Avant le Coronavirus, Human Right Watch et la Banque mondiale estimaient que d’ici la fin de l’année un ménage sur deux ne pourra plus s’approvisionner en denrées alimentaires : viande, fruits, légumes et pain. Avec l’épidémie, cette crise pourrait concerner les trois quarts des habitants. 

Le Premier ministre Hassan Diab a même parlé de risque de famine qui pourrait pousser les Libanais à émigrer et créer une grave déstabilisation. 

Comment est-ce que le Liban en est arrivé là ?

Depuis la fin de la guerre en 1990, le Liban n’a pas de souveraineté alimentaire : 

  • Les taux d’intérêt trop élevés ont écarté le secteur privé du crédit bancaire : il y a donc eu que très peu d’investissements dans le secteur agricole.
  • La parité fixe entre le dollar américain et la livre libanaise (le « peg ») qui a été imposée a renchéri les exportations et réduit les prix des importations : cela a conduit au déclin de la production agricole qui ne représente plus que 3% de la production économique du pays alors que le tiers de la main d’œuvre locale travaille dans ce secteur et que le Liban a de l’eau et du soleil comme l’a rappelé le Premier ministre Hassan Diab hier. 

Le Liban importe du blé de Russie et d’Ukraine. L’épidémie du Coronavirus a stoppé la livraison de blé par la Russie et c’est même toute la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui est impactée.  

Sans suspension du paiement des Eurobonds dû cette année (4,6 milliards de dollars), le gouvernement n’aurait même pas pu subvenir aux besoins de la population jusque-là, le Trésor public s’étant vidé. La dépréciation de la livre libanaise par rapport au dollar américain (environ 4 000 livres pour un dollar contre 1 500 auparavant) provoque une inflation (hausse des prix) très importante. 

Dans le même temps, fin 2019, la dette s’élevait à plus de 92 milliards de dollars et représentait 176% du PIB. D’après le FMI, en 2020, le PIB devrait chuter d’au moins 12%

Le gouvernement cherche à relancer la production agricole et même à terme les exportations. 

Après avoir fait distribuer des aides aux plus vulnérables par l’intermédiaire des municipalités, le gouvernement cherche à faire adopter par le Parlement un plan de sécurité sociale (1 200 milliards de livres libanaises financés par la chute du pétrole) pour les plus vulnérables, les PME et les agriculteurs. 

Le chef de la Sûreté, le général Abbas Ibrahim, pourrait en avoir discuté avec les dirigeants syriens et irakiens : pour livrer l’Irak, le Liban devant transiter ses produits par la Syrie. 

D’autre part, le gouvernement a imposé des sanctions contre les supermarchés et les commerces qui augmentent leurs prix et contribuent à l’inflation provoquée par la dépréciation de la livre libanaise vis-à-vis du dollar américain. 

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