Les fonds déposés par des ressortissants libanais ont plus que doublés en 2020 en Suisse, indique la Banque Nationale Suisse. Ils passent ainsi de 2.7 milliards de Francs Suisses à 6.46 milliards de Francs Suisse, au plus haut depuis le début de ces rapports en 1996.

Cette information intervient sur fond de rumeurs au Liban concernant d’importants transferts de fonds détenus par des hommes politiques ou encore d’importantes personnalités locales en direction de la Suisse suite aux évènements d’octobre 2019.

Pour rappel, le procureur général de la République, le juge Ghassan Oueidat, avait officiellement demandé dès le 30 décembre 2019 aux autorités suisses et à leurs homologues libanais, des informations concernant le transferts de fonds vers le pays helvète. À l’époque, on estimait à plus de 11 milliards de dollars les fonds transférés à l’étranger après l’instauration d’un moratoire sur les virements vers l’étranger par l’association des banques du Liban (ABL) depuis octobre dernier avec la fermeture des établissements financiers locaux suite aux manifestations du 17 octobre puis l’instauration d’un contrôle des capitaux dès novembre.

Depuis les autorités monétaires ont estimé les sommes illégalement transférées à 5 milliards de dollars

Toujours à l’époque, certaines sources évoquent la somme de 2 milliards de dollars, d’autres celle de 11 milliards de dollars qui auraient ainsi été virés sur des comptes en Suisse. Cet argent appartiendrait à des hommes politiques et des hommes d’affaires libanais qui tenteraient ainsi de faire face à une possible décote de leurs comptes au Liban ou encore au risque de voir certaines banques faire faillite.

Une enquête ouverte depuis en Suisse pour blanchiment d’argent

Depuis, le gouverneur de la Banque du Liban aurait vu ses biens gelés en Suisse suite à la découverte de documents détaillant des mouvements de fonds entre le Liban et la Suisse qui auraient été opérés par Riad Salamé et son frère. Les hommes sont ainsi accusés de blanchiment d’argent depuis 2002.

Les autorités suisses notent ainsi que 300 millions de dollars auraient été transférés sur base sur base un contrat daté du 6 avril 2002 entre la Banque du Liban (BDL) et la société Forry Associates Ltd, enregistrée à Tortola aux îles Vierges et disposant d’un bureau à Beyrouth, dont le bénéficiaire économique serait Raja Salamé, mettant ainsi en évidence un détournement de fonds de la Banque du Liban au bénéfice de ce dernier.

Des commissions à hauteur de 247 millions de dollars auraient été ainsi versées le 6 avril 2002 en retour sur le compte personnel de Raja Salamé. 207 millions auraient été ensuite versés aux bénéficiaires de comptes dans les banques Bankmed, la Banque Misr Liban, le Crédit Libanais, la Banque Audi et la Banque Saradar au titre de “dépenses personnelles”. Le gouverneur de la BdL lui-même aurait reçu plus de 7 millions de dollars en provenance du compte HSBC de Forry Associates. Le 5 avril 2012, Riad Salamé aurait demandé à la banque zurichoise de transférer des obligations du trésor libanais à hauteur de 153 millions de dollars à la Banque Audi Suisse à Beyrouth “avec une signature personnelle”, entrainant les autorités suisses à surveiller les mouvements de ces comptes, confirmant selon les enquêteurs leurs soupçons concernant des détournements de fonds.

10 millions de dollars auraient même été versés sur des comptes personnes appartenant à Riad Salamé au titre d’une société fictive, “Westlake Commercial Inc”, dont les comptes seraient hébergés également par la banque suisse Julius Baer

Le gouverneur de la Banque du Liban disposerait de 50 millions de dollars en Suisse ainsi que de nombreux bien immobiliers.

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Autre problème, la société en question serait inconnue au Liban et n’aurait pas agi dans le cadre du contrat, indiquent certaines sources judiciaires.

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