Le journaliste Mohamed Zabib a révélé via les réseaux sociaux, des documents de la Banque du Liban en date du 17 décembre dernier, indiquant qu’elle refuse de transmettre l’identité des 31 banques et des 228 déposants politiquement exposés ayant transféré des fonds à l’étranger après l’instauration du contrôle informel des capitaux en novembre 2019.

La Direction des affaires juridiques de la Banque du Liban estime ainsi que cette demande contredit la législation du secret bancaire actuellement en place au Liban.

Cette information intervient alors que la banque centrale a déjà refusé de transférer les documents nécessaires à la mise en place d’une procédure d’audit juricomptable de ses comptes, une des conditions préalables et nécessaires au déblocage de l’aide de la communauté internationale, déjà sous le prétexte de la législation du secret bancaire.

Une estimation de 2 milliards de dollars de fonds transférés rien que vers la Suisse

Pour rappel, le procureur général de la République, le juge Ghassan Oueidat, avait officiellement demandé dès le 30 décembre 2019 aux autorités suisses et à leurs homologues libanais, des informations concernant le transferts de fonds vers le pays helvète. À l’époque, on estimait à plus de 11 milliards de dollars les fonds transférés à l’étranger après l’instauration d’un moratoire sur les virements vers l’étranger par l’association des banques du Liban (ABL) depuis octobre dernier avec la fermeture des établissements financiers locaux suite aux manifestations du 17 octobre puis l’instauration d’un contrôle des capitaux dès novembre.

Depuis les autorités monétaires ont estimé les sommes illégalement transférées à 5 milliards de dollars

Toujours à l’époque, certaines sources évoquent la somme de 2 milliards de dollars, d’autres celle de 11 milliards de dollars qui auraient ainsi été virés sur des comptes en Suisse. Cet argent appartiendrait à des hommes politiques et des hommes d’affaires libanais qui tenteraient ainsi de faire face à une possible décote de leurs comptes au Liban ou encore au risque de voir certaines banques faire faillite.

Et la mauvaise volonté des hommes politiques et des banquiers à retransférer

Par ailleurs, la Banque du Liban avait appelé les établissements financiers locaux à augmenter leurs fonds propres à 20% des dépôts et à rapatrier 3% des sommes qu’elles détiennent auprès de leurs banques correspondantes d’ici le 28 février 2020 comme stipulé par la circulaire 154.

Cette même circulaire demande aux présidents des banques, aux membres du conseil d’administration, aux principaux actionnaires et cadres supérieurs, ainsi qu’aux clients identifiés comme des “personnes politiquement vulnérables” et qui ont transféré à l’étranger plus de 500 000 $ ou son équivalent en d’autres devises étrangères depuis juillet 2017, de déposer 30 % de ces fonds et de les bloquer pendant cinq ans.

Certaines sources ont indiqué que face à ces refus, certaines banques auraient acheté de larges quantités de dollars ces dernières semaines au marché noir, des achats ayant déséquilibré l’offre et la demande et provoqué une importante dévaluation de facto de la livre libanaise face au dollar.
Un certain nombre de ces responsables financiers ont finalement annoncé leurs démissions pour ne pas être dans l’obligation de procéder au rapatriement de leurs fonds.

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