Le gouvernement Mikati III semble connaitre une fin de sa période de grâce face aux différents défis auquel il fait face que cela soit sur le plan politique, économique et judiciaire et cela de manière plus rapide que ses prédécesseurs, comme le démontrent ces dernières 72 heures entre affaire de l’explosion du port de Beyrouth, menaces de démission des ministres chiites et même perte de terrain de la livre libanaise face au dollar.

L’Etat subit en effet un chantage alors qu’il est lui-même contaminé par le mal, entre intérêts divergents entre partis politiques et personnels et intérêt général.

Le cabinet Mikati III était en effet englué dès sa constitution entre pressions internes alors que pourtant il s’était engagé à mettre en oeuvre des réformes économiques mais également administratives nécessaires au déblocage de l’aide international. L’un des gros dossiers de ces réformes concerne en effet l’appareil judiciaire et la lutte contre la corruption, qui doit être effectuée loin de toute ingérence d’une classe politique considérée comme ayant détourné de larges sommes au cours des dernières années.

Cette corruption endémique des administrations civiles se reflétait déjà par l’impossibilité pour la justice libanaise de me remplir son rôle face aux banques libanaises et à leurs dirigeants comme en témoigne le volte-face dès 2020 de celle-ci quand le procureur financier, le juge Ali Ibrahim, a été désavoué par le procureur général de la république, le juge Ghassan Oweidat, quand il avait décidé du gel des avoirs des établissements bancaires et de leurs dirigeants et proches.

Il convient de rappeler ici que le ministre précédent de l’intérieur, Mohammed Fahmi, avait lui-même estimé que 95% des juges étaient corrompus.

Sur le plan judiciaire aujourd’hui, la présence même du Mouvement Amal induisait tôt ou tard un bras-de-fer politique entre appareil judiciaire et partis politiques impliqués dans le dossier du port de Beyrouth. Cette ingérence s’est matérialisée par la menace des ministres chiites du cabinet de démissionner suite au mandat d’arrêt publié par le juge Tarek Bitar à l’encontre de l’ancien ministre des finances Ali Hassan Khalil, alors que la communauté internationale rappelle que cette enquête doit être transparence sur le plan international et en dépit des appels, sur le plan local, des familles des victimes à ce que soit rendu la justice.

Pourtant, ce mandat d’arrêt n’a été publié que suite à la non-présentation de l’ancien ministre, bras-droit du président de la chambre Nabih Berri. Il faisait déjà l’objet d’une mise en examen, comme les autres anciens ministres, pour homicide volontaire et négligence criminelle.

Ce plan judiciaire s’imbrique désormais sur le plan politique, avec de nouvelles fractures au sein d’une classe de dirigeants qui semblent avoir perdu la confiance du peuple et qui pourtant, réclamaient cette confiance jusqu’à donner le sentiment d’injustice à la population.

Autre point désormais, il s’agit de faire des choix pour Najib Mikati … Soit ne pas sacrifier Ali Hassan Khalil et les anciens ministres quitte à s’arroger une partie de l’aide internationale nécessaire face à la crise économique qui ne pourra par conséquent que s’amplifier, soit sacrifier Ali Hassan Khalil et les autres anciens ministres avec les dangers que cela aura sur la stabilité interne du Pays, une stabilité aussi fragilisée par la crise économique…. Sans encore évoquer le lourd dossier des banques libanaises et le reste…

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