A quand le Liban des libanais?

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L’indépendance du Liban existe mais dans les textes. Néanmoins elle demeure distante de la perspective démocratique, de la transparence des problèmes, des débats ouverts et des solutions concrètes. Elle traduit l’invalidité des gesticulations politiques qui boudent les avancées positives des mouvements de la société civile . La citoyenneté est tristement perçue selon les regards des identités religieuses et communautaires. Ainsi, les problématiques constitutionnelles et leurs résolutions ne sont plus considérées que si elles correspondent aux vues partisanes. La coordination entre les multiples composantes ne sont plus que des prétextes pour maintenir des blocages, des avantages ou des privilèges. Les résolutions strictement verbales et les palabres de nombreux “responsables” menacent le service unifié et pressant de la patrie. Il nous appartient pourtant d’éloigner la coexistence craintive et de sortir de la stagnation des liens stériles. Elle procure à tant de libanais, une dramatique complaisance vis à vis de la nostalgie. Celle d’un passé lointain où la coexistence passe par l’interventionnisme régulier et le protectorat de puissantes nations. Cette époque pourtant révolue a prouvé malgré tout la crédibilité d’hommes ordinaires et exceptionnels. Pour mériter aujourd’hui la confiance des gens on ne peut continuer à parier sur un pouvoir non représentatif qui présente les seuls constats de l’impuissance et de la résignation.

“Libanais”, ne craignons plus de disparaître car celà nécessite d’abord d’exister ensemble, de regarder en face nos lâchetés, de passer outre les réserves et d’apprendre de nos erreures.

La guerre civile dans le fond demeure sournoisement, après 41 ans, entre nos diverses composantes. Elle se caractérise par les armes de la méfiance totale, de l’exploitation maximale des situations -mêmes pourries- au profit de chaque partie et des réseaux de corruptions hautement sophistiqués qui dénoncent des victimes pour protéger de vieux routiers. Elle va perdurer lorsque la confiance correspond à un acte exceptionnel, quand l’honnêteté ponctuelle rapporte des voix et lorsque la fonction publique cache de larges corruptions.
En attendant l’interpellation des juges, un grand chantier est poursuivi par de nombreuses et courageuses personnes. Elles s’engagent à fonder la reconnaissance de l’indispensable citoyenneté, à rétablir les nécessaires connaissances pour  de franches coexistences et le Liban des libanais!

Joe Acoury.

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