Le Président de la République, le général Michel Aoun, et le premier ministre sortant Hassan Diab ont dénoncé la décision du gouverneur de la Banque du Liban de cesser de subventionner les carburants, estimant que cette décision est illégale.

Le chef de l’état aurait ainsi tancé le gouverneur de la Banque du Liban lors d’une réunion qui s’est tenue ce jeudi 12 août au Palais Présidentiel de Baabda.

Il rappelle que “cette décision a de graves répercussions sociales et économiques qui se reflètent à tous les niveaux” notant que le conseil suprême de la défense a n’a pris hier aucune décision concernant la levée des subventions dans le domaine alimentaire.

Le Président a également appelé le ministre de l’énergie à contrôler les quantités de carburants distribuées et stockées afin de ne pas manipuler leurs prix

Cette décision, unilatérale de la Banque du Liban, intervient alors que son gouverneur, Riad Salamé, s’était pourtant engagé à maintenir le programme de subvention aux carburants jusqu’à la fin de l’été en contrepartie d’une hausse de la parité utilisée pour la financer de 1 507 LL/USD à 3l 900 LL/USD. Cette hausse avait déjà provoquée une hausse des tarifs de plus de 30%, il y a 1 mois.

Le premier ministre sortant rappelle ainsi que le parlement a adopté en juin dernier une loi instaurant un programme de rationnement pour les personnes les plus vulnérables dont le financement n’est pas encore assuré. Cependant, la Banque du Liban s’était engagée à maintenir le programme de subvention tant que ce dernier ne serait pas mis en oeuvre.

Hassan Diab appelle par conséquent à une réunion urgente avec Riad Salamé appelant le ministre des finances Ghazi Wazni a souligner l’illégalité de la décision de ce dernier. Il a ainsi rappelé que toutes les subventions doivent être rationalisées mais non levées, cela afin de préserver les intérêts des personnes les plus vulnérables. Il estime ainsi que la décision de la Banque du Liban ne prend pas en considération la crise économique et sociale et aura des répercussions dangereuses sur le Liban, notant que le programme de rationnement devait être rendu fonctionnel de manière imminente.

Le président du courant patriotique libre Gébran Bassil s’en est également vivement pris à Riad Salamé, estimant que “Le gouverneur est le gouverneur de la banque centrale, pas le gouverneur de la République libanaise, et ce n’est pas à lui de prendre des décisions stratégiques et fatidiques qui touchent à la sécurité du pays et à sa sécurité sociale”. Il estime que cette décision est un coup d’état et appelle à se mobiliser à l’encontre des autorités monétaires.

Pour l’heure, la grille tarifaire concernant les carburants est maintenue. Le prix de 20 litres de SP95 est de 77 500 LL, celui du SP98 est de 79 700 LL et la bouteille de gaz de 10 litres coute 58 500 LL, alors que les queues devant les stations essence refont leurs apparitions, provoquant d’importants embouteillages sur les axes principaux des autoroutes libanaises.

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