Au Liban, on fait désormais la queue devant les boulangeries et les magasins de luxe

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Au Liban, pays durement touché par la crise économique, rien ne va plus. Après l’annonce de risques de pénuries d’essence, de fioul ou encore de pain et cela en dépit des démentis des autorités locales, les libanais se sont précipités dans les boulangeries, chose normale.

Un peu plus paradoxal, d’autres se sont rendus auprès des boutiques du centre-ville de Beyrouth. Confrontées elles-aussi à la crise, certaines ont choisi de liquider leurs marchandises présentes au Liban alors que des clients profitent “des soldes” induits par la vente de produits à taux officiel, soit 1500 LL/USD au lieu de plus de 7000 LL/USD au marché, pensant ainsi peut-être récupérer une partie de leurs épargnes en les revendant à l’étranger, qui sait. En tout cas, un sac à main est un peu dur à mâcher.

Ainsi, un sac à main dont le prix affiché est de 1 000 000 de livres libanaises (soit précédemment 666 USD) ne coûtera plus que 142 dollars.

Confrontés à l’instauration d’un contrôle des capitaux dès novembre dernier, instauration unilatérale par l’Association des Banques du Liban et non par les autorités de tutelle, les libanais continuent à se précipiter actuellement sur les produits de luxe pensant ainsi sauver une partie de leurs dépôts face à une possible décôte, voire même, face à de possibles faillites bancaires.

Dès l’instauration des mesures de contrôle des capitaux, la population – qui en avait encore les moyens – a donc acheté appartements, dont les prix sont déjà sur-estimés et alors que le secteur de l’immobilier a été l’un des tout premiers ayant révélé l’ampleur de la crise, bijoux ou encore voitures de luxe.

Cependant, si en novembre, on n’était pas encore confronté à des risques de famine, aujourd’hui, la situation a plutôt évolué dans le pire avec des menaces de famine. Les inquiétudes concernent principalement l’état des réserves monétaires nettes de la Banque du Liban qui servent actuellement à financier les produits de première nécessité, comme la farine nécessaire à la production du pain ou encore le fioul.

Le syndicat des propriétaires de boulangerie a ainsi mis en garde, estimant impossible de continuer leurs activités même si les matières premières sont subventionnées alors que la livre libanaise continue à s’effondrer.

Aussi, la Banque du Liban semble être incapable à contrôler la chute de la Livre Libanaise face au dollar. La monnaie locale a atteint cette semaine, son plus bas historique face au billet vert, avec un taux supérieur à 7 000 LL/USD au marché noir.

Certains importateurs de produits de première nécessité indiquent devoir même se fournir en devises étrangères au marché noir, à défaut que la Banque du Liban puisse subventionner leurs achats pour des raisons non mentionnées.