S’il est une question que l’on pourrait se poser actuellement au Liban, c’est bien celle-ci. À l’heure où la livre libanaise poursuit sa chute vertigineuse, que la paupérisation de la population libanaise s’accélère à une vitesse choquante et que la faim frappe près de 70 % des Libanais, à quoi pouvons-nous nous attendre ? ll est quasi certain que les digues éthiques seront rompues lorsque la faim justifiera tous les moyens possibles pour trouver de quoi survivre. Cette question a été posée par Akram Nehmé, membre fondateur de Achrafieh2020, à différentes personnalités appartenant à divers milieux de la vie socioculturelle et professionnelle au Liban. Place à leurs réponses.

Daniel Abdel-Khalek- Président de l’association « Ensemble pour l’Humanité ».

Lorsque la faim frappe dans une société équilibrée économiquement et socialement, elle conduit à la solidarité humaine, à la coopération et à la cohésion sociale pour dépasser la crise. Mais si la faim frappe dans une société déséquilibrée et que les responsables de cette faim appartiennent à une certaine classe sociale, à savoir les dirigeants, les nobles, les féodaux, les marchands monopolistiques, etc. qui n’assument pas leurs responsabilités, la violence devient une conséquence naturelle et inévitable et je cite les mots du Prophète. صلى الله عليه وسلم : « Si on leur demande de ne pas gâcher la terre, ils répondraient, nous ne sommes que des réparateurs », ainsi que les mots de son compagnon qui nous a répété à plusieurs reprises : « Je suis étonné par ceux qui n’ont pas trouvé leur pain du jour et ne sont pas sortis brandissant leur épée ». 

Martin Accad – Directeur de l’« Institute of Middle East Studies – Arab Baptist Theological Seminary »

Oui, certainement la faim peut engendrer la violence. La faim commence par engendrer une révolution populaire. Lorsque la société affamée doit faire le choix entre un ennemi invisible tel que le virus COVID-19 et un ennemi non seulement visible, mais aussi ressenti profondément intérieurement et dans les yeux de nos enfants, l’ennemi invisible sera ignoré. C’est ce qui commence à émerger au Liban. Nous observons un retour à la révolution d’octobre qui ignore le danger de la pandémie. 
Lorsque le gouvernement s’efforce à punir les commerçants qui augmentent leurs prix pour survivre, ou de coller des amendes aux travailleurs journaliers qui tentent leur chance pour nourrir leur famille, au lieu de leur offrir des subventions financières, cela va certes mener à la violence. 
Tant que notre système continue à s’intéresser presque exclusivement à assouvir les besoins de notre classe politique et financière kleptomane, notre pays reste certainement en danger de dégénérer vers la violence.

Philippe Aractingi, cinéaste

La question est directe et semble induire une réponse affirmative. La faim figure certainement parmi les causes de conflits et son impact varie en fonction des pays et des contextes. A Haïti par exemple, les « émeutes de la faim » ont permis à la rue de renverser le gouvernement en 2008.  
La faim est un manque, un vide incommensurable qui se produit au centre même du corps humain, dans son estomac, son système digestif et donc par extension, le centre de ses émotions. Car les émotions et le système digestif sont intimement liés. Le ventre est l’épicentre de nos émotions. On l’appelle notre « deuxième cerveau ». Et si celui-ci est vide, avide de nourriture, il peut sans aucun doute perdre la raison.  
Mais pour qu’il y ait violence, il faut à mon avis, de la colère et de la frustration. Seul le sentiment d’injustice peut nous amener, du moins au Liban, à la violence. Sommes-nous arrivés à ce stade ? On peut en douter malgré le formidable mouvement de manifestations qui a débuté en octobre 2019.*. Car le peuple libanais est encore très profondément lié à son appartenance, son allégeance à sa communauté religieuse et à son leader politique. 
Pour qu’il s’en défasse, il lui faut plus que de la faim ; il lui faut le courage de l’infidélité.

Élie Bekhazi- Photographe

Quand la faim s’installe, tout est possible : vol, casse, violence, meurtre, tout est probable, surtout quand le peuple se voit voler tous ces droits, son argent, sa dignité, son usufruit. Quand il est témoin de l’enrichissement illégal de ces dirigeants de leur mode de vie extravagant, de leur mauvaise gestion et la dilapidation des fonds publics.

Maguy Nasser Hage – Orthodontiste

Devoir se nourrir pour survivre est paradoxalement un acte de violence camouflé ou pas, conscient ou inconscient. 
Ce besoin primaire, vital pour tout organisme vivant, a instauré depuis les premiers balbutiements de la vie une relation de prédateur/proie semant hostilité et crainte entre les êtres et déterminant par conséquent leur comportement socio -économico-environnementalo-politique et par la suite, leur devenir ainsi que celui de leur milieu. 
La faim non assouvie signifie une menace de mort, elle induit donc un sentiment de peur, d’impuissance et d’insécurité, la crainte de se voir basculer en position de proie (au sens propre et figuré).
Face au danger tout organisme réagit par réflexe de survie en se mettant en
position de défense soit pour fuir soit pour attaquer, ou au pire s’autodétruire, d’où violence. 
Au cours de l’évolution, pour l’homme, se nourrir devient un droit acquis, il est synonyme de plaisir, de liberté de choix, d’art de lieu de créativité, de partage, voire d’opulence et de sociabilisation.       
Le besoin se développe et devient plaisir. 
Mais la division inégale des richesses, ou suite à des événements graves telles les pandémies, les guerres, les crises économiques, la faim refait surface, touchant et menaçant les plus démunis, réveillant la peur archaïque confinée dans l’inconscient collectif, d’une éventuelle régression à l’état primitif. 
La guerre du besoin et de la privation contre le plaisir et l’abondance. 
La faim n’est plus alors uniquement une sensation désagréable ou une lutte pour la survie elle devient aussi le symbole d’une fissure sociale ségrégative, suscitant chez qui la subit le sentiment de sous-homme dépendant d’autrui ou celui de laissé pour compte.
Ce qui peut conduire à une violence exprimant la révolte contre un système ressenti comme injuste, la rage contre l’inégalité, l’indifférence et l’oubli, voire un hurlement d’indignation contre l’essence même d’exister et de porter en soi ce besoin maudit comme une tare. 

Aimée Nasser  Karam, Psychologue clinicienne et psychothérapeute

La faim suscite la peur, l’insécurité, l’impuissance et un profond sentiment d’injustice. Ces émotions, lorsqu’elles persistent, induisent des réactions de panique, de détresse, mais aussi de colère et de violence.

De nombreuses crises humanitaires dans le monde ont mis en évidence des actes
de criminalité liés à la faim et aux carences de nourriture, ainsi que l’émergence de cellules extrémistes et abusives, manipulant les plus vulnérables. C’est un défi au pacte social. Nous pouvons observer alors, un climat d’impulsivité et de violences interpersonnelles qui enclenche un cercle vicieux et infernal de conflits, associés à la pauvreté, au chômage, à une rupture dans l’éducation et d’autres épreuves, multiples. Or une paix durable est entre autres intimement liée au fait qu’aucun enfant ne puisse aller à l’école le ventre vide. C’est le plus grand investissement que nous puissions faire pour bâtir une société prospère, saine et stable.
Ainsi, combattre la faim, en créant dans le moment et la durée, une assistance pour assurer la sécurité alimentaire, permet aux individus et aux communautés d’accroître leur résilience aux conflits et vice-versa.

Hussein Khachfe- Général des FSI

Dans la faim, il y a une dynamique qui fait que l’individu refuse d’admettre son état. C’est un acte de volonté extrême, inexplicable.
Le droit à la nutrition, tel que cité dans la convention internationale des Droits économiques, sociaux et culturels, article 11, est un facteur essentiel pour une vie digne et un élément vital pour tant d’autres droits tels que la santé, la vie. L’importance de la nutrition n’émane pas uniquement du fait qu’elle est vitale, mais aussi de son importance pour le bon développement de toutes les capacités physiques et mentales de l’Homme. Sa carence peut causer une perversion comportementale.
La pauvreté est la cause de la faim : aucune personne raisonnable ne s’imposera la faim se elle a de la nourriture ou de l’argent. La pauvreté est considérée comme la cause principale du développement du caractère criminel si l’individu n’a pas des principes et des valeurs ancrés en lui. C’est la grande porte qui permet au terrorisme de se trouver un foyer accueillant.
La violence revêt plusieurs formes. Elle peut être criminelle comme le vol, l’usage des drogues, le terrorisme ou un abus physique envers des membres de la famille, agressivité envers épouse et enfants, comme la violence peut être verbale, matérielle ou émotionnelle/psychique/mentale.
La faim et la pauvreté peuvent donc pousser l’homme à commettre des actes de violence pour se procurer de la nourriture, notamment celui qui a d’autres personnes à charge, telles que des membres de famille, surtout que la faim est un des déclencheurs de la colère et la colère est la clé de l’insanité, ce qui empêche l’homme qui a faim à pouvoir contrôler ses actes. Les statistiques à ce sujet montrent généralement la croissance du taux de criminalité dans des conditions économiques difficiles en comparaison aux conditions de vie relativement aisée.
Voilà pourquoi, en luttant contre la faim, nous diminuons la violence et le taux de criminalité baissera. C’est le devoir de tous, chacun dans son domaine et ceci doit être une décision (décret) non un choix. En rappel, la citation : « Si la famine était un homme, je l’aurais assassiné ».
Au sein de la police communautaire (locale/sociale/publique), chaque officier a pour devoir de surveiller sa région et de rapporter les cas de pauvreté et de faim afin de traiter ce « vice » en amont, pour réprimer la violence et éviter le crime.

Roy Madkour – Avocat

Pour répondre au sujet philosophique, j’ai pensé au proverbe français bien connu : 
La FIN justifie les moyens en posant le dilemme suivant :
Si la FIN justifiait les moyens, qu’en est-il de la FAIM ? Surtout qu’on a rarement les moyens quand on a faim comme l’a si bien dit le romancier et nouvelliste Jacques Sternberg.
Durant ma carrière de pénaliste, j’ai eu à traiter une multitude de cas criminels, mais sans le moindre doute, les plus pesants moralement sont ceux où l’on est amené à défendre un cas que j’appelle social : Un membre d’une famille qui commet un crime afin d’assurer les matières essentielles à sa survie ou celle de sa famille. Toutes les constantes s’évaporent : Les lois deviennent secondaires, le juge un homme justiciable et la justice un mirage qui disparait à l’horizon.
Une problématique pénale de taille vous confronte, le vol d’une boulangerie est-il égal au vol d’une banque ? Les deux vols sont pourtant sanctionnés par les mêmes fondements juridiques et peuvent aboutir à la même condamnation. Est-ce juste ? C’est pourtant la justice des hommes.
Cependant, le législateur, conscient de la nécessité de faire régner l’équité, a doté le juge pénal d’un pouvoir discrétionnaire assez particulier qui lui permet de bien évaluer les circonstances du crime avant d’infliger la sanction au « criminel ».
C’est ainsi que l’article 253 du Code pénal libanais donne au juge la faculté de réduire les peines en la présence de causes atténuantes, terme très flexible et laissé à la libre discrétion du juge. Sûrement, il y a d’autres articles qui régissent l’exemption de la sanction et les cas d’impunité.
La faim et la violence sont souvent liées, la sécurité alimentaire est souvent mise à mal à cause des conflits armés. Provoquées par l’homme ou par les facteurs naturels, les crises alimentaires sont source de violence, cette violence peut être justifiée et défendable surtout quand elle trouve sa source dans le vol de ressources élémentaires par les politiques.  
Du moment que vous avez faim, tous les moyens sont bons pour trouver le pain, car selon l’adage bien connu : « débrouiller n’est pas voler ».

Ziad Majed- Politologue

La faim est en soi une forme de violence inouïe pour ceux et celles qui la subissent. Elle incarne et amplifie les maux d’un système de domination, de corruption et d’injustice sociale. Elle peut à son tour générer d’autres formes de violence : une colère et des actes de vandalisme causant des troubles à un ordre public déjà perturbé ; un désespoir ou une frustration menant à des actes suicidaires ; des attaques contre des institutions ou contre des personnes jugées responsables (à tort ou à raison) de la sévère détérioration des conditions de vie (et de survie). Mais la faim peut créer aussi une démission de la vie publique, voire une soumission, profitant souvent aux réseaux de clientélisme et de servitude, et donc au système et ses ténors qui sont à son origine. Ainsi, la faim est dans son essence et dans ce qu’elle pourrait engendrer l’une des expressions les plus criantes de la violence.

Antoine Nasri Messara – Professeur titulaire de la Chaire UNESCO d’étude comparée des religions de la médiation et du dialogue – USJ.

1. La faim engendre, en raison des perturbations dans tout l’organisme, une violence dans l’unité physique-psychique de la personne. La personne se trouve dans un état de dislocation, de séparation des parties de l’organisme d’un tout cohérent, et vit la violence en elle-même.
2. Quand la faim concerne encore la famille, les enfants, les proches, elle exerce la plus forte pression sur la volonté de la personne censée subvenir aux besoins élémentaires de la famille. 
3. La faim engendre en société les situations les plus graves d’insécurité auxquelles des efforts de solidarité tentent partiellement d’y remédier. 
Les cadres juridiques et judiciaires traditionnels et répressifs qui servent à domestiquer la violence deviennent inopérants. La justice elle-même, la justice sociale, est alors toute remise en question. 

Toutefois, les traditions nationales libanaises d’entraide, de awnî, et aussi de débrouillardise et de recours à des moyens alternatifs (agriculture, élevage…) peuvent contribuer à limiter les effets les plus néfastes de la violence.  
4. Il faut cependant distinguer entre violence sociale, engendrée par la faim, et violence politique. La faim peut engendrer une violence politique contre l’autorité en place et risque du virer, à défaut d’une gouvernance rationnelle ou si l’autorité en place manipule l’insurrection pour se maintenir : la pagaille ou la pérennité du régime en place !

Cheikh Mohamed Nokkari- Juge « chérié »

Selon une tradition ancienne, qui, à force d’être répétée, devient un proverbe utilisé très souvent dans les pays d’Orient : « la pauvreté peut conduire à l’apostasie », dans le sens où la pauvreté est synonyme de la faim, et la faim conduit à la violence, et de la violence naissent les péchés.      
Il est acquis que la privation involontaire de la nourriture peut être un puissant motif de violence, pour trois raisons :
– La première : l’impulsion biologique de la privation de la nourriture diminue le contrôle de la pensée consciente de l’homme.
– La deuxième : le sentiment de la privation de la nourriture augmente le sentiment de vengeance chez l’individu contre ceux qu’il imagine être la cause de sa pauvreté et de sa privation de ses droits à vivre convenablement, dès lors qu’il pourra planifier des actes de violence contre cette classe qu’il désigne comme étant des riches voleurs et escrocs.
– La troisième raison : la personne privée constamment de nourriture va au-delà des mesures théoriques précédentes, pour soupçonner l’État et les dirigeants du pays de ne pas prêter attention à sa situation, dès lors qu’il procèdera à adopter une de ces trois attitudes :
1. Il va chercher par tous les moyens à trouver du travail, même pénible, qui lui assure le minimum de nourriture.
2. Il va immigrer vers les pays plus riches pour travailler.
3. Il va s’orienter vers la violence et les actes qui lui procurent de l’argent sans se soucier de la nature illégitime du travail. Les exemples sont très nombreux allant du simple pickpocket, jusqu’à sombrer dans la délinquance, commettre des meurtres et devenir un grand criminel.      

Riad Obegi- Banquier

La faim n’engendre la violence que dans la mesure où elle est perçue comme violence. La violence engendre la violence et elle engendre aussi la faim.

Charles Saab- Endocrinologue

La question n’est pas suffisante. Elle devrait s’appuyer sur un contexte sociétal, éducatif, religieux et circonstanciel. En plus de la génétique et de l’épigénétique correspondantes à la personne et à la situation et des réactions hormonales adéquates (réactions décrites par Seyle). Les réactions peuvent être du tout ou rien dans ce contexte. Donc toute généralisation ou effet de masse n’est pas justifié.

David Sahyoun – Psychanalyste 

La faim fait partie des pulsions de vie présentes dans chaque être humain dès sa naissance. Elle constitue un des besoins primaires sans la satisfaction desquels aucune existence humaine ne se conserve. Mais chez l’homme et la femme culturellement déterminés, la faim ne se réduit jamais à la simple satisfaction biologique. Elle s’associe d’emblée à d’autres faims, d’autres soifs, indissociables les unes des autres : soif et faim d’amour, d’amitié, de liberté, de sécurité, d’indépendance, de solidarité, de connaissance, d’interaction avec l’environnement humain et physique, de projection dans l’avenir, etc. 
Dès lors qu’un sujet se trouve impuissant à assouvir ces faims-là, il se ressent menacé à la fois dans son existence biophysique, psychique et sociale, face au danger de la domination de la pulsion de mort. Dans ces cas-là, sa révolte devient une réaction saine pour maintenir sa force vitale. Elle est même nécessaire afin de l’empêcher de retourner la pulsion de mort contre lui-même. 
La révolte se transforme en violence individuelle ou collective lorsque des citoyens ne trouvent aucun écho bienveillant auprès des entités politiques censées déployer une justice sociale veillant à la satisfaction de leurs besoins les plus essentiels. La violence s’avère inéluctable dans un pays comme le nôtre, régi par une kakistocratie pervertie dont le seul objectif est celui des rapaces : le dépeçage des citoyens pour se repaître de leurs oripeaux.

Bassam Tourbah- Ancien ambassadeur

Pas seulement la faim, mais tout sentiment d’injustice ou d’indifférence. Ce n’est peut-être pas la faim en soi qui engendrera la violence, mais la « nécessité » de ce besoin urgent et vital qui peut amener jusqu’à même l’assassinat. 
La faim, une urgence médicale non prise en compte, et quelquefois un fait divers qui paraît banal pour nous, mais essentiel pour l’autre peut créer un tel sentiment d’injustice qui peut engendrer une violence verbale ou physique.

Michele Zanzucchi- Journaliste italien établi au Liban.

La réponse ne peut pas être univoque. En effet il y a ceux qui pâtissent la faim d’une façon structurelle, et qui n’ont même pas la force de chercher à manger, de quoi nourris soi-même et sa famille. Et il y a ceux qui, à cause d’une guerre, d’une crise politique ou économique, ou à cause de graves injustices, se retrouvent soudain avec la table vide. Ce sont ces gens-là qui risquent le plus de na réussir à contenir leur rage et arrivent à commettre des actes de violence, la plupart du temps simplement pour manger, non pas pour voler. Or, il faut savoir que les minorités créatives font l’histoire : souvent peu de gens, motivés dans leur révolte par l’injustice, la corruption et la richesse excessive, par la mauvaise gestion de la chose publique, arrivent à coaguler la protestation sociale et finissent par créer les révolutions.