Construire ou reconstruire le libanais ? Part 2.

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L’enfant marque déjà à sa naissance le premier pas vers son identité. Elle implique un indicatif choisi par son prénom. Son nom inscrit son appartenance familiale et son contexte. L’histoire de l’individu appartient déjà à la complexité du rapport subtil, entre la volonté d’être et l’obligation de convenir.

L’éducation à la citoyenneté libanaise commence par l’exercice de convenir dès l’enfance aux adaptations élémentaires. Cependant, le choix d’attendre et de dépendre des initiatives des autres ne prépare pas à la personalisation des liens autonomes.  Ceux qui permettent d’exercer un libre choix responsable et conséquent, de prendre la distance critique, proprement démocratique des contextes multiples et de considérer la spécificité de chacun au service de la nation. Ainsi, la reconnaissance d’une citoyenneté effective, également assumée et partagée au quotidien, manque à un nombre important de libanais.

Pour s’entendre au delà des personnages et des formes non représentatives on a certes urgemment besoin aujourd’hui d’une nouvelle loi électorale juste et équilibrée. Cependant, les dissensions permanentes et le théâtre des victimes de conflits historiques ou des stratégies régionales persistent.

Le Libanais présente davantage ses riches et multiples appartenances pour raffermir des préjugés, des héritages auto-reconduits et des privilèges auto-proclamés au lieu de devoir valider la prévalence de l’identité et du devoir national. Non, il ne s’agit pas ici de promouvoir des projets conditionnels au nom de ces valeurs historiques communes que l’on fait miroiter à chaque occasion! C’est parler pour s’entendre sur les comportements et les accords à préserver entre nos composantes. Le sens de la citoyenneté serait alors confirmé comme l’identité libanaise qu’on s’approprie sans contradictions et selon de franches et robustes modalités de coexistences.

Cependant, quand il n’y a pas de transparence  sur les priorités humaines de la coexistence au quotidien on ne peut valider des ententes formelles et convaincre de défendre des accords substantiels.
On a urgemment besoin de bâtir ensemble un projet humain pour l’Etat.  Celui qui fonde les caractéristiques essentielles des ententes communes spontanées et la culture du long souffle pour les dialogues difficiles et corsés, là où le vrai chantier consiste à ajuster le baggage émotionnel à la capacité cognitive de l’interlocuteur.

Néanmoins, beaucoup parmi nous ne voient ni ne reconnaissent des valeurs humaines tangibles qu’à travers les prismes individuels, sociaux, économiques ou religieux, alors qu’elles existent pourtant en chacun. Cependant, pour appartenir à notre pays on a besoin de convenir aux valeurs de convivialité  qui l’ont caractérisé et les exercer à tous les niveaux.

Le Liban est certes, la patrie définitive des libanais, mais elle est encore et surtout déterminée par la perception des privilèges et des milieux protégés. Toute prise de position pour défendre notre lien national est une entreprise ardue, longue, délicate mais incontournable. Elle seule nous apprend à considérer une échéance démocratique comme une rectitude ordinaire et non pas une course effrénée  pour le meilleur gagnant.

Joe Acoury.

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