Plusieurs sources indiquent ce vendredi que le Premier Ministre sortant Saad Hariri, considéré jusqu’à présent comme probable successeur à lui-même, aurait informé le Président de la République, le Général Michel Aoun, et le Ministre des AF Gébran Bassil, qu’il pourrait abandonner sa tâche de former le prochain gouvernement. Egalement, Saad Hariri et son parti pourraient s’abstenir de nommer un potentiel successeur lors des consultations parlementaires obligatoires prévues dans le cadre constitutionnel.

Ces sources indiquent que le principal écueil auquel fait face Saad Hariri concerne le Ministre sortant des Affaires Etrangères, Gébran Bassil. Le Premier Ministre a ainsi estimé que le prochain gouvernement qu’il pourrait constituer ne devrait pas inclure Gébran Bassil, ce que refuse tant le Président de la République que ce dernier, qui est l’une des cibles du mouvement de protestation qui entre aujourd’hui dans son 23ème jour. Les manifestants dénoncent la corruption qui ravage la classe politique libanaise et la rendent responsable du taux d’endettement public qui atteint 150% du PIB.

Gébran Bassil s’est déjà rendu à 2 reprises à la Maison du Centre, domicile du Premier Ministre pour discuter de possibles solutions, qui n’ont pas satisfait Saad Hariri, alors que le Président de la Chambre, Nabih Berri, a réitéré son soutien à Saad Hariri.

Une situation alors que la crise économique pourrait encore empirer

Ce dernier jouit en effet de la confiance de la communauté internationale, chose rendue nécessaire par la crise politique et la nécessaire levée de fonds à l’étranger pour résoudre le problème plus immédiat de crise de liquidité. En cas de retrait, le processus de formation du prochain gouvernement pourrait ainsi prendre plusieurs mois, alors que des solutions immédiates sont nécessaires notamment au niveau de la dette publique, avec l’arrivée à échéance d’une émission obligataire de 1.5 milliards de dollars, le 28 novembre prochain. Pour rappel, l’agence de notation Moody’s qui vient de dégrader les notes des obligations libanaises, avait estimé que la Banque du Liban (BDL) ne dispose plus que de 5 à 10 milliards de dollars de réserves nettes, qui pourraient être totalement consumées, par le paiement de la dette publique à la place du Ministère de l’Economie.

Côté bancaire, les lignes de crédit non utilisées ont été suspendues par les établissements financiers locaux, ce qui n’ira pas sans rendre difficile l’importation de nombreux biens et marchandises notamment de première nécessité à moyen et long terme.

Les symptômes de la crise économique continuent à se faire entendre, avec des rumeurs concernant certains établissements bancaires déjà affaiblis, ou encore les appels à la grève générale dans le secteur des télécommunications et notamment avec MTC Touch ou pour les hôpitaux privés. Par ailleurs, le syndicat des propriétaires de Station Essence a indiqué que les stocks sont au plus bas et pourraient même prochainement manquer, faute que la Banque du Liban ait respecté totalement ses engagements pris à fournir les précieuses devises vertes pour en permettre l’achat.

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