Tu vis tellement dans l’absurde que tu ne sais plus d’où viennent les coups. On a bien essayé de te vendre le retour des touristes syriens avant que ta voisine, la Syrie, devienne le premier pays au monde à refuser des réfugiés. Pourtant, il te fallait un tout petit peu de jugeote pour savoir qu’avec leur fameuse loi numéro 10, il ne fallait pas trop compter sur eux pour reprendre les enfants prodiges. Mais, comme dirait l’autre, “live, love et soit positif” : on en a presque naturalisé autant qu’on en a renvoyé, ce qui, pratiquement, veut dire qu’on n’a qu’à faire rentrer la moitié chez eux et on n’en aura plus aucun chez nous.

Un tour de bocal et le poisson rouge libanais a complètement oublié que le réfugié syrien était responsable de tous les maux: l’électricité, la pollution, la crise d’ordures, la fraude fiscale, le record du monde de corruption au gouvernement carré, la fraude douanière, l’écologie massacrée, les complexes-champignons qui te font sentir que tu es à la montagne lorsque tu longes le bord de mer, et j’en oublie.

Maintenant, ton gentil zaïm a tourné la page et est passé à autre chose: le redressement de l’économie grâce au rapport McKinsey. Si tu aimes Molière et Louis de Funès, tu seras comblé. Tu as mille pages pour rire aux larmes. En deux mots, nous allons redresser l’économie en vendant des avocats, du cannabis et en ramenant beaucoup de touristes regarder nos montages d’ordures et nos montagnes ravagées par les carrières. La bande à ton zaïm va ratifier le document lorsque l’ancien gouvernement sera passé par la photocopieuse pour en créer un nouveau. Le Liban est aujourd’hui, grâce aux efforts de ton zaïm pour te rendre bête et heureux, le troisième pays le plus endetté aux monde. Les paris sont ouverts pour voir dans quelle direction le nouveau gouvernement va le mener. Pour te donner un indice, les onze milliards de CEDRE, ne vont sûrement pas dans le sens de la réduction de la dette.

En attendant le redressement et après avoir sauvagement combattu la double facturation de l’électricité et les générateurs de quartier, promis le 24 sur 24, et payé les générateurs flottants turques plus de billets verts que s’ils avaient produit de l’or par alchimie, tes zaïms ont décidé de réduire tes dépenses en légalisant la production des générateurs et en te facturant à la consommation. Comme le dit le proverbe, “le zaïm est dans les détails”: à partir de Novembre, les différents ministères pourront taxer les générateurs qui devront s’être enregistrés au ministère de l’économie, et ajuster leurs tarifs au nouveau prix de l’essence qui a augmenté de plus de 30% au Liban (seulement) depuis l’élection de tes députés. Je te promets que ça va te faire mal lorsque Jean-du-moteur va t’expliquer que tes deux lampes et ton frigo dépensent autant d’électricité que le château de Versailles. Mais, te connaissant, tu as déjà l’excuse qu’il faut pour expliquer que ce n’est pas la faute à ton zaïm et que c’est pour mon bien.

Oui, plus triste encore quand tu écoutes et croit nos ministres te raconter combien il est beau le Liban, alors qu’il se payent des salaires qui font trente fois le SMIG et passent leurs vacances entre les Seychelles et Courchevel. Rien à voir avec le pauvre bipède qui va bientôt se torcher le derrière avec du papier-verre vu le prix du papier cul et la pénurie d’eau saisonnière.

Plus triste encore lorsque, syndromé stockholmien ou dissoné cognitivement, tu veux te convaincre que tu as fait le bon choix en votant pour tes bourreaux qui ravagent ce qui reste de ton pays comme si demain n’existait plus.

Oui, dommage quand même que nos zaïms aient vidé la caisse de leurs ministères jusqu’au fond, parce qu’après Leban-off et leban-on, une campagne leba-not aurait sûrement fait son effet.

Un commentaire?