Le Liban agit et s’exprime de manière libre et indépendante

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Riad JREIGE – La chute politique du gouvernement de Saad Hariri, la nomination de celui de  Mikati et le début des séances de travail dans tous les domaines et secteurs de la vie politique et économique du pays représentent une preuve que le remède contre la corruption a bel et bien débuté.

Après le retard monstre qu’il a accumulé, les années de guerre durant et après jusqu’en 2010, le Liban est sur le point de devenir le pays arabe le plus en avance sur plusieurs plans. Tout d’abord, celui politique par l’exercice d’une démocratie adaptée à la réalité sociologique du pays, en passe de devenir exemplaire. Puis, la lutte contre la corruption en s’attaquant aux dysfonctionnements dans le domaine public en  rétablissant, petit à petit, le droit à l’égalité des chances dans l’ensemble des domaines dont ceux dans les administrations  publiques.

Désormais, chaque ministre s’occupe de son domaine à plein temps ainsi que de son ministère, en luttant contre la corruption qui le concerne, en nommant durant les conseils de ministres, qui deviennent hebdomadaires, voir pourquoi pas plurihebdomadaires, les hauts fonctionnaires choisis en fonction de leurs compétences et non en fonction de leur appartenance communautaire, en appliquant les lois, ou en les votant avant de les appliquer quand celles-ci sont désuètes, ou n’existaient pas encore,  elles sont alors remplacées par des lois modernes et adaptées.

Beaucoup de chantiers ont démarré, celui de l’eau potable est en place, celui de l’irrigation et de l’agriculture l’est également, la délimitation des frontières terrestre et maritime est en place, celui des télécommunications,  la sécurité du pays par la double voie armée et résistance concoctant la stratégie de défense que le Liban a déjà adoptée.

La réconciliation nationale accompagne la fin de la corruption. Le patriarche maronite Raï accompagne cette mutation par un discours clairvoyant, à distance des dissensions politiques partisanes, en mettant en avant la réalité pluricommunautaire du pays, en insistant sur le pardon et en accompagnant le président de la République dans son rôle conciliateur vis à vis des différents courants politiques à caractère communautaire.

La voix du Liban va se faire entendre parce que son gouvernement est uni ce qui lui confère une certaine immunité contre les ingérences étrangères. Les guerres subites par le Liban ont appris à ceux qui ont actuellement, pour un certain temps, la destinée du Liban entre les mains que le communautarisme primaire et la corruption laissent le champ libre à la peur, l’insécurité, l’ingérence étrangère et la guerre.

C’est en ces termes que doit être comprise la décision du Liban de ne pas s’associer à la condamnation à l’ONU de la Syrie.

Les palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ont fini par comprendre que sans l’unité, aucune pression n’est possible sur quelque puissance que ce soit, pour faire admettre la réalité de leur spoliation territoriale et pour faire reconnaître, sans plus tarder, sa réalité politique.

La demande de reconnaissance officielle la Palestine comme pays indépendant et libre au sein de l’Organisation des Nations Unies devrait se faire en septembre lors de l’assemblée générale à New York.

La réalité de la Syrie est différente de celle du Liban et de celle de la Palestine.

La dictature du clan Assad est réelle et omniprésente depuis plus de 30 ans. Les morts violentes en Syrie sont également une réalité depuis 4 mois.

Le problème, c’est la propagande véhiculée par les médias occidentaux, ou proches de ceux-là, qui ne laisse que peu de place à une vision plus objective de la réalité du terrain, qu’elle ait été orchestrée par le pouvoir en place ou par l’Occident.

L’armée syrienne bombarde des villes “martyres” comme Hama, Homs, Daraa, etc., sous entendu que, des massacres sont perpétrés par l’armée syrienne à l’encontre de la population civile. C’est le message qui est véhiculé, ne pouvant laisser les démocraties occidentales sans réaction face à une telle barbarie à l’encontre de la population civile, sans défense.

Les politiques en Occident, à l’instar d’Alain Juppé ou d’Hilary Clinton, ministres respectifs  français et américain des affaires étrangères, parlent même de démettre Bachar el Assad de sa position de chef de l’Etat syrien. Il est attendu de l’Arabie Saoudite qu’elle condamne le régime syrien. Rappelons que l’allié américain dans la région, à part Israël, est la Monarchie saoudienne. Pourtant cette monarchie est loin d’être un modèle de démocratie.

Les USA et l’Occident en général se donnent comme mission “brutale” de défendre leurs valeurs politiques, à l’image de l’Irak ou de l’Afghanistan où les troupes de la coalition ont voulu instauré la démocratie avec les résultats que l’on connaît, en incitant aux soulèvements, même si ceux-ci sont condamnés, soit à faire tomber le dictateur sans faire tomber la dictature, soit à l’immobilisme malgré les bombardements de l’OTAN comme en Libye.

Une chose est certaine, tant que l’armée syrienne continue de ne pas désobéir aux ordres qu’elle reçoit de la part de sa hiérarchie, comme c’est le cas depuis plus 4 mois et malgré les 2000 morts recensés par la communauté internationale, il n’y a aucun changement, à espérer, conforme à l’idée occidentale de ce changement.

Le président syrien promet et vote des lois censées aboutir à des changements dans un but d’ouverture vers le multipartisme au sein de la société syrienne. Faut-il  l’écouter ? S’agit -il de la poudre aux yeux  ?

Faut-il condamner le pouvoir syrien en place pour ce qu’il est ou pour sa constance aux mains d’un clan, de surcroît  alaouite ? Est-ce à la communauté internationale d’entamer le changement en Syrie ou n’est-ce que la poursuite d’un changement régionale déjà entamé ? Est-ce à la communauté internationale à faire entrer des armes en Syrie ? A faire tomber le régime baasiste en place ?  A promettre une démocratie ? etc.

Quel est l’objectif d’un scénario qui chargerait la communauté internationale de tous ces changements, est-ce pour asseoir la démocratie en Syrie ? Ou pour affaiblir le régime, l’empêchant d’alimenter le Hezbollah au Liban pour espérer  affaiblir ce dernier  afin qu’il ne représente plus de menace sur Israël ? Ou affaiblir  l’allié de l’Iran avec le même objectif ?

La frontière de la  Syrie avec la Turquie, qui s’émeut de ce qui se passe en Syrie, est bien plus longue qu’avec le Liban. Celle avec l’Irak est également longue.

Pourquoi les USA et l’occident ne transitent-ils pas leur politique par là ?

Le Liban, en effet, n’est pas le tremplin pour déstabiliser le pouvoir syrien comme l’a dit Sayyed Hassan Nassrallah.

Il n’est d’ailleurs à la solde d’aucun régime de la région comme l’a dit Saad Hariri.

Le Général Michel Aoun a dit que la solidarité entre la résistance, l’armée et le peuple vaincra à la fois le projet d’Israël et toute tentative de déstabilisation qui joue de la désunion.

Le Liban n’a décidément aucun intérêt à s’immiscer dans les affaires syriennes qui le dépassent, ni à participer à une quelconque manipulation dont il a été si longtemps l’objet et dont il ne connaît que trop bien les conséquences dramatiques sur la coexistence pacifique entre des communautés qui sont faites pour vivre ensembl

Dr Riad JREIGE

Montpellier – France

08/08/2011

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