Temple dédié à au dieu phénicien de la guérison Eshmoun, il se situe à peine à un kilomètre de la ville de Saïda au Sud Liban.

Il est aujourd’hui inscrit sur la Liste indicative du Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO en raison de son importance archéologique.

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Qui était Eshmoun?

À l’origine, un jeune chasseur originaire de Qabr Chmoun à proximité de ce qui deviendra Beyrouth et dont Astarté était devenue follement amoureuse, Eshmoun dû se mutiler pour échapper à la Déesse. Cependant, il en mourra.
Astarté lui rendra alors la vie.
Cette histoire rappelle donc celle de la légende d’Adonis.

Il sera assimilé à Asclépios chez les Grecs et Esculape chez les Romains. Aujourd’hui encore, Echmoun demeure un symbole important de la Médecine. En effet, c’est son caducée qui est encore d’usage comme symbole: il s’agit des deux serpents enroulés autour d’un bâton.

À l’origine de ce symbole largement utilisé aujourd’hui comme symbole des médecins, une plaque en or trouvée près du temple d’Echmoun où se trouvent être représentés la déesse de la santé, Hygie, et le dieu Echmoun tenant dans la main droite un bâton autour duquel s’enroule un serpent. 

L’Importance du Temple d’Eshmoun à Saïda

Echmoun deviendra également le Patron de la ville phénicienne de Saïda qui organisera un important pèlerinage à sa proximité. Le choix de l’emplacement serait motivé par l’existence du fleuve Al Awali qui s’écoule à proximité et d’une source utilisée pour les bains rituels.

C’est durant le règne du roi de Sidon Eshmounazar II – dont le sarcophage se trouve aujourd’hui au Musée du Louvre – durant l’époque achéménide que débutera la construction de ce temple.

Le site a fait ensuite l’objet de nombreux remaniements et ajouts entre la fin du VIIème siècle avant Jc. jusqu’au VII – VIIIème siècle après Jc.
On y trouve ainsi différents styles, allant d’une influence perse, grecque hellénique ou encore romaine.

Le temple ne sera découvert qu’en 1900 par des pilleurs de trésor. Rapidement, des fouilles officielles seront mises en place pour conserver la nouvelle découverte.

C’est alors que Maurice Dunand, un archéologue français qui s’occupait également du site archéologique de Byblos, fouilla minutieusement le site de 1963 jusqu’au début de la guerre du Liban en 1975. 

Les artéfacts du Temple d’Echmoun auront encore à subir encore leurs lots de vols. Ainsi, alors qu’une partie de ses collections avait été mise en sécurité à Byblos par le directeur de la DGA Maurice Chéhab, en raison de sa proximité avec les camps palestiniens et la forte probabilité des vols sur le site lui-même, 600 de ces pièces, qui y étaient entreposées, seront volées en 1981 et revendues sur le marché noir. Seules 9 d’entre elles ont été depuis retrouvées en 2009 et ont été rendues au Liban. 4 d’entre elles sont exposées au Musée National après avoir été rapatriées des Etats-Unis en 2018.

Les pièces volées récupérées

Le Plan du Site

Fig. 2. – Sidon, sanctuaire d’Echmoun, plan. Source: https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2012_num_156_2_93623
Sidon, sanctuaire d’Echmoun, plan. Source: https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2012_num_156_2_93623

Le site est aujourd’hui en mauvais état et présente outre le podium et le temple lui-même, des mosaïques et des citernes qui servaient aux bains rituels.

Parmi les éléments remarquables toujours en place, une série de colonnes romaines du IIIème siècle après Jc, construite par l’Empereur Septimius Severus.

C’est au moment du Paléo-christianisme que le site sombrera petit-à-petit dans l’oubli. Ses pierres serviront d’abord à réparer les structures endommagées par un tremblement de terre en 570 après Jc.
Le culte d’Echmoun sera même interdit ensuite lors de la persécution paganiste alors que s’éteignait l’Empire Romain. Cependant, le temple ne sera pas dévasté comme le temple d’Astarté d’Afqa.

Puis une église byzantine, située à proximité, réutilisera une partie de ses matériaux. Ce sont les mosaïques de cette église que nous pouvons voir sur les lieux.

Cette pratique de réutilisation des matériaux perdurera jusqu’au 17ème siècle, avec la réutilisation des pierres pour l’édification d’un pont durant le règle de l’Emir Fahr al Din II qui souhaitait faire de la ville de Saïda sa capitale économique.

La tribune ou le Podium du temple d’Echmoun

Dans le temple d’Echmoun, a également été retrouvé un Podium Monumental composé d’un bloc monolithe de marbre originaire de Grèce et aujourd’hui conservé au Musée National de Beyrouth. Il a été mis en place par le Roi Echmounazar II au cours du Vème siècle avant JC et alors que Saïda était sous influence Achéménides.

Selon les études archéologiques effectuées, il sera cependant agrandi par le Roi Bodashtart.

Y figurent les dieux grecs sur les nombreux bas-reliefs qui se trouvent sur chaque côté. Les figures semblent avoir été vandalisées au niveau des visages notamment.

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Les trônes d’Astarté du Musée National

Trouvés au temple d’Echmoun et aujourd’hui exposés au Musée National de Beyrouth, les trônes d’Astarté sont généralement datés des époques perses, hellénistiques et romaines. La déesse est représentée par ses animaux attributs comme les sphinx ailés, la palmette ou encore un bétyle ou une pierre symbolisant la divinité.

Les ex-voto du temple d’Eschmoun également exposés au Musée National

Aujourd’hui exposées au musée de Beyrouth, les ex-voto se trouvaient à l’origine dans le Temple d’Eshmoun.

11 d’entre elles y ont ainsi été retrouvées.

Tout comme à Byblos où ont été retrouvées de nombreux ex-votos en forme d’ancre, le culte d’Echmoun était cette fois-ci principalement consacré à la guérison de maladies infantiles.
Ainsi, il était d’usage d’offrir au dieu des statuettes en marbre, matériel cher importé de Grèce et où figurent les noms d’enfants dont les parents recherchaient la guérison.

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Parmi les autres découvertes sur les lieux, un sarcophage anthropoïde en Amphibolite noire qui retrouve aujourd’hui au Musée du Louvres. Il s’agirait de celui de son premier constructeur, le roi Echmounazar II, où se situent de nombreuses inscriptions.

Pour s’y rendre

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