Le Courant Patriotique Libre a accusé hier le premier ministre désigné de vouloir former un gouvernement où plus de la moitié des membres seraient ses partisans, indiquant que le tiers de blocage ne serait pas en réalité la source des différends actuels entre Présidence de la République et ce dernier. “Personne n’a demandé de tiers de blocage”, estime le CPL, à l’issue de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire.

Le CPL estime que cette manoeuvre du premier ministre viserait à éviter la procédure d’audit juricomptable, allusion à celle qui devrait se dérouler au sein de la Banque du Liban, avant de souligner la nécessité de la formation d’un gouvernement qui “respecte les règles du Pacte national et de la spécialité”, chose qui ne serait pas le cas des propositions de Saad Hariri.

Qu’est-ce qui empêche la formation d’un gouvernement de 20, 22 ou 24 ministres si cela lui accordait la condition de spécialité ?

Notant que la liste fournie par le bureau de Saad Hariri était celle proposée en décembre dernier, le CPL s’interroge sur le fait que ce dernier accorderait à toutes les communautés religieuses le droit de nommer leurs ministres sauf à la communauté chrétienne.

Cette prise de position intervient suite à celle des anciens premiers ministres en faveur de Saad Hariri.

Les anciens premiers ministre ont apporté leurs soutiens respectifs au premier ministre désigné Saad Hariri dans son bras de fer avec le Président de la République, lors d’une réunion qui s’est déroulée à la Maison du Centre, estimant que la balle est désormais dans le camp du chef de l’état et que la démission du parlement n’est pour l’heure pas sur la table. 

Etaient présents, outre Saad Hariri, Fouad Saniora, Nagib Mikati, et Tamam Salam. 

Ils ont estimé que Saad Hariri s’est montré patient et aurait “agi avec beaucoup de responsabilités et adhéré à la constitution en respect total avec celle-ci. 

Ils estiment que les propositions de composition présentées par celui-ci ne sont pas intransigeantes mais répondent aux demandes du peuple libanais et “des frères et amis dans le monde”. 

La balle est désormais dans le cas du Président de la République et c’est à lui de décider, estiment-t-il, écartant par ailleurs la démission du parlement “pour l’heure” avant d’appeler le premier ministre désigné à persister dans son attitude décrite “comme nationale, ferme et constitutionnelle, spécialement pour restaurer un état capable, juste et libre”. 

Les 4 anciens ministres appellent ainsi à la formation rapide et immédiate d’un gouvernement de sauvetage avec une mission spécifique composée de ministres qualifiés et indépendants. 

Hier, le premier ministre désigné Saad Hariri a accusé le chef de l’état de vouloir obtenir un tiers de blocage à l’issue d’une 18ème réunion. Le message d’Aoun est inacceptable parce que le Premier Ministre désigné “n’est pas censé remplir les papiers pour qui que ce soit”, jugeait alors le premier ministre désigné, “mais est celui qui forme le gouvernement”. “J’ai informé Aoun que je considérerai que je n’ai pas reçu la lettre de sa part et je la lui ai retournée”, a-t-il poursuivi, avant d’indiquer avoir remis sa proposition de répartition il y a 100 jours et être prêt à toute modification et compromis y compris au sujet du ministère de l’intérêt, accusant le chef de l’état de souhaiter obtenir un tiers de blocage au sein de son cabinet.

Son bureau a également publié la liste de ministrables présentée par lui en décembre dernier. 

La Présidence de la République avait alors répliqué, publiant ainsi à son tour un document concernant la formation du prochain cabinet et comportant un mécanisme de nomination de 20 ministres sans nom donc sans tiers de blocage contrairement aux accusations du premier ministre désigné Saad Hariri.

La méthode pour former un gouvernement est connue par le premier ministre, estime la Présidence de la République qui souligne que ce dernier avait déjà composé 2 gouvernements sous le mandat du Président actuel, le Général Michel Aoun. Il accuse également Saad Hariri d’avoir présenté, jusqu’à présent des listes incomplètes, l’accusant ainsi indirectement d’avoir saboté le processus de formation de ce cabinet pourtant nécessaire face à la crise économique que traverse actuellement le Pays des Cèdres.

La présidence a également dénoncé la publication par le premier ministre d’une liste de ministrables présentée par lui, le 9 décembre 2020, sans être approuvée par le Palais de Baabda.

Certaines sources estiment que Saad Hariri pourrait retarder l’annonce de formation d’un prochain gouvernement jusqu’à juin prochain, afin d’éviter de porter la responsabilité de la fin du programme de subvention à l’achat des produits de première nécessité et ainsi la dégradation brutale et attendue de la Livre Libanaise qui pourrait alors se produire. 

Pour rappel, le Liban est sans gouvernement depuis le 10 août dernier, suite à la démission du gouvernement Hassan Diab. 

La formation d’un nouveau gouvernement est considéré comme une des conditions préalable à la relance des négociations avec le Fonds Monétaire International afin d’obtenir un déblocage de l’aide financière de la communauté internationale face à la crise économique que traverse le Liban.

1 COMMENTAIRE

  1. « Saad Hariri … accorderait à toutes les communautés religieuses le droit de nommer leurs ministres sauf à la communauté chrétienne ».
    Rétablissement du statut de ZIMMIS? Retour au temps des Ottomans?

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