“L’aisance est exigeante et ne cherche qu’à s’accroître : la misère se partage.” De Marthe B.-Hogue.

File d’attente à l’aéroport de Beyrouth suite à une panne informatique du système de réservation et des bagages. Les passagers crient, s’insurgent, se lamentent de la paralysie des institutions libanaises, exigent une commission d’enquête et la démission de responsables. Scène qu’on pourrait juger normale, si ce n’est qu’au Liban, la culture du Malaachi prévaut souvent et qu’on a tout simplement perdu notre habitude à se rebeller face aux affres d’un quotidien souvent pas très rose, ce qui n’aurait pas manqué de provoquer une véritable révolution dans bien des pays alors que tous les indicateurs socio-économiques virent au rouge.

Pourtant à l’étranger, certains souvent, sur les réseaux sociaux s’offusquent de voir paraitre des informations concernant les ordures, la pollution, l’insécurité et différents autres problèmes auxquels nous “autochtones et indigènes” faisons face.  Ils viennent, ils passent de belles vacances cocoonnées choyées par leurs familles sans voir la cruelle réalité dans laquelle nous vivons.

Pire encore, ils prennent à partie ceux qui évoquent  des sujets qui fâchent parce que cela “sali l’image d’un pays tout entier”, parce que cela souligne justement les problèmes actuels du Liban, parce que “Lebnan Ahla Balad” par rapport à leurs pays hôtes, une position d’une image sublimée qu’ils s’efforcent à défendre, bec et surtout ongle face à la réalité qu’on a pourtant besoin de montrer afin de mobiliser les personnes de bonne volonté.

Et bien si tel est le cas, un peu de souffrance par rapport à une petite attente à l’aéroport, avec les odeurs des ordures de Costa Brava et d’urine du fleuve transformé en égout à ciel ouvert situé à proximité de l’aéroport, dans la chaleur en raison de l’absence de clim par manque de Kahraba pour partager notre chemin de croix quotidien, cette misère ne peut leur faire que le plus grand bien et même peut-être finalement faire avancer les choses.

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, voyons voir leur patience et n’oublions pas de leur rappeler s’ils l’ont déjà et si rapidement oublié en juste quelques heures à peine à cet aéroport de Beyrouth, que cette porte et vitrine du Liban n’est qu’à l’image même de ce pays, c’est à dire en faillite institutionnelle qu’il s’agit de remettre sur pied. Mais pour cela, il faut déjà faire un inventaire de situation et pointer du doigt ce qui justement ne va pas.

“Lebnan Ahla Balad bil 3lam koulouhou”, au final dans le meilleur et dans le pire.

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