Crise: Des stations essence attaquées alors que le Liban plonge dans la pénurie d’essence

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Les employés et le propriétaire d’une station essence ont été fortement pris à parti par des automobilistes à Tyr, au Sud du Liban, après avoir refusé de faire le plein d’une voiture en raison du rationnement imposé par la situation de pénurie d’essence.

Les forces de sécurité sont rapidement intervenues sur place pour identifier les auteurs de l’attaque. D’autres incidents similaires auraient au lieu notamment dans la localité d’Ein Baal dans le district d’Abbasiya toujours au Sud du Liban ou encore dans le Akkar.

Sur place, les propriétaires des stations essence ont annoncé par un communiqué une grève générale et la fermeture des pompes durant 2 jours pour protester contre ces attaques.

“Le problème réside dans la Banque du Liban et l’Etat, et non avec les propriétaires de stations qui sont considérés comme les victimes.” Les premiers, les plus grands perdants”

Pour sa part, le président du Syndicat des propriétaires de stations essence Georges Brax a fortement condamné ces incidents, soulignant qu’une personne avait été blessée et une autre tuée dans le Akkar. Il appelle ainsi les forces de l’ordre de prendre les mesures nécessaires pour y mettre fin.

Georges Brax s’en est également pris à la Banque du Liban, estimant que les propriétaires des stations essence ne sont que des boucs émissaires.

La principale raison de la crise de l’essence est la rareté des dollars américains à la Banque du Liban, qui se traduit par une raréfaction des crédits d’ouverture pour les entreprises d’importation, ce qui entraîne une diminution des quantités importées, et donc des quantités distribuées aux stations pour servir le consommateur

Il a ainsi souligné que le déchargement actuel de carburants présents dans les tankers stationnant le long des côtes libanaises ne constituent qu’une solution partielle à la crise, en raison d’une forte demande accrue par la peur de la pénurie.

Il appelle donc la population à la compréhension et à permettre aux propriétaires de stations essence de sécuriser l’approvisionnement en carburant

Un programme de subvention dont les heures sont comptées alors que les réserves monétaires disponibles seraient sur le point d’être épuisées

Pour rappel, le programme de subvention devrait prochainement s’achever pour les produits comme les médicaments ou encore la farine, selon une lettre du gouverneur de la banque du Liban, Riad Salamé, adressée en mars dernier au ministre des finances Ghazi Wazni, faute de réserves monétaires disponible pour continuer à le financer. On ignore pour le moment comment la Banque du Liban a réussi à poursuivre le programme sans en retardant l’approbation de certaines lignes de crédit notamment pour l’achat de carburants et de fioul.

Le coût du programme était de 700 millions de dollars durant la période précédentes à la crise actuelle. Il est tombé à 500 millions de dollars actuellement, soit 6 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars pour les carburants seulement. Des interrogations portent également sur la réalité des 16 milliards de dollars de réserves brutes de la Banque du Liban principalement constituées par les sommes disponibles par les 15% de réserves obligatoires sur les dépôts bancaires. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement puisqu’il s’agirait alors d’un prêt annuel pour un montant d’un milliard de dollar de la Banque du Liban contre 6 actuellement. Ce programme serait à destination de 800 000 familles maintenant.

En effet, plus de 75 % de la population se trouverait aujourd’hui vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. Le taux d’inflation aurait même atteint 155 % au cours de l’année 2020, les prix de certains produits essentiels mais non subventionnés ayant même atteint une hausse de 400%, alors que la livre libanaise aurait perdu plus de 90% de sa valeur depuis octobre 2019. 

En mars dernier, le ministre sortant des finances Ghazi Wazni a, pour sa part, estimé qu’il s’agirait de réduire le nombre de produits subventionnés de 300 à 100 produits, de réduire les subventions accordées à l’achat de carburants et de médicaments et à instaurer une carte de rationnement en faveur de 800 000 familles, induisant une réduction annuelle de moitié les subventions actuelles qui passeraient de 6 à 3 milliards de dollars. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement.

La création de ce programme de filet de sauvetage visant à remplacer le programme de subvention a été adopté par le parlement libanais le 12 mars dernier et signé par le Président de la République le 8 avril avant d’être publié dans le journal officiel. 

Ce programme vise à mettre en place une carte de paiement prépayée qui serait ainsi remise aux foyers vulnérables à la crise économique. Elles recevraient ainsi 100 000 Livres par mois par personne environ durant un an, souhaitait la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale avait indiqué exiger que ces sommes soient rendues disponibles au taux réel de la monnaie locale.

50% du programme de subvention aux carburants

Les carburants représentent à eux seuls, 50% du programme de subvention de la Banque du Liban a indiqué le ministre sortant de l’énergie. En dépit d’une augmentation du prix de l’essence plus de 50 % au Liban, un bidon d’essence coûte trois dollars environ alors qu’au Syrie, le même bidon coûterait entre 7 à 13 dollars, amenant à un trafic entre les 2 pays.

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