolition des monopoles “pour assurer la subsistance du peuple et libérer les dépôts bancaires”, la séparation du pouvoir judiciaire de l’ingérence politique et la lutte contre la corruption ainsi que l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban et des institutions publiques et le réglement de la crise actuelle, décrite comme 100% interne.

Il a ainsi appelé chacun au sacrifice “pour le bien du Liban et non de sacrifier le Liban au détriment des intérêts personnels.”

Un pays sans gouvernement alors que la crise économique le touche de plein fouet

Le Liban est sans gouvernement depuis la démission, le 10 août dernier, du premier ministre sortant Hassan Diab.

La formation d’un nouveau gouvernement est considérée comme une des conditions préalable à la relance des négociations avec le Fonds Monétaire International afin d’obtenir un déblocage de l’aide financière de la communauté internationale face à la crise économique que traverse le Liban. 

Suite à l’échec de Moustafa Adib à former un cabinet, l’ancien premier ministre Saad Hariri, qui avait pourtant démissionné suite à d’importantes manifestations en octobre 2019, s’est vu être chargé de former un nouveau gouvernement en octobre 2020.

Pour tenter de débloquer la situation, l’ancien premier ministre a promis au mouvement Amal d’attribuer le portefeuille du ministère des finances à un membre de la communauté chiite. Il avait également réitéré que le Liban pouvait se passer d’un état de défaut de paiement, déniant ainsi la gravité de la crise économique cependant vécue par la population, avec 55% de celle-ci vivant désormais sous le seuil de pauvreté alors que la récession économique a atteint 29% selon certains rapports pour l’année 2020.

Cependant, les propositions de Saad Hariri d’un cabinet de 18 membres se heurtent à la présidence de la République, qui souligne que si les communautés chiites et sunnites choisissent leurs représentants, les représentants chrétiens au sein du nouveau cabinet seraient également choisis par le premier ministre désigné. Le Général Aoun estime de fait que les propositions actuelles du premier ministre contreviennent à la fois à la constitution libanaise et au pacte national.

Ce dernier accuse de son côté le chef de l’état de souhaiter obtenir un tiers de blocage au sein de son nouveau cabinet, ce que réfute la présidence de la république.

Un commentaire?